Coalition du peuple pour l’Azawad : L’hymne à l’unité et la paix

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Publié le mercredi 3 juin 2015 | L’Informateur

© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)

Aux sifflements des balles la CPA a finalement opposé le calumet de paix. Un choix éclairé dont son secrétaire général Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun a expliqué avec brio lors de la cérémonie de signature de l’accord à Bamako. Son viatique : « le dialogue, les liens sociaux, la fraternité, le partage pour transcender les questions les plus délicates au prix de l’entente, du vivre ensemble de l’unité et de la cohésion sociale »

En ces instants solennels et émouvants, il s’est dépensé à convaincre avec beaucoup d’humilité ses frères et sœurs « de recevoir et d’accepter, d’écouter et d’entendre, de comprendre et de décider, de discerner le bien du mal, simplement parce que trop de chemin parcourus, trop de solutions envisagées, mais hélas toujours les souffrances s’accumulent et la confiance s’amincit au point qu’elle se perd. » D’autant le désespoir se lit sur les visages.

On a trop compté sur Bamako pour sortir les régions du nord du mal développement, en perdant de vue que les autres ne sont pas sortis de l’ornière. N’a-t-on pas vu des centaines de bras valides de la région de Kayes venues s’échouer dans la méditerranée à la quête d’un mieux vivre ? Pourtant elle est de loin la plus contributrice des recettes de l’Etat. Mais est-on plus courageux de l’autre côté à risquer sa vie autrement que par le maniement des armes ? A vrai dire l’apport extraordinaire des filles et des fils ont épargné la région de Kayes de recourir à la lutte armée comme moyen de revendications. Ici, on se refuse de s’enfermer dans le constat de la mal gouvernance pour démissionner de l’obligation de descendre au charbon.

On ne peut en dire autant du secrétaire général de la Coalition du peuple de l’Azawad qui rappelait à ses frères et sœurs touareg ceci : « 54 années durant vous n’avez pas cessez de rappeler et de renouveler votre besoin pressant de vivre dans la dignité, le respect et la paix, sans occulter d’ailleurs que l’ensemble des maliens de Kayes à Kidal a sérieusement souffert de la mauvaise gouvernance, de l’injustice, de la corruption, principales causes du sous développement et cela vous l’avez démontré à Alger .»

Mais à trop regarder dans le rétroviseur, on se casse le nez. Dès lors, on comprend que l’heure n’est plus à la polémique stérile mais au réalisme : « l’accord qui vient de nous être proposé dans le contexte actuelle et que nous avons eu l’honneur de signer au nom de la CPA et à votre nom à tous et au nom de la paix, à mon humble avis, s’il n’est pas un bon accord, il constitue à mon avis une bonne base pour une paix globale et définitive que j’espère le plus tôt possible pour le bonheur de tous les maliens. . . l’accord qui a été proposé par la médiation internationale à Alger 5 apporte une valeur ajoutée assez importante à tous les accords antérieurs concernant ce conflit, sans compter le dispositif de suivi, de garanties et de sanctions qui sont prévus dans l’accord sous conduite de la médiation internationale, des conseils de sécurité des nations unies et de l’union africaine. »

Un chef est fait pour prendre des décisions, même celles sensées être les plus difficiles. Là-dessus sa confession : « je conviens avec vous qu’il est difficile de prendre des décisions, c’est pourquoi je vous invite et j’engage ceux et celles d’entre vous qui m’écoutent à prendre le risque pour la paix, à comprendre ce texte d’accord, à vous l’approprier en faisant confiance d’abord à vos leaders et puis en la communauté internationale et en renouvelant confiance et fraternité à vos frères du Nord qui ne partagent pas avec vous certains point de vues comme ceux du Sud et cela de bonne foi pour bâtir un nouveau Mali, dans lequel les populations de l’Azawad se retrouveront dans toutes leurs diversités socio culturels comme toutes les autres populations du Mandé, du Kénédougou, du Wassulou, du Khasso, du Songhoi, de Koukia…etc et donc du Mali tout court . »

Il ya un temps pour tout : un temps pour faire la guerre et un temps pour faire la paix. Heureusement la CPA l’a compris. Du moins à en juger par son adresse. « Chers frères, nous devons choisir maintenant entre la guerre et la paix, je choisis pour nous la paix, je ne vois pas d’autre choix meilleur que la paix, parce que s’il faut faire la guerre, qui allons nous combattre ? Le monde entier ? Nos frères ? Les autres ennemis envahisseurs fabriqués par ce même monde pour nous écraser comme ils l’ont fait à d’autres peuples avant nous pour atteindre ses objectifs lorsque notre intelligence pour favoriser une coopération gagnant/gagnant à échouer.

Chers leaders, le seul combat qui vaille aujourd’hui est celui de l’intelligence, celui de l’esprit et non celui du cœur et de la passion, c’est pourquoi au noms des enfants, des femmes et des hommes en tant que leaders vous devez prendre la décision qui s’impose pour sauver notre peuple et avec lui tout le Mali, cette patrie à laquelle nous appartenons tous et avancer sur le chemin tracer par nos ainés parce que l’enfant ne voit pas ce qui se passe à l’autre rive, la femme n’a pas traversé la forêt pour se rendre compte des fauves à l’intérieur, et tous les hommes n’étaient pas avec vous dans les espaces et les rendez- vous à travers le monde et où le monde entier se concerte, complote, crée des alliances, dégage des stratégies et des plans, en tant que leaders et responsables,

Vous ,vous étiez là, vous avez tout vu et entendu, vous avez tout compris ; la somme de tout cela chers leaders et responsables devra vous permettre de prendre la meilleure et la bonne décision pour nous et pour les générations futures .

C’est-à-dire le MALI nouveau, celui des blancs et des noirs, celui de l’Ouest ; du Nord, du Sud et de l’Est, celui de Kayes à Kidal, le Mali arc en ciel de toutes les diversités socio culturelles ; enfin voila le Mali que je vous choisis pour vous chers frères et sœurs, chers compatriotes. » Pourvu que les actes suivent les mots. Et de boucler son adresse par cette jolie citation du défunt président des Etats-Unis d’Amérique John Kennedy à retenir par cœur et par poumon: »L’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité. »

Yattara Ibrahim