La Coordination des Mouvements de Azawad, CMA, vient d’avoir gain de cause à Alger. La ville de Ménaka sera retirée des mains des Maliens et placée sous tutelle de l’ONU. Le sort de Kidal est occulté. Les conditions du redéploiement de l’armée » reconstituée » ont été redéfinies. Satisfaction donc de Bilal Ag Achérif, principal négociateur de la CMA, en ces termes : « La Coordination signera l’accord de paix le 20 juin prochain « . D’après la médiation algérienne, cela aura lieu à Bamako. Les masques tombent.
Faut – il rappeler que la capitale malienne, Bamako, avait abrité un évènement fastueux relatif à la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. De nombreux chefs d’Etat avaient fait le déplacement à l’occasion. Pour le Chef de l’Etat malien, M. Ibrahim Boubacar Keïta, ce fut un grand honneur. Le 15 mai dernier, en effet, le Gouvernement malien et divers groupes armés avaient signé un document produit par la médiation. Maîtres de Kidal, semant la terreur à Gao, Tombouctou et ailleurs, les éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) n’avaient pas répondu présents.
Ils venaient d’essuyer un revers cinglant quelques jours auparavant. Car, ils avaient été chassés de la ville de Ménaka par les éléments du Gatia et du MAA, des groupes d’autodéfense. Les jours suivants, la CMA multiplia les attaques sur presque tous les fronts. Des combats acharnés eurent lieu autour de Ménaka, faisant plusieurs morts et blessés. Allait – elle finalement reprendre le dessus ? Et l’armée malienne dans tout ça ?
Reculade des Autorités Maliennes
L’on se rappelle que lors de la signature du document du 15 mai dernier, tout le monde disait que les négociations étaient désormais terminées. Des membres de la délégation malienne, en premier lieu son chef de ministre, aux diplomates étrangers (algériens et onusiens), tous ont fait croire que l’on avancerait vers la paix, que le document serait mis en application.
Mais, les observateurs avertis étaient loin d’être dupes. Quelques ballets diplomatiques des médiateurs ont simplement convaincu les autorités maliennes de retourner à Alger.
Même là, la CMA s’était fait désirer. Elle argua des problèmes logistiques pour justifier son absence, un moment, à Alger.
Des pressions ont aussi été exercées sur les signataires du document du 15 mai pour qu’ils retournent à Alger.
Ce qui devait arriver, arriva. Après des jours de conciliabules, des annonces sont faites. Apparemment très satisfait des moissons, le principal négociateur de la CMA, Bilal Ag Achérif, déclarait le jeudi 4 mai : » La Coordination signera l’accord de paix le 20 juin prochain « . Et Alger s’empressa d’entonner : » Ce sera fait à Bamako « . De coup, Bamako jubile. Mais, que s’est – il alors décidé à Alger pour que la CMA accepte de signer l’accord ?
Parait – il que les questions qui tenaient à cœur à la CMA ont trouvé solutions. Un texte soumis aux parties indique, en effet, que la ville de Ménaka serait débarrassée de tous les groupes armés. Autrement dit, les éléments du Gatia et du MAA devront vider les lieux. Coup de poignard, la ville sera placée sous le contrôle de la MINUSMA, la force onusienne. Une tutelle en fait. C’était l’une des exigences des rebelles de la CMA.
Leur seconde préoccupation a, semble t – il, été réglée. Il s’agit du redéploiement de l’armée » reconstituée » dans le nord du pays.
Ironiquement, le représentant de la MINUSMA, Mongi Handi, dira : » Nous entrons désormais dans la phase la plus difficile et cette phase, c’est celle de la mise en œuvre de l’accord « . A sa suite, l’ancien ministre burkinabé des Affaires Etrangères, Djibril Bassolé, ajouta : » La communauté internationale a aujourd’hui les moyens de faire respecter l’accord de paix. »
Les masques sont une fois encore tombés à Alger. A la lumière de ce qui a été annoncé par la médiation, l’on peut déduire, sans risque de se tromper, que les négociateurs maliens n’avaient pas été à la hauteur.
Par exemple, lorsqu’il a été question de faire évacuer la ville de Ménaka, pour quoi n’a t – on pas exigé que l’Armée malienne y soit convenablement redéployée ?
Nous ne sommes pas de ceux qui croient aux forces des milices, elles ont toujours des cartes à jouer. Nous pensons qu’il est de bon droit qu’un Etat assume ses fonctions régaliennes.
La défense du territoire national, de la souveraineté et la sécurité des personnes et de leurs biens, reviennent toujours aux forces de l’ordre (armée, Police, Gendarmerie,…). Dans le cas de Ménaka, que le Gatia et le MAA soient out, mais l’Armée malienne n’y serait pas présente.
En 2013, le peuple malien a placé toute sa confiance aux hommes et femmes qui le dirigent aujourd’hui. Dans leurs hautes fonctions, ils sont des Institutions. A ce titre, ils ont le droit et surtout l’impérieux devoir de garantir l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale, la sécurité des personnes et de leurs biens.
Pour ce faire, ils doivent se donner les moyens et donner les moyens appropriés aux forces de l’ordre pour exercer leurs missions. C’est à ce prix que notre pays, le Mali, retrouvera son honneur. Tout le reste n’est que de la poudre aux yeux.
A Alger, récemment, le sort de Kidal a été occulté.
Pourquoi la médiation n’a pas exigé que la CMA évacue la ville ? Voyant que les négociateurs maliens étaient fébriles, ils baissent les pantalons à toutes occasions, Alger et ses pontes leur demandent de vider Ménaka. Si cela se faisait, la partition du Mali serait consommée.
Koné