De Moussa Traoré, AOK à ATT et IBK : «Si tu vois le lâche, attends-toi à voir son double, et qui est son double ? La trahison !» Quand on trahit un ami, on devient un "Judas", mais quand on trahi son peuple, on devient mercenaire, charlatan, flibustier.
La chose la plus rebutante est la confiance du peuple, elle s'arrête là où commence la trahison et fait place à la déception. L’ennui avec nos hommes politiques, c'est qu'on croit faire leur caricature, alors que l’on fait leur portrait c’est pour cela que nous sommes d’accord d’avec Massa Makan Diabaté quad il dit ceci : «Si tu vois le lâche, attends-toi à voir son double, et qui est son double ? La trahison !».
La politique, plus ça change, plus c'est la même chose, pourrait-on dire à tous les incrédules qui se crèvent les yeux à supporter les mêmes gens qui depuis plus de quarante ans racontent les mêmes rapines.
La première des trahisons contre notre peuple a commencé en politique de notre ère sous Moussa Traoré. Il freina le régime le plus progressiste le seul régime qui a fait la plus grande réforme de l’éducation jamais égalée en Afrique française ou francophone, Moussa Traoré a brisé l’espoir d’un peuple qui allait être différent de ce que nous connaissons aujourd’hui car un proverbe songhaï dit «Celui qui veut déjeuner avec du poulet doit attacher son coq depuis la nuit» ; et les souches du pouvoir de Modibo étaient parties sur des égides progressistes claires dont le détournement de deniers publics était quasi inexistant, des termes comme au pays des voleurs c‘est le festival des brigands pour dissuader les suceurs de sang de notre parcimonie, je pense que les gens qui savent mieux sur Modibo doivent dire tout le bien que notre génération ne sait pas afin de briser la faction de silence entretenue et exécutée par les analphabètes pour en fin avoir des repères, dans un pays où le repère est une denrée rare, surtout à l’approche de son centenaire, du centenaire de Modibo Kéita, le 04 (quatre) juin 2015, je suis d’accord d’avec Fidel Castro quand il disait de Modibo «El es un hombre cuyo la elegancia fisica es similar a su elegancia inetellectual y moral» autrement dit «C’est un homme dont l’élégance physique est similaire à l’élégance intellectuelle et morale». Tellement nos démocrates sincères et clandestins ont déçu les gens, on a tendance, notre génération et celle qui s’adosse à nous ont tendance à oublier que le régime de Moussa a torturé, fusillé, embastillé, volé, enlevé, menti, injecté du poison pour que des cadres comme Kary Dembélé «professeur chevronné de Sociologie» soit clochardisé et dépendre de l’alcool pour en fin mourir à petit feu dans un misérabilisme abyssal.
Dans le livre de Samba Gainé Sangaré intitulé: Dix ans de bagne au mouroir de Taoudénit. Ce livre est une véritable œuvre cinématographique, avec des acteurs réels et des moments réels, dans un style sans reproche aucun qui démontre toute l’atrocité du régime dont certains continue à faire l’éloge. Prenons le chapitre, la mort du capitaine Yoro Diakité que nous allons raconter littéralement. «A ces débuts à Taoudénit, Yoro avait connu des déboires multiples.»
Militaires et détenus lui reprochaient d’être le principal signataire du décret d’ouverture du pénitencier. Il était le chef du gouvernement provisoire au lendemain du coup d’Etat de novembre 1968.Il faut dire qu’à son arrivée, Yoro Diakité était complètement déboussolé. Etait-ce dû à la nature délicate du poète ou était-ce que Yoro Diakité connaissait d’avance ce qui l’attendait au pénitencier ? Il a eu ses premières difficultés sur la route de la gorgotte.
