Le Mali était censé avoir le meilleur candidat à l’élection du président de la Banque africaine de développement (Bad), mais c’est à l’arrivée que le Nigeria, en pleine élection présidentielle et en transition compliquée, a fait aboutir sa candidature, à notre détriment. Le Nigérian Akinwuni A. Adesina a été préféré au candidat du Mali, Birama Sidibé, éliminé dès le troisième tour. Depuis les citoyens maliens s’interrogent sur la pertinence des nombreux voyages de leur président qui est parti hors du pays presque chaque semaine.
C’est peu dire que le président du Mali aime le voyage. Le voyage est certes inhérent à la vie d’un président d’un pays pauvre et en état de guerre civile. Seulement, un voyage présidentiel qui n’apporte rien à la nation, fait office de tourisme. Et de tourisme, notre cher président en raffole. Il a effectué, si on en croit à la comptabilité des journaux sur la question, depuis le 4 septembre 2013 à ce jour, environ 65 voyages à l’extérieur du Mali.
C’est vrai qu’il ne s’est pas sérieusement rendu à l’intérieur du pays et que des paysans du Mali profond prononcent encore le nom d’ATT en parlant de lui. Mais, les voyages ne semblent aucunement faire de retombées ni sur la situation financière, ni sur les conditions de vie des Maliens de l’extérieur, encore moins sur la remobilisation ou la redynamisation de notre diplomatie qui, depuis le coup d’Etat de 2012, manque encore de crédibilité internationale. Chacun sait que la crédibilité internationale d’un Etat ne s’entretient que quand elle s’appuie sur de bonnes pratiques nationales. C’est la chose qui fait le plus défaut à notre cher Mali en ce moment.
Les Etats ont une mémoire d’éléphant, ils n’oublient rien. Les administrations par vague de générations les entretiennent. Ainsi, le manquement d’un Etat à ses engagements, une trahison d’Etat et autres incongruités se paient toujours à l’occasion pour l’Etat coupable de présenter un des ses fils au choix de la communauté internationale. Depuis trois ans, le Mali en fait les frais. Voilà comment nous avons raté le Haut commissariat de l’Omvs (Makan Tounkara); la Direction régionale de l’Oms (Dr. Fatoumata Nafo); le Secrétariat général de la Francophonie (Pr. Dioncounda Traoré); la présidence de la Bad (Birama Sidibé).
Toutes les candidatures aux institutions internationales présentées et soutenues par notre gouvernement depuis la transition se soldent par un échec. Il y a comme une véritable série noire. À part le candidat du Mali au Haut commissariat de l’Omvs battu au regard du dossier de son concurrent, tous les autres avaient du répondant personnel dans leur domaine professionnel. Les causes de nos échecs cuisants sont à chercher à ailleurs que dans le profil des candidats. Elles sont d’abord dans nos relations avec nos voisins immédiats ; avec notre communauté économique d’ancrage, en l’occurrence la Cédéao et ensuite, notre rayonnement à l’Union africaine.
Enfin, tout ceci est complété par l’aura, la personnalité et la crédibilité que le premier des Maliens dégage dans le cercle de ses homologues africains. Le gouvernement qui ne peut faire aboutir une candidature est un gouvernement au commerce international marginal et subordonné aux intérêts des autres Etats. On n’émerge pas dans la communauté internationale ni par l’arrogance, le mépris ou la trahison de ses engagements vis-à-vis de ceux qui ont aidé au moment crucial.
S.K