Conformément à son calendrier, la session ordinaire de la Cour d’assisses siégeant à Bamako examine actuellement les versions des faits sur l’affaire dite Fonds mondial géré sous le régime déchu par le département de la Santé. Impliqués pour atteinte aux biens publics, les inculpés présents, dont l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, et ses compagnons connaitront leur sort le mardi 11 décembre prochain.
Dans aucun pays sérieux, on ne peut élaborer des textes administratifs et judiciaires et ne pas les appliquer au moment opportun. La lutte contre la corruption, la malversation et la dilapidation des derniers publics par les plus hautes autorités maliennes, mérite des sanctions exemplaires de leurs auteurs. Et cette affaire du Fonds mondial doit être élucidée de fond en comble. Mais comment le pot aux roses avait-il été découvert ? Courant 2009, un contrôle effectué par le ministère de la Santé avait permis de découvrir que le Comptable dudit Fonds, Ichiaka Diallo (âgé de 65 ans) avait procédé à des retraits sur les comptes bancaires de ce département par falsification de chèques. Ayant reconnu les faits, il avait été inculpé d’atteinte aux biens publics et placé immédiatement sous mandat de dépôt.
Au cours de la procédure, des faits nouveaux résultant des rapports établis par le contrôle général des services publics et le bureau d’inspection du Fonds mondial avaient révélé que ledit Comptable n’était pas le seul dans ces malversations, mais que le Directeur administratif et financier (DAF) du département de la Santé dont, Ousmane Diarra, le Directeur national de la Santé, Toumani Sidibé, la Coordinatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT), Mme Alima Naco, son Adjoint, le comptable du PNLT, d es opérateurs économiques de la place et d’autres agents du PNLT avaient également participé à l’affaire en confectionnant plusieurs faux documents, notamment de fausses factures de frais d’hôtel au Mali et l’étranger, des assurances, des animations culturelles, des achats de carburant, etc. Donc, le procès a d’emblée commencé par le cas d’Ichiaka Diallo, ex-Comptable du Fonds mondial.
Devant une salle pleine à craquer et une brochette d’avocats de la défense, l’intéressé a reconnu les faits qui lui sont reprochés, mais a déclaré avoir agi seul car il détenait les chèques de l’opération financière. Ainsi, sur 28 chèques ayant fait l’objet de retrait d’argent, il a reconnu avoir agi seul et de façon malhonnête, malgré le contrôle de l’agent spécial du Fonds mondial, pour un montant de plus de 121 millions de FCFA. Le juge cherchait à savoir comment les 18 autres chèques se sont volatilisés sans laisser de traces. Interpellé, le Régisseur central, Doulaye Coulibaly, déclare que trois chèques étaient destinés aux salaires et indemnités du personnel : donc on se retrouve avec 15 chèques disparus, au lieu de 18. Aussi, le Régisseur argue qu’il n’est pas complice de la malversation d’Ichiaka Diallo, malgré leurs relations professionnelles. On a pu entendre l’intervention de l’ancien ministre Oumar Ibrahim Touré. Mais en tout état de cause, la Cour d’assises statuera sur le sort des inculpés la semaine prochaine.