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Le sud malien, nouvelle cible des islamistes armés
Publié le vendredi 12 juin 2015  |  Le Figaro
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© Autre presse par DR
Le Mujao




Les islamistes maliens ont pour la première fois attaqué un village près de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso, tuant un gendarme. Ce raid intervient alors que Bamako et les rebelles touaregs doivent signer le 20 juin un accord de paix.
Les djihadistes maliens ont sans doute voulu montrer leurs capacités. Mardi, pour la première fois, l'extrême sud du pays a été le théâtre d'une attaque, qui a fait un mort et deux blessés parmi les forces de l'ordre. Jusqu'alors, les assauts des islamistes étaient restés cantonnés au nord et au centre du Mali.
Les circonstances précises de cette attaque demeurent peu claires. Selon des sources locales, les assaillants, une vingtaine d'hommes arrivés en moto, seraient entrés dans Misseni peu avant deux heures du matin. Ils se seraient d'abord emparés de la gendarmerie de ce gros bourg d'environ 15 000 habitants situé à la frontière avec la Côte d'Ivoire, avant d'attaquer la caserne au cri d' «Allah Akbar». La dizaine de soldats qui y étaient stationnés ont vite cédé le terrain, faute de munitions. Un gendarme a été tué et deux autres blessés.
Selon l'armée malienne, les djihadistes ont ensuite monté le drapeau d'Ansar Dine un groupe salafiste armé touareg, sur la ville et brûlé trois véhicules des forces de l'ordre. Ces incendies visaient sans doute à empêcher une éventuelle poursuite alors que les miliciens islamistes se repliaient avant l'aube.
Faire capoter la signature de l'accord
Au Mali, ce raid, si loin des bases habituelles des insurgés, a surpris. «Cela ne devrait pas avoir lieu. Ce type d'action risque de se multiplier jusqu'au 20 juin, date de la signature de l'accord de paix entre Bamako et la rébellion touareg, que les djihadistes tentent de faire capoter», souligne un diplomate. Le texte vise en effet à isoler les salafistes armés du nord du Mali en les coupant des populations et de la majorité des groupes locaux.
Pour un spécialiste malien de ces mouvements islamistes, l'attaque de Misseni est sans doute à mettre au crédit des Forces de libération du Macina. Essentiellement Peul, ce petit groupe d'extrémistes a commencé à se signaler en janvier dans le centre du pays, autour de Mopti, et a déjà revendiqué deux raids. Il est dirigé par Hamadoun Koufa, un prédicateur radical de la région et prétend restaurer le califat de Macina, un empire peul du XIXe siècle. L'homme s'était fait remarquer en janvier 2013 en accueillant à Kona les troupes d'Ansar Dine du chef touareg Iyad ag Ghaly.
C'est cette même attaque sur Kona qui devait déclencher l'offensive française au Mali. Hamaoudoun Koufa est depuis de longues années un proche de Iyad ag Ghaly. «Les hommes de Koufa sont les premiers suspects car ce sont leurs méthodes et que l'on n'image pas des Touaregs préparer ce raid, ce qui demande du temps, sans se faire repérer», souligne l'expert. Ce dernier souligne que la Dawa, un groupe de prédicateurs islamistes un temps fréquenté par Iyad ag Ghaly, a été très active à Sikasso, la grande ville voisine.
Tanguy Berthemet
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