Il en a découlé un aboutissement en dents de scie du long et pénible processus d’Alger. Car, la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) a consenti à parapher «l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali» et refusé de le signer tant que n’auront pas été prises en compte ses réserves déclinées en quatre point points relatifs, entre autres, au statut de l’Azawad, à la représentativité de ses ressortissants dans les rouages administratifs et diplomatiques de l’Etat central ainsi que dans les mécanismes défensif et sécuritaire de cette nouvelle entité du Nord-Mali. Ce n’est pas tout. Les réserves soulevées ont trait également aux conditions de casernement et de réinsertion des combattants, à l’affectation de ressources budgétaires conséquentes à l’Azawad en tant qu’entité géographique politique et juridique, à la gestion de la période intérimaire ainsi que du mécanisme et des modalités de mise en œuvre de l’accord dans une parfaite parité entre l’Etat et la Rébellion.
C’est pour tenter de démêler l’écheveau et ouvrir une brèche au catalogue de nouvelles revendications de la Cma que les parties se sont à nouveau retrouvées à Alger où, sous l’égide de la médiation algérienne élargie aux partenaires internationaux de la question malienne, elles ont planché sur les voies et moyens de donner une réponse aux nouvelles équations ainsi posées au processus de stabilisation du Nord-Mali.
A défaut de rouvrir le document déjà signé par l’ensemble des parties (hormis les mouvements rebelles), la dernière rencontre d’Alger aura été l’occasion de faire place aux préoccupations additives de la rébellion, au détour notamment de nouveaux engagements contenus dans un document dénommé ‘’Relevé des conclusions des consultations préparatoires à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali’’. Fort des sceaux du gouvernement malien, de la Cma et de la médiation élargie, ledit document est un catalogue de clarifications sur des aspects déjà traités dans l’accord-mère. Il recèle toutefois bon nombre d’assurances données à la coordination sur le traitement du statut politique du Septentrion malien et son organisation administrative, les questions du retour des réfugiés, du casernement et de la réinsertion des combattants, ainsi que sur le développement du Nord-Mali et les proportions de représentation des ressortissants du Nord-Mali dans les institutions, les services administratifs, etc.
L’épineuse problématique de l‘Azawad trouve ainsi une réponse satisfaisante dans l’engagement de la médiation à favoriser l’ouverture de nouvelles discussions entre les parties et veiller à ce qu’une solution consensuelle soit trouvée à ses contours politiques. De même, la médiation s’engage-t-elle à diligenter la création des régions de Ménaka et Taoudénit et suspendre l’organisation de prochaines joutes électorales jusqu’à l’effectivité du retour et de la réinsertion des réfugiés.
Pour ce qui est de la question de la représentation des ressortissants du Septentrion malien dans les rouages étatiques stratégiques, la Cma s’accommode d’une poursuite des échanges sur le sujet ainsi que des engagements obtenus de la médiation à donner un réel contenu aux dispositions y afférentes dans ‘’l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali’’.
Les questions sécuritaires, quant à elles, concernent essentiellement les derniers soubresauts nés des affrontements autour de Ménaka et la représentativité des combattants au sein des forces de défense et de sécurité reconstituées.
Sur le premier aspect, promesse a été faite à la Cma d’un traitement prioritaire en conformité avec les engagements antérieurs de cessez-le-feu, tandis qu’il est prévu, dans le même «Relevé des conclusions des consultations préparatoires de la mise en œuvre de l’accord», une insertion prioritaire et majoritaire des combattants de la rébellion et autres au sein des forces de défense et de sécurité reconstituées et redéployées au Nord.
Last but not the least.
L’ultime rendez-vous d’Alger a été l’occasion pour la Cma d’obtenir des gages rassurants quant à l’application correcte de tous les engagements issus du processus d’Alger.
C’est au bout de tant de clarifications que la médiation élargie est parvenu à l’un des objectifs principaux de la rencontre : le parachèvement du processus de signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Après une longue réticence, la Cma s’est en effet engagée à signer le document le 20 Juin prochain à Bamako. La démarche devrait normale- ment consacrer la levée de l’ultime obstacle à son entrée en vigueur. Mais, il ne parait point évident que le processus se déroule selon le rythme attendu par l’opinion.
La restauration de la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire, le désarmement des combattants, entre autres, se feront sans doute longtemps attendre, au regard de la forte implication de la médiation élargie comme arbitre des réserves et préoccupations additives soulevés par les mouvements armés.
A la différence de l’accord-mère, lesdits additifs se singularisent par des engagements de la médiation envers la rébellion en lieu et place de de l’Etat du Mali. La Cma réussit ainsi à ôter toute possibilité d’appropriation de l’Accord et de la crise du Nord par les autorités maliennes et fait du coup prolonger la tutelle internationale sur le Mali. A quelles fins ?
Le processus de mise en œuvre de l’accord ne tardera pas à le révéler.
La Rédaction