Après moult reports et bien des péripéties, l’accord pour la paix et la réconciliation au Nord-Mali devrait enfin être signé le 20 juin prochain à Bamako. La rébellion à dominante touareg s’est engagée à le parapher après avoir signé plusieurs documents préparatoires vendredi 5 juin. Des documents violemment critiqués par la presse malienne ce lundi 8 juin.
« La Coordination des Mouvements de Azawad, la CMA, vient d’avoir gain de cause à Alger », s’exclame Le Malien. Les questions qui tenaient à cœur à la CMA ont trouvé solution. L’un des textes soumis aux parties indique, en effet, que la ville de Ménaka sera débarrassée de tous les groupes armés. Autrement dit, les éléments du Gatia et du MAA, groupes armés proches des autorités maliennes, devront vider les lieux. Coup de poignard, la ville sera placée sous le contrôle de la Minusma, la force onusienne. Une tutelle en fait. C’était l’une des exigences des rebelles de la CMA. »
Et Le Malien de s’interroger : « pourquoi n’a-t-on pas exigé que l’armée malienne soit convenablement redéployée à Ménaka ? […] Les masques sont une fois encore tombés à Alger. A la lumière de ce qui a été annoncé par la médiation, l’on peut déduire, sans risque de se tromper, que les négociateurs maliens n’ont pas été à la hauteur. »
Capitulation ?
« Début d’une crise annoncée », soupire pour sa part L’Indicateur du Renouveau. « Les dernières consultations à Alger ont mis à mal la relation gouvernement/Plateforme des mouvements d’auto-défense dont des leaders ne cachent pas leur déception, pointe le journal, suite à la décision des autorités de parapher les deux documents proposés par la médiation, notamment celui relatif à leur retrait de la ville de Ménaka, reprise à la Coordination des mouvements de l’Azawad en avril dernier. Au Gatia, certains parlent d’une “trahison” qui n’augure rien de bon pour le futur surtout que la communauté internationale ne semble leur accorder aucune importance quand on voit qu’elle a presque ignoré leur refus de signer les documents controversés. »
L’Aube, autre journal malien, lève encore le ton : « La capitulation ! », s’insurge-t-il. « Le gouvernement malien est faible, très faible, et même trop faible. Preuve ultime : à l’étonnement général, il vient de capituler face à la pression de la CMA en apposant sa signature, vendredi, au bas de deux documents qui réécrivent l’accord d’Alger du 15 mai. […] Une fois de plus, le pouvoir en place et ses satellites viennent de tromper le peuple malien, en cautionnant de façon formelle et infaillible, la partition du Mali et la dislocation de son unicité. »
« Et Kidal dans tout ce jeu de dupes ? », se demande pour sa part Le Prétoire. En effet, précise-t-il, « on met la pression sur les autorités maliennes pour le cas de la ville de Ménaka. Mais que dit la communauté internationale sur le cas de Kidal où les rebelles de la coordination des mouvements de l’Azawad ont établi leur quartier général ? » Là, en effet, aucune évacuation des groupes armés n’est prévu…
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