Ils étaient des centaines d'hommes et de femmes, jeunes et vieux, à prendre d'assaut la cour de la Bourse du Travail la semaine dernière. Pendant trois jours, les portes - voix de dizaines de milliers de citoyens, expropriés de leurs lopins de terres, ont crié leur colère.
Vendredi matin, ils se proposaient de marcher pour alerter et l’opinion publique et les autorités.
La marche fut interdite. Mais, ils reçurent sur leur site, » Village des Sans Terre’’, un soutien de marque, en la personne du Dr Oumar Mariko. Sans détour, l’enfant de Kolondièba cracha ses quatre vérités.
Le visiteur du jour a été accueilli dans la liesse populaire. Des femmes, vendeuses d’articles au marché de Djicoroni, versèrent des larmes à la vue du Dr Mariko. » Vous êtes un enfant béni « , lançaient-elles. » Que Dieu vous donne longue vie pour que vous nous aidiez, » enchaînaient d’autres. Elu national, député à l’Assemblée Nationale, leader du parti SADI, le Dr Oumar Mariko fit le tour des gigantesques tribunes formant le village. Serrant les mains des uns et des autres, il ne s’empêchait pas de s’arrêter pour échanger ça et là.
Mais, pourquoi la présence du Dr Mariko sur les lieux ?
Réponse : « Je suis un fondateur de ce rassemblement. Mon implication dans ce genre de rassemblement remonte, pour le court terme, en 2003 – 2004 lorsqu’il y a eu les problèmes de l’Office du Niger où 4.800 paysans ont été évincés de leurs terres. Dès lors, une politique a été mise en place au Mali qu’il faut combattre.
Il y a une nouvelle bourgeoisie rentière d’Etat qui a été constituée, qui a liquidé des sociétés et des entreprises publiques, qui a amassé de l’argent par la spéculation et une sorte de fraude, même par les rançons d’otages, et qui aujourd’hui a besoin d’investir son capital. Pour investir son capital, elle n’a trouvé mieux que d’aller prendre des terres qui sont devenues des enjeux extrêmement importants pour pouvoir maintenir ces rentiers d’Etat et développer une certaine bourgeoisie agricole complètement extravertie « , a t – il confié à la presse.
Faut – il rappeler que c’est la Convergence Malienne contre les Accaparements des Terres (CMAT) qui avait initié le village des Sans Terre « . Elle regroupe plusieurs associations de déguerpis, spoliés,… Avant le vendredi dernier, ils avaient organisé des meetings, des séances de prières, entre autres. A chaque fois, ils interpellaient les autorités du pays. C’est ainsi que le Président Ibrahim Boubacar Keïta et son Ministre Mohamed Aly Bathily ont été invités par les villageois à honorer leurs promesses. Sur leurs banderoles et cartes, on pouvait lire : » Le bon droit, la bonne justice, l’égalité pour tous et partout « , » Des années sans maison, sans terre, ça suffit » » Urbains, ruraux péris, tous contre l’injustice foncière, » etc.
La CMAT avait dix doléances à soumettre aux autorités. Face au mutisme du chef de Gouvernement, sinon à son refus, la CMAT entendait donc marcher vendredi dernier. Elle fut empêchée par les forces de sécurité.
Sur ce sujet, le Dr Mariko ne cacha pas sa colère et dira : « L’attitude de la police pour empêcher cette marche est une bêtise. Je pense que le régime doit faire extrêmement attention. Il y a des saboteurs qui pensent que le changement signifie la répression du peuple.
Et tant qu’il y aura des Sada Samaké et des Kansaye dans la sécurité du Mali, ils vont faire croire à IBK que la seule réponse à donner aux populations était la répression. Or, cette réponse qu’il ;s donnent en terme de répression, c’est pour mettre le régime en difficultés…
B. Koné