Les Maliens sont à Alger depuis mardi pour discuter de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé le 15 mai à Bamako sans une partie de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Les consultations engagées par la médiation internationale à Alger autour de la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali se déroulent dans un climat de tension et de violences armées dans le nord du Mali. Malgré l’optimisme affiché par l’ensemble des acteurs de cette crise politico-armée, la réalité du terrain offre l’image d’un processus de paix en panne et menacé par un retour à la case départ : la guerre.
Vendredi, un élu local a été assassiné à Tombouctou, selon l’AFP, citant des sources locales. “Mohamedou el-Maouloud Ag Mohamedoun, élu communal de la région de Tombouctou, a été assassiné, vendredi, par des hommes armés sur un site de déplacés”, a affirmé à l'AFP une source sécuritaire malienne contactée par l'AFP depuis Bamako par téléphone.
Les membres de la famille de la victime ont confirmé cette information. “Les assassins sont venus en voiture. Ils ont tiré sur mon oncle. Tout le monde a fui. Nous vivons vraiment dans l'insécurité la plus totale. Les populations se déplacent, se sauvent à cause de l'insécurité”, a affirmé la même source, citée par l’AFP. Cet acte est loin d’être un cas isolé, même si aucune partie n’a revendiqué l’assassinat de cet élu local. Les assassinats ciblés sont commis régulièrement dans le nord du Mali, souvent en raison du refus des victimes de se ranger du côté des mouvements politico-armés, a indiqué une source proche des groupes pro-Bamako, sous le couvert de l’anonymat.
Mais ce genre de violences est souvent attribué aux groupes terroristes islamistes, notamment au Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), très actif du côté de la région de Tombouctou, en dépit du déploiement, dès 2013, des soldats français de l’opération Barkhane (ex-Serval). Outre ces assassinats de personnalités politiques et tribales, les violences armées continuent d’opposer les mouvements de la CMA au Groupe d’autodéfense des Touareg de l’Imghad et alliés (Gatia).
Alors que leurs leaders politiques sont tous à Alger pour les consultations auxquelles la médiation internationale a appelé, les mouvements du Nord sont engagés dans une spirale de violence dont on ignore toujours l’issue. Et ce ne sont pas les déclarations rassurantes des dirigeants de la CMA, faites à l’APS, qui peuvent apaiser les tensions actuelles dans les villes du nord du Mali. Car la CMA n’a
toujours pas signé l’accord de Bamako et ne compte pas céder sur ses principales revendications.
Des revendications que la médiation internationale et le gouvernement malien refusent d’intégrer dans le texte final de l’accord qui a sanctionné le processus de discussion de paix, dans le cadre du dialogue inclusif intermalien qui avait été ouvert à Alger en juillet 2014. Aussi, sans la signature de la CMA, il ne sera pas possible d’évoquer une quelconque mise en œuvre de cet accord de Bamako.
D’où la nécessité d’amener cette Coordination à apposer sa signature dans les meilleurs délais afin de passer à l’étape suivante de ce processus.