N’étant pas bon marcheur il était fréquemment fouetté aux mollets qui finirent pas s’enfler, compromettant davantage ses capacités de marcher vite…Un après-midi nous étions en train de construire un magasin dans le carré des détenus, côté cuisine. Comme d’habitude, Guédiouma Samaké et moi-même (Sangaré Gainé) étions les maçons. Les autres détenus nous apportaient briques et banco. Du haut du mirador l’adjudant Nouha criait à ses hommes de chauffer le chantier. Il leur disait notamment de chauffer les trainards sur la tête.Yoro Diakité fit quelques voyages en courant, comme les autres, à l’aller comme au retour. Cette fois, après avoir vidé son plateau de banco, il nous dit qu’il était malade. C’était effectivement perceptible. Ne pouvant rien pour lui, nous lui conseillâmes de le dire au caporal Diallo qui surveillait la corvée. Il le fit, mais le caporal le traita de paresseux et le fit cravacher. Yoro Diakité repris son plateau et fit encore quelques voyages.
Au troisième et au quatrième, il dit encore que ça n’allait pas, nous le renvoyâmes au même caporal qui le fit cravacher à nouveau, mais cette fois, les soldats avaient eu la main lourde et Yoro resta couché, inconscient, le nez dans le sable, respirant la poussière. Les militaires l’abandonnèrent dans cette position sans rien faire pour le sauver. L’adjudant Nouha qui avait tout suivi du haut du mirador demandait de temps à autre à ses hommes si monsieur Diakité n’était pas encore mort. Un soldat venait soulever sa tête avec son pied et répondait, non ! Ce manège se répétait deux à trois fois.
Et un autre soldat de constater : «Fla nin ka fassa dè (le Peulh a la vie tenace)». Le problème de l’adjudant était de signaler à ses supérieurs, à la plus prochaine vacation, le dossier de Yoro Diakité. Aussi consultait-il constamment sa montre, se demandant si Yoro allait mourir entre temps ! Mais il avait raison, celui qui avait dit que le Peulh avait la vie tenace. Yoro Diakité ne mourût pas dans le délai souhaité.
Enfin de corvée au crépuscule, il agonisait encore. Il fut transporté, mourant dans une pièce sans toit remplie de sable qui n’arrêtait pas de tourbillonner. C’est là que nous retrouvâmes, le lendemain matin ensevelit sous une épaisse couche de sable fin. Il était mort, asphyxié par la poussière. Nous le déterrâmes, le secouâmes et fîmes sa toilette mortuaire. Il eut droit à un banal cérémonial religieux et fut enterré le plus humblement possible dans ce cimetière pour prisonnier, parmi les voleurs, les escrocs et autres criminels. On peut difficilement imaginer une fin plus triste pour un chef de gouvernement fut-il provisoire. C’est de cette façon que plusieurs compatriotes, des parents, des frères, des oncles, des grands-pères (Sénoufos, Bambara, Sonrhaïs, Touareg, Peulh, Kassonkés, Soninkés…) ont crevé dans l’anonymat total. Voilà résumé le régime du grand Républicain reconnu par IBK.
Moussa Traoré a vaincu son peuple momentanément et l’a assujetti par la force des armes, le massacre et la trahison. Pour qu’il n y ait plus de doute, la génération actuelle doit savoir que Moussa a canardé plus de trois cents vieilles personnes, femmes, fous, et surtout de jeunes étudiants et jeunes sans emplois, tout le monde le sait, notre démocratie même trahie, notre démocratie même banalisée est arrachée sous la pluie du sang, du sang des martyrs lâchés, infirmés, méprisés et dérobés par la «republicanité» de Moussa Traoré, nous ne l’inventons pas, nous n’inventons rien, nous l’avons vu, nous l’avons vécu.
On fait parfois des efforts considérables pour souffrir d'une trahison et l'on y parvient mais l'homme qui veut vivre sans soupçon doit bien garder de faire la trahison et Moussa a trahi le Mali et les maliens, en tuant des maliens en tuant les maliens, on peut Pardonner aux malfaiteurs, mais on ne doit jamais «oublié leurs noms» on ne peut pas, on ne doit pas oublier le nom de Moussa, pas pour ce qu’il fera mais pour ce qu’il avait fait. (A suivre) !
Ousmane Mohamed TOURE, Président de la NJA