Procéder à une purge et détecter les agents fictifs de la Fonction publique malienne qui gonflent la masse salariale et qui ruinent les caisses de l’Etat. Telle était l’ambition du gouvernement en organisant, en octobre, novembre et décembre 2014, l’opération «contrôle physique des agents de l’Etat». Une opération qui concernait les fonctionnaires civils, militaires, les contractuels de l’Etat et ainsi que les fonctionnaires des collectivités territoriales. Mais aujourd’hui, les autorités en charge de la question peinent à produire un rapport.
Le ministre du Travail, de la Fonction publique, chargé des relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla, et les membres de son cabinet seraient-ils des incompétents ? C’est la question qui taraude de nos jours les esprits de nombre de nos concitoyens. Ceux-ci -du moins ceux qui se disent honnêtes- avaient accueilli cette opération «contrôle physique des agents de l’Etat» dans une liesse populaire, car il s’agissait non seulement de mettre fin au retard et à l’absentéisme chronique qui ont cours dans nos services étatiques, mais aussi et surtout de déceler les fonctionnaires fantômes qui émargent au budget de l’Etat.
Rappelons que le contrôle physique des agents de l’Etat s’inscrit en droite ligne dans un besoin permanent de maîtrise du flux des travailleurs en activité en République du Mali. L’intérêt d’un tel contrôle est on ne peut plus inestimable. Et pour cause, s’il est bien fait, il a l’avantage pour l’Etat de s’assurer que ceux qui prennent les salaires sont en activité effective. Cela est une exigence dans un pays comme le nôtre où des morts continuent à toucher leur salaire de fonctionnaire et cela, des années durant sans que l’Etat n’en sache rien. Ces manœuvres, qui sont monnaie courante au Mali, sont l’œuvre d’agents véreux, sans scrupule aucun. Cette pratique peu recommandable fait partie des divers pans de détournements de deniers publics.
En outre, le contrôle physique permet au moins d’avoir des informations régulières sur les situations de familles des agents. Cela est d’autant important que dans certains cas, des agents en complicité avec des responsables véreux établissent des actes de naissance fictifs pour des enfants fictifs en vue de bénéficier des allocations de ces derniers. En tout cas, au Mali, tout est possible parce que tous les vices s’y sont installés comme des normes, des modes de vie. Aussi, par le contrôle physique, il est possible de savoir que les agents sont effectivement à leur poste d’affection et non ailleurs. Nul doute donc que le contrôle physique est absolument indispensable à la bonne marche de la fonction publique (de l’Etat et des collectivités).
Si l’édition 2003 a été un succès, tel n’est pas le cas de celle de 2014 qui a eu lieu dans un désordre inexplicable. Toute chose qui fait dire à certains qu’elle a été organisée par des néophytes. Par exemple, aucune programmation n’a été faite ou portée à la connaissance des agents devant se soumettre au contrôle. Ceux-ci se sont passé l’information de bouche à oreille, par téléphone ou par affichage de dernière minute dans certains établissements. Une véritable cacophonie qui a fini par agacer les agents !
C’est en raison de cette situation chaotique, qu’après six mois du déroulement dudit contrôle, le ministre du Travail, de la Fonction publique, chargé des relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla, ne parvient pas à produire un rapport digne de ce nom. Cela se comprend aisément surtout quand on sait que rien de bon, de potable ne peut sortir d’un travail bâclé et issu d’un cafouillage monstre. À moins qu’elle ne tente de couper, coller et raccommoder ! Là encore, il faut avoir une certaine lucidité pour ne pas présenter un torchon à la place d’un rapport en bonne et due forme. D’aucuns susurrent qu’elle ne fait que du pilotage à vue dans son Département.
En tout cas, Mme le ministre Diarra Raky Talla doit se faire sienne cette assertion de Dwight David Eisenhower : «Les plans ne sont rien, c’est la planification qui compte». Espérons qu’elle nous démontrera le contraire en présentant au peuple malien son rapport dans un bref délai.
Bruno E. LOMA