Le titre est de la chanson d’un ‘’clasheur’’ de la nouvelle génération des rappeurs maliens, mais le contexte est d’actualité.
‘’Doussou Kassi’’ qui peut être interprété dans la langue de Molière comme l’amertume est ce qui fend le cœur de tous les Maliens aujourd’hui, et pour plusieurs raisons.
Actualité oblige, l’échec de notre compatriote BBS, la semaine dernière, dans la course pour la présidence de la Banque Africaine de Développement en fait partie. La déduction est simple : dans tous les médias, cette élection sonnait comme une compétition entre les pays, des fois, entre les communautés sous régionales. Et la personnalité des candidats était reléguée au second plan. Considéré comme tel, il n’est pas exagéré de dire que nous avons encore mordu de la poussière sur le plan continental. En toute sportivité, cela n’est pas fatal, car on dit que tomber n’est pas grave, mais le plus difficile est de savoir se relever pour tenir la route. Même sur ce plan, on peut dire qu’on a manqué un peu de fair-play vis-à-vis d’un pays frère, le Tchad. A qui, nous avons eu l’occasion enchantée de rendre la monnaie pour sa grande participation à la guerre contre les terroristes sur notre territoire. Néanmoins, c’est dangereux de transporter les choses sur ce terrain. Surtout que s’il y’a un pays qui a besoin d’une moindre victoire aujourd’hui, c’est bien le Mali.
L’autre chagrin qui pince le cœur de nos concitoyens est bien le cinéma infini des protagonistes de la CMA. En effet, rien, ni personne ne peut justifier la tenue d’un autre round de pourparlers à Alger. Même pour la signature de l’accord par les frères égarés (qui n’est pas encore le cas), il est bien que cela soit fait à Bamako. Faut-il se réjouir de la déclaration du ministre des Affaires Etrangères, qui a affirmé qu’il s’agissait d’une rencontre de routine avec le chef de la médiation sur les modalités d’application de l’accord. Dans tous les cas, le temps est venu de mettre en valeur la capitale de la République du Mali, Bamako, pour tout autre processus d’après signature du 15 Mai dernier. Un évènement qui doit rester comme le seul arbre planté, et le premier fruit peut être la signature du document par les rebelles de la CMA.
Que dire de la récente attaque meurtrière contre le personnel de la Minusma?
C’est avec les cœurs encore attristés que les Maliens et leurs hautes autorités ont appris le décès d’un casque bleu Bangladais sur la route de l’Aéroport. Même si, avec peine, il a été fait savoir que des « éléments de la Minusma » ont nuitamment retiré les balles du corps de la victime, jusqu’à la morgue. A cet effet, le diable est dans les détails du coté de la Minusma.
En somme, les évènements, révélations et situations attristant se sont tellement enchevêtrés ces derniers temps dans le cœur des Maliens, qu’on ne pourra tous les citer. Le seul remède trouvé jusqu’à présent reste l’optimisme au regard des actions posées ou en cours par nos dirigeants. Mais aussi, faire confiance à la République. Comme disait quelqu’un : « Maudire une République qui vous reçoit, qui vous instruit, qui vous assiste et qui vous soigne, ce n’est pas de la légitime défense, c’est le comble de l’ingratitude ». Sans quoi, si l’on devait quantifier le niveau de chagrin des Maliens, cela donne du « Doussou-Kassi » à la puissance dix (10).
Moustapha Diawara