Alors qu’on croyait franchir l’étape la plus difficile, avec la signature à Bamako, le 15 Mai 2015 de l’accord de paix et de réconciliation, survint le vendredi 05 juin, comme une pluie dans un ciel d’été, la signature d’un autre accord « patricide » qui portera à jamais le sceau de la énième erreur diplomatique d’IBK. Le gouvernement vient encore une fois de céder aux injonctions de la communauté internationale en troquant les honneurs de la République aux caprices et à l’orgueil des enfants gâtés du Mali que sont les membres de la CMA par la signature de l’accord de retrait du GATIA de Ménaka.
La diplomatie Malienne, par cet acte, a manqué de fermeté et violer l’une des dix règles d’or d’une médiation réussie selon Me. Alioune Blondin Bèye. IBK serait-il en train de payer ses quatre vérités à la communauté internationale ? Les Imgads, les arabes et leurs alliés Peulhs, Sonrhaïs et Dogons accepteront-ils d’abandonner la terre de leurs ancêtres au profit de la CMA des Ifoghas ? S’ils sont réellement prêts à signer le 20 juin le document qu’ils ont paraphé à Alger, pourquoi demander le retrait du GATIA alors que le document prévoit le déploiement progressif de l’armée sur toute l’étendue du territoire malien ? Voici une série de questions que la majorité de maliens se pose.
La cérémonie de signature de l’Accord de paix de Bamako le 15 Mai 2015 avait donné l’espoir à un peuple meurtri par plusieurs années de rébellion. Cette signature qui semblait sceller l’unité et la cohésion entre toutes les filles et tous les fils du Mali, est loin de sonner le glas des velléités sécessionnistes des frères égarés de la République. Soutenue par la communauté internationale, la CMA, puisse que c’est d’elle qu’il s’agit, en perte de vitesse tant sur le plan militaire que politique, passe aujourd’hui par une diplomatie active pour reprendre le terrain qu’elle avait perdu. Et cela au détriment de l’Etat Malien dont la diplomatie manque de fermeté et de zèle patriotique. Pourquoi le Mali devrait-il accepter le retrait du GATIA de Ménaka?
Cet accord de retrait du GATIA de Ménaka cache mal les intentions malveillantes de la CMA. Et si cet accord venait à être opérationnel, il donnera un double avantage à la coordination des Mouvements de l’Azawad. Elle aura non seulement soldé son compte avec son ennemi juré qui est le GATIA, qui l’a chassé comme un mal propre à coups de canon, mais aussi lavé l’affront d’orgueil qu’on lui a fait subir lors de la bataille de Ménaka. In extenso, le jubilé du porte-parole de la CMA, l’apatride Moussa Ag Acharatoumane sur les ondes d’une Radio internationale : « Le plus important pour nous c’est que les éléments qui sont venus de l’extérieur puissent retourner à leur position, souligne-t-il. Ça, c’est un acquis dans ce document-là. Et que les militaires maliens aussi retournent dans leur caserne, c’est aussi un acquis. Pour nous, c’est quelque chose pour le moment et temporairement qui est acceptable ».
Certains observateurs nous diront naïvement que la CMA ne sera pas à Ménaka, mais, la MINUSMA. Officiellement oui, mais qui est dupe, la MINUSMA et toute la communauté internationale ont toujours volé au secours de la CMA au nom d’une mauvaise interprétation du droit des minorités. Tout porte à croire que la CMA viendra parader dans la ville de Ménaka et commettre des exactions à l’encontre de ceux qu’ils qualifieront à tort d’être des collabos de leurs ennemis. La MINUSMA et la Communauté internationale endosseront la lourde responsabilité de complicité d’assassinats des populations innocentes de Ménaka qui avait manifesté populairement contre le MNLA.
Le GATIA et l’Armée malienne ne devront jamais accepter d’abandonner leurs positions à Ménaka s’ils n’ont pas la garantie que la sécurité des personnes et de leurs biens sera bien assurée par la MINUSMA. Connaissant bien les membres de la CMA et surtout de leur étroite proximité avec la MINUSMA, le GATIA acceptera difficilement d’abandonner Ménaka qu’il considère être la terre de ses ancêtres. Voici ce qu’a dit l’un des leaders du GATIA, Fahad Ag Almahmoud sur les antennes d’une radio internationale : « la médiation ne devrait pas se concentrer sur Ménaka.
« Les populations de Ménaka ne se plaignent pas, par contre toutes les populations de la région de Tombouctou sont meurtries et déplacées,….. C’est de ces populations que la médiation doit s’occuper, que la médiation doit s’inquiéter. » L’exemple de ce manque de confiance est la signature en catimini entre la CMA et la MINUSMA d’un accord de zone tempo à Tabankort sans les autorités Maliennes encore moins les autres groupes armés.
En définitive, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que la crise au nord du Mali ressemble à la caverne d’Ali Baba qui n’a malheureusement pas fini de livrer tous ses secrets. Et le Mali a signant cet Accord commet une grave erreur d’appréciation diplomatique en violant ce qu’un grand diplomate malien avait nommé alors dans « les dix règles d’or » de sa médiation réussie en Angola de stratégie de verrouillage. Il s’agit d’une stratégie de non-retour qui consiste à ne pas revenir sur un point acquis même s’il apparait au fil des pourparlers qu’un autre compromis pouvait être plus bénéfique.
En négociation, on ne revient pas sur une question bouclée. Et la question de Ménaka semblait bouclée dès lors que la ville était occupée par le Gatia avant même la signature de l’Accord de paix de Bamako. L’avantage de cette fermeté était d’éviter que la situation nouvelle causée par le retour de la CMA à Ménaka ne remette en cause tout l’Accord. A la médiation internationale d’être ferme pour que les préalables et autres acquis ne fassent pas l’objet d’autres révision tels que les points que tous les maliens considèrent aujourd’hui comme acquis à la suite de l’Accord : le déploiement progressif de l’Armée sur tout le territoire, le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion des groupes armés (DDR).
Puisse DIEU épargner au Mali, le dessein machiavélique de ce qui a été voulu et nourri au Soudan par la création de deux Etats, à savoir le Soudan et le Sud Soudan.
Youssouf Sissoko