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« Nul n’est et ne sera au dessus de la loi », disait le président Ibrahim Boubacar Keïta. Excepté nos Honorables députés, immunité parlementaire oblige.
Publié le mercredi 3 juin 2015  |  L’Informateur
Questions
© aBamako.com par A S
Questions orales à l`Assemblée Nationale du Mali
Bamako, le 4 Décembre 2014, des questions orales ont eu lieu à l`Assemblée Nation du Mali




Ouf, je suis devenu député, je suis devenu intouchable, je suis devenu un demi dieu. N’est-ce pas le cri de joie que nos chers Honorables poussent intérieurement une fois élus députés? Nous sommes tentés de le croire.

Beaucoup de nos « demi dieux » ont été menacés un moment de la levée de leur immunité parlementaire pour être entendus par la justice. Mais aucune de ces actions judiciaires n’est arrivée à terme. La raison est simple : refus de l’Assemblée Nationale de lever leur immunité parlementaire. Un moment c’était le secrétaire général du parti SADI, Oumar Mariko, qui devrait être entendu suite à des mouvements estudiantins où il aurait eu la mort d’un étudiant au moins. Il y a aussi l’affaire de l’Honorable Bourama Tidiane Traoré qui aurait frappé le juge de Ouelléssebougou, ce qui lui a valu un séjour dans les locaux de la gendarmerie. Le cas le plus croustillant a été celui de l’Honorable Mamadou Hawa Gassama. Ce dernier était sous le coup de trois plaintes dont deux relatives à des spéculations foncières et une sur agression physiquesur madame Maro Coulibaly. Seraient-ils au dessus de la loi ? S’ils n’ont rien à se reprocher, pourquoi ne se mettent-ils pas à la disposition de la justice quitte à revenir dans l’hémicycle une fois leur culpabilité non établie ? Sentant son tour proche, l’Honorable Gassama s’est précipité en prenant fait et cause pour son collègue et disant que ce qui est arrivé au député Bourama Tidiane Traoré peut arriver à n’importe qui d’entre eux. Après la libération de ce dernier, ses collègues lui ont renvoyé l’ascenseur en lui faisant bénéficier de la solidarité parlementaire en rejetant à l’unanimité la résolution de la levée de son immunité parlementaire. Tout cela au grand damne de la justice malienne qui n’a plus que ses yeux pour pleurer. Selon le syndicat autonome de la magistrature, « l’Assemblée nationale a excédé ses pouvoirs pour se retrouver gaillardement sur le terrain propre du pouvoir judiciaire, en se confondant dans des motivations incongrues ».

Dans tous les cas le refus de lever l’immunité parlementaire d’un député n’annule pas la procédure en cours. Il n’y a qu’une suspension des poursuites et le jour où le député ne sera plus « un demi dieu », la foudre de la justice lui tombera dessus de façon implacable.

Comment les députés peuvent-ils se substituer à la justice en disant que selon leurs propres investigations les faits reprochés à leurs collègues en cause n’étaient pas fondés. Où mieux encore qu’il n’y a plus de poursuites pénales à l’encontre de leurs collègues car la partie plaignante a retiré sa plainte. Sont-ils juges ou députés ? En glissant sur le terrain judiciaire, il y a manifestement une violation du principe de la séparation des pouvoirs. Que la cour suprême prennent ses responsabilités.

Ce sont pourtant les députés qui votent les lois, alors c’est vraiment dommage qu’ils se cachent sous le manteau de l’immunité parlementaire pour fuir cette même loi pour laquelle ils sont payés par le contribuable pour la voter. Que celui qui a la conscience tranquille se mette à la disposition de la loi quitte à revenir après avec tous les honneurs à l’Assemblée une fois blanchi de tout soupçon. C’est dire qu’un député, notaire de son état par exemple, peut s’adonner à des falsifications de documents fonciers et se camoufler derrière son immunité parlementaire pour échapper à la justice. Vraiment il y a de quoi rendre coléreux. Vous ne serez pas éternellement députés. Et pendant ce temps, le procureur Daniel Tessougué n’a que ses yeux pour pleurer. Dans tous les cas la justice divine est là, implacable. Tôt ou tard elle vous rattrapera.

Séran SACKO
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