Jamais dans l’histoire du Mali, le nom d’un chef de l’Etat n’a été associé à des activités maffieuses. Jamais, un dirigeant malien n’a été cité dans des scandales propres au banditisme international. Pour toutes ces raisons, l’affaire Michel Tomi, qui refait surface suite aux révélations de Mediapart, est gênante pour le président Ibrahim Boubacar Keïta. Au-delà, elle ternit sérieusement l’image du Mali.
Le fait, peu courant dans les annales politiques, est suffisamment grave pour être dénoncé, surtout dans le contexte d’un Mali qui vient de loin.
L’on peut comprendre (pas cautionner) que IBK ait entretenu, par le passé, des relations cordiales, voire fraternelles avec Tomi qu’il présente comme son « ami et frère ». Mais, dès que Ibrahim Boubacar Keïta a été porté à la tête de l’Etat (en septembre 2013), il devrait illico presto mettre fin à ses relations avec cet homme (un bon client pour la justice française) peu fréquentable et qui est sous surveillance judiciaire en France à cause d’un chapelet d’infractions : blanchiment aggravé en bande organisée, abus de bien sociaux, faux en écriture privée, corruption d’agent étranger…D’où sa mise en examen, assortie d’une série de mesures dont sa mise sur écoute. Dès lors, pourquoi IBK a-t-il continué à entretenir des rapports avec le Corse? Comment un tel personnage a-t-il pu être l’intermédiaire dans l’achat de l’avion présidentiel ? Et ces largesses du parrain au profit de son ami IBK? Autant de questions qui sont posées et qui alimentent les colonnes des journaux en France et à travers le monde. Quel gâchis !
Pour l’honneur de la République et pour le sien propre, IBK doit rompre avec le langage de bois qui semble être sa seule ligne de conduite (de défense ?) depuis la révélation de ce scandale par le journal Le Monde, dans sa parution du 28 mars 2014. Depuis plus d’un an, le chef de l’Etat est traîné dans la boue. Mais, force est de reconnaitre que IBK a été incapable de briser la chaîne de cette (désormais) encombrante amitié avec le Corse.
Aujourd’hui, même si son entourage est enclin (beaucoup plus pour des raisons évidentes de calculs d’intérêts personnels) à s’obstiner dans le déni, le président IBK est encore loin de convaincre de son innocence dans cette sulfureuse affaire aux conséquences désastreuses pour l’image de la République…
Au vu du tapage médiatique qui entoure cette affaire Michel Tomi à travers le monde, au vu de la mauvaise publicité autour du chef de l’Etat, on pourrait presque dire que IBK n’a pas le choix. Il doit apporter la preuve qu’aucune relation d’affaire ne l’a jamais lié à cet homme, qui, en réalité, a déjà souillé la République.
CH. Sylla