Le « naman » est une organisation secrète occulte qui relève de la quintessence du savoir et de l’intelligence séculaires des Bamanan vivant dans la savane au Sud du Sahara. Le totem du « naman », c’est la trahison. Aussi, pour goûter la sauce de la viande de la cérémonie inaugurale « naman soh », il faut plusieurs personnes, au moins deux.
En milieu bamanan, le « naman soh » est un événement festif auquel les femmes, les enfants et les non initiés ne participent pas. Le « naman » est de deux sortes : le « tièkélé naman» et le « naman » commun à tout le village. C’est un fétiche pour qui on immole des chèvres et des poulets à la veille de chaque hivernage pour qu’il assume pleinement le rôle pour lequel il a été pris ou confectionné. Généralement, le « naman » est pris ou confectionné par les notables (autochtones) d’un village pour lutter contre les sorciers, protéger les populations contre les affres des sorciers et au mieux, contre la « trahison » dans le domaine de l’adultère, empêchant ainsi les uns de courtiser les femmes des autres. De la même manière, un seul habitant du village peut s’approprier le « naman » : dans ce cas, on l’appelle « tièkélé naman» pour protéger seulement sa famille ou sa tribu toujours contre les mauvais sorts des sorciers surtout contre la trahison, l’adultère et la relation sexuelle avec les femmes d’autrui.
En général, les fétiches ont un rôle pédagogique d’éducation et de moralisation au sein de la société. C’est pourquoi tous les fétiches peuvent lutter contre toutes sortes de mauvaises pratiques. Certes, le « naman protège les populations contre les sorciers et la sorcellerie, mais le « naman » a horreur de la trahison : « a té dianfa fè ». Dans la pratique, ceux qui sont prétendants pour garder le « naman » veulent s’assurer de la protection contre deux choses : la sorcellerie et la trahison. Aussi, un possesseur de « naman » ne doit présenter aucun doute sur leur probité, sa bonne moralité et surtout, sa conduite exemplaire dans la société. Sinon, il risque de se voir « pris », c’est-à-dire d’être victime de sa propre « chose ».
Certes, les fétiches sont mauvais lorsqu’ils tuent, mais bons, voire même nécessaire lorsqu’ils protègent les populations et prémunissent la société contre les mauvaises mœurs. Pendant longtemps, le fétichisme avait été l’apanage des sociétés primitives qui étaient bien crédules, mais croyaient en Dieu à travers des fétiches qu’elles adoraient. Même dans les rituels incantatoires, le féticheur invoque le nom de Dieu sur sa « chose » au moment de la requinquer : « ka bassi sonh ».Abdoulaye Faman Coulibaly