Vice-doyen de la Faculté de droit public (FDPRI), Pr. Kissima Gakou, explique ci-dessus les raisons du mutisme de l’ancien chef de l’Etat, Alpha Oumar Konaré, depuis le déclenchement de la crise sociopolitique en 2012, parce que, dit-il, le premier président démocratiquement élu du Mali a horreur de trois choses : l’imposture, les faux-fuyants et la médiocrité. Extraits.
« Cela vaut un livre, mais en deux mots, le président AOK est à la fois un grand visionnaire – patriotisme chevillé au corps – et un panafricaniste convaincu. Au service des qualités ci-dessus, il y a du pragmatisme, un potentiel capacitaire inédit et une ligne de conduite axée sur des valeurs, elles-mêmes gravées dans le marbre. Pour qui connaît Alpha, c’est un truisme, de dire que l’homme est capable d’aller sur la lune si nécessaire, avec la stratégie qu’il faut, pour résoudre les problèmes de son pays. Mais il a une horreur viscérale de 3 choses : l’imposture les faux-fuyants et la médiocrité.
En effet, Alpha Oumar Konaré, grand bosseur devant l’Eternel, est aussi un homme de méthode, d’organisation et de conviction qui considère que si la grandeur d’un homme ne peut résider que dans l’humilité, celle d’un homme d’Etat, en revanche, est en fonction de sa détermination à doter son pays de ses institutions fortes et viables. Un tel système de valeurs – vous en conviendrez – est aux antipodes d’une certaine fanfaronnade et autres effets de manches qui sont légion sous nos tropiques.
En bref, le mutisme du président AOK peut revêtir plusieurs significations dans le contexte actuel.
En tant qu’ancien président démocratiquement élu, il y a comme une espèce de pudeur intelligente à éviter tout ce qui, directement ou indirectement, peut être perçu comme une interférence. C’est comme le disait Valery Giscard d’Estaing, un ancien président français : « … Dans les moments de grande confusion, il faut s’abstenir de tout acte qui peut s’interpréter dans un sens ou l’autre ».
Alpha Oumar Konaré en vrai homme d’Etat connaît bien cette réalité qu’il s’applique à la lettre. En outre, le président Konaré, on le sait aussi, est un homme psychologiquement équilibré vivant sans aucun complexe la plénitude de son existence. Donc nulle part en lui n’existe un quelconque besoin d’affiche comme cela devient hélas un sport favori sur chez certains de nos célèbres contemporains.
Pourquoi veut-on qu’AOK puisse perdre son temps à donner un coup de pousse à un « Sisyphe né » vibrionnant au sommet de son triomphe, un triomphe sans gloire rendu possible non pas par une tendance lourde de la société malienne, mais par une fallacieuse conjoncture de bric à broc assortie d’un sordide mélange des genres dénués de toute valeur élévatrice ?
Comme chacun peut le voir, emmuré dans une psychologie maladive d’infaillibilité, le fabuleux prince du jour n’entend plus hélas que les échos de sa propre voix. Le Mali entier en souffre, exceptée la cellule familiale longtemps rodée à cette forme originale de communication.
Le président AOK connait bien et s’en tient strictement aux standards internationaux de la démocratie. A ce titre, n’importe quel démocrate avéré peut compter sur lui sans condition et sans forfanterie. Au nom du système des valeurs et des institutions, AOK est prêt à donner sans réserve tout son soutien, mais à l’inverse, il ne cautionnera jamais des simulacres ou tout simplement des questions tournant autour de quelques individus déterminés à prospérer sur les ruines de leur peuple tombé dans le plus vaste traquenard de son histoire ».
Pr. Kissima Gakou