Les rebelles de la CMA viennent, manifestement, d’obtenir par la trahison des autorités maliennes elles-mêmes, ce qu’ils ont perdu à la guerre face au GATIA et aux FAMA. Et il y a pire !
De l’avis de la Plateforme, «la solution à l’arrangement sécuritaire à Ménaka passe nécessairement par la consultation des populations et la globalisation de tous les cas de figures». Et elle (la Plateforme) l’a fait savoir à toutes les parties prenantes lors de la réunion du 20 mai 2015 à Bamako.
«La globalisation de tous les cas de figure» fait manifestement allusion à Kidal. Comme pour dire que la décision de retrait des localités occupées doit s’appliquer à tous les groupes armés. Autrement dit, la CMA aussi doit se retirer de Kidal.
Auparavant, la Plateforme avait posé d’autres conditions en prélude à son retrait de Ménaka : «Que la Médiation Internationale d’adhère à l’Organisation d’une mission sur Ménaka, composée de la médiation élargie, de la Plateforme, des autorités traditionnelles (chefferie traditionnelle) de Ménaka, de la Collectivité locale de Ménaka (Maire), les députés, en vue de parvenir à une solution heureuse. Ce qui, au sortir de la salle de réunion, semblait acquis» (lire déclaration).
Mais aucune de ses propositions n’a visiblement été prise en compte. Et c’est seulement celles de la CMA qui ont force de loi avec la bienveillance de la MINUSMA et, hélas la complicité de l’Etat malien lequel, selon toute évidence, vient de se rendre coupable d’une haute trahison.
Arrangements sécuritaires - objectif : rendre Ménaka
C’est le 05 juin dernier que le Mali, à travers son Ministre des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, M. Abdoulaye DIOP et le représentant de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidatt ont signé deux documents très contestables. Ils sont littéralement appelés : «Relevés de conclusions des consultations préparatoires à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali issu du processus d’Alger» et « Arrangement sécuritaire pour la cessation des hostilités». Il s’agit, indubitablement d’un Accord d’Alger-bis.
Les deux documents font état, entre autres, du «retrait de la localité de Ménaka, des éléments armés de la plateforme et leur retour à leurs positions initiales, la protection des populations civiles à Menaka et sur toute l’étendue du territoire du Mali par la MINUSMA, la nécessité d’un traitement politique pour la problématique de l’Azawad; la représentation des populations du Nord dans les institutions et grands services, corps et administration de la République; la création des régions de Ménaka et Taoudéni; l’insertion prioritaire et majoritaire des combattants de la CMA et des autres mouvements politico-militaires au sein des Forces de défense et de sécurité reconstituées et déployées au Nord; le conseil consultatif interrégional pour la stratégie de développement des régions du Nord; la garantie de l’application de l’accord par la médiation»...
Il y a plus grave : la Plateforme, selon l’esprit de « l’Arrangement» en question est sommé de quitter Ménaka dans les 72 heures pendant que l’Armée malienne sera cantonnée et la CMA, confortablement installée à une vingtaine de kilomètres de la même localité (Ménaka). Et l’Etat malien a osé signer un tel document !
La haute trahison
Selon le document, la protection des populations civiles à Ménaka et sur toute l’étendue du territoire du Mali sera désormais assurée par la MINUSMA. Il ne fallait plus que cela. Alors, puisqu’on y est, pourquoi ne pas démobiliser nos sapeurs-pompiers, policiers, gendarmes, Gardes, militaires ? C’est bien de cela qu’il s’agit dans la mesure où la MINUSMA hérite désormais de leurs services et prérogatives. Il faudra être dénué de tout sens de la responsabilité pour en arriver là. Au-delà de la violation flagrante de notre loi fondamentale, cet Accord-bis s’avère une autre humiliation pour le peuple malien. Aucun autre chef d’Etat n’a autant franchi le Rubicon. Le régime d’IBK l’a fait et l’histoire retiendra.
Qu’en pensent les maliens ? Cette question n’a manifestement pas effloré un seul instant, le signataire de cet accord et ses commanditaires. Quel mépris !
Ceux de la Plateforme eux, y ont bien pensé en proposant à la médiation ainsi qu’aux autres parties prenantes l’Organisation d’une mission sur Ménaka, composée de la médiation élargie, de la Plateforme, des autorités traditionnelles (chefferie traditionnelle) de Ménaka, de la Collectivité locale de Ménaka (Maire), les députés, en vue de parvenir à une solution heureuse. Mais non seulement la médiation s’abstint de visiter cette solution, pour le moins pertinente, mais elle s’appliqua à tordre la main à un Etat malien décidément trop faible, en vue de lâcher son principal allié, à savoir la Plateforme. Et pis, son ministre des Affaires étrangères, le sieur Abdoulaye Diop, se substitue au GATIA pour signer le fameux «dérangement». Tout se passe désormais comme si l’Etat malien venait là d’abandonner son plus sûr allié et flirter avec le pire ennemi de celui-ci. Une autre trahison qui ne dit pas son nom.
Et que dire aux membres de la CMA qui, à leurs risques et périls, se sont démarqués des leurs pour signer les documents, le 15 Mai dernier à Bamako ? Faut-il le rappeler ? Par crainte de représailles de la part de l’aile dure de leur mouvement, ils sont tous restés à Bamako où leurs familles les ont rejoints…
Nous sommes manifestement dans le cas d’une haute trahison aussi bien dans le contexte liturgique que juridique du terme. Et l’histoire retiendra.
B.S. Diarra