Du 25 mai au 5 juin 2015, il y a eu des négociations à Alger, pour permettre la prise en compte des doléances de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et lui trouver un moyen de signer l’accord pour la paix et la réconciliation. À l’issue de ces nouvelles négociations, «la Cma a eu ce qu’elle voulait, c’est un bon arrangement», a laissé entendre un rebelle qui était à Alger.
Les nouvelles négociations d’Alger ont permis d’avoir deux documents. Le premier porte sur l’arrangement sécuritaire qui a été signé par le gouvernement malien, la Cma et la médiation. Le second document, une synthèse de la rencontre, n’a pas été signé encore moins présenté au public. Tous ces deux documents n’ont rien à voir avec l’accord lui-même. L’aveugle Diop, pardon Abdoulaye Diop, a voulu noyer le poisson dans l’eau.
En effet, alors que le document en question a été signé par le ministre malien des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, par le représentant de la Cma, un certain Sidi Brahim Ould Sidatt, et la médiation, seule la plate-forme n’a pas signé. Parce que cet arrangement devrait entrer en vigueur les 72 heures qui suivent sa signature. C'est-à-dire le retrait de la localité de Ménaka des éléments armés de la plate-forme et leur retour à leurs positions initiales.
L’arrangement dit aussi que la protection des civils à Ménaka et sur toute l’étendue du territoire du Mali reviendra à la Minusma, et paraît-il, conformément à la résolution 2164 du Conseil de sécurité de l’Onu. La question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi cet arrangement est fait uniquement pour Ménaka et non pas pour Kidal occupée par des groupes armés illégaux, ou encore Ber. Et dire que c’est le ministre Diop qui a signé pour engager la plate-forme de retirer ses éléments armés de Ménaka, sans un seul représentant de cette plate-forme, cela mérite des explications de la part des autorités maliennes.
Au-delà de cette incohérence grave qui fait que le ministre Diop signe en lieu et place de la plate-forme, pour faire plaisir à la Cma qui a pourtant été défaite militairement et à plusieurs reprises par la plate-forme à Ménaka et environs, le ministre Diop vient mentir solennellement sur l’Ortm, dans le journal télévisé d’Awoye Touré du vendredi 5 juin 2015 à 20 heures, heure de Bamako. En effet, il prétend que cet «arrangement» est «temporaire», alors que le document qu’il a signé à Alger ne fait mention d’aucune limitation dans le temps. Au contraire, il soutient le fait que la sécurité de la population sur «toute l’étendue du territoire du Mali» soit confiée à la Minusma. Pour qui connaît comment fonctionne cette Minusma depuis 2013 au Mali, qui n’hésite pas à tirer à balles réelles sur les populations noires de Gao, parce qu’elles ont signifié leur désaccord avec le général colonialiste français Thibault, qui a eu le toupet de signer avec le Mnla un accord territorial sur le Mali, sans aucun représentant du Mali.
La stratégie des rebelles
La Cma a accepté la signature de l’accord pour la paix car elle a eu ce qu’elle voulait : elle va se tenir dans un rayon de 20 km de Ménaka et sa grande rivale (la plate-forme) doit quitter cette localité. En outre, cette localité doit être transformée en région le plus rapidement possible et en ce moment, la Cma pourra l’occuper sans problème. Tout comme Taoudéni qui doit passer au statut de région. Ce qui va faire trois régions pour les rebelles, avec la complicité de la communauté internationale. Mais aussi du gouvernement malien qui est en train de tout signer, sans se référer au peuple malien. Comme s’il n’y a pas de Maliens au Mali.
Le Mali, le dindon de la farce de Koulouba, est pris en otage. Selon les conseillers occultes des rebelles, qui sont avec eux dans la médiation et dans les coulisses des différentes phases des négociations, «nous allons progressivement vers la création de l'Etat de l'Azawad». Ils le disent dans le dos des membres de la délégation malienne. Ces conseillers, qui n’ont aucune capacité de discussion à ce niveau, sont à l’image de la diplomatie du Mali toujours incapable. Leur plan, c’est d’aller doucement, sous-couvert de régionalisation, de fédéralisme, puis la création de «l'Etat de l’Azawad».
«Le Mali ne pourra pas appliquer l'accord ; d'où la reprise des hostilités et l'Onu va retirer le dossier à Alger. Les berbères de l'Algérie vont réclamer aussi leur Etat et ils vont utiliser les narco-terroristes pour déstabiliser l'Algérie, puis la Mauritanie. Ils vont finir par le Tchad et le Niger». C’est un peu le scénario des terroristes de la Cma qui sont au service de la communauté internationale. Ils sont manipulés, ils vont partout, sans qu’aucune porte ne leur soit fermée. Comme nous sommes les maillons faibles, que Dieu sauve le Mali ! La Cma ne fait qu'exécuter les ordres de leurs maîtres. Imaginez, RFI a annoncé la signature de l’accord par la Cma bien avant que ça ne soit dit par les responsables des leaders à Alger», s’indigne un de nos compatriotes.
Maintenant que le travail est fini, la délégation de la Cma sera à Bamako pour la signature, le samedi 20 juin 2015. Et il est probable qu’Alghabass Ag Intalla signe l’accord, même si Bilal Ag Achérif sera à Bamako. Dans leur stratégie, ils considèrent Moussa Ag Assarid comme étant dans la dissidence créée par Khoumeidy Ag, le grand-frère de Moussa Ag Achartmane, tout comme Nina Walet et Ibrahim Ag Assaleh. «Au fait, c’est un plan ; ils sont tous d'accord pour que la Cma signe l’accord pour la paix et la réconciliation», nous dit un membre de la délégation de la Cma à Alger.
Les combattants, selon la même source, vont continuer à se battre ; ils seront divisés en deux. Les attaques continueront sous un nouveau nom : le Mpla. «Les combattants seront divisés en deux mais tout le monde doit être cantonné. Parmi les narco-terroristes, certains seront avec Iyad, mais ceux qui vont refuser, seront comiquement combattus», poursuit notre source. Iyad est avec le Mpla et tant que son cas n'est pas réglé, il continuera à se battre avec les hommes qu’il a. Il doit être lâché par la France qui, à travers Barkhane, sait où il se trouve au Mali.
Selon des responsables de la Cma, c’est Alghabass qui va signer, sauf changement de dernière minute. Déjà, Bilal Ag Achérif joue à l’apaisement sur le réseau social : «#Bila_ag_acharif sur son compte #Twitter : les filles et fils de l'azawad, veillez à ce que vous marchiez vers l'objectif noble, mais il doit parfois être modifié selon les conditions routières....».
Kassim TRAORE et Sinaly KEÏTA