Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé aujourd’hui la troisième revue des résultats enregistrés par le Mali dans le cadre d’un programme économique appuyé par un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). La décision du Conseil d’administration, adoptée sans convocation de réunion1, ouvre la voie au décaissement d’un montant de 4 millions de DTS (environ 5,6 millions de dollars), ce qui porte le montant total des décaissements au titre de l’accord FEC à 18 millions de DTS (environ 25,3 millions de dollars).
Dans un environnement sécuritaire encore fragile, la reprise économique gagne en vigueur. En 2014, l’activité a été impulsée par un retour à la normale de la production céréalière et par une solide croissance du secteur manufacturier. Les perspectives à moyen terme se présentent sous un jour favorable grâce au regain de confiance des entreprises suite au retour des bailleurs de fonds, et à l’amélioration de la gouvernance. Cependant, les aléas climatiques, des revers dans la réconciliation nationale ou une inversion soudaine du récent repli des cours du pétrole pourraient compromettre la reprise.
Les résultats enregistrés à fin décembre 2014 dans le cadre du programme étaient contrastés, encore qu’ils se soient améliorés au premier trimestre 2015. Malgré la mise en œuvre de mesures destinées à renforcer la gestion des finances publiques durant le dernier trimestre 2014, les critères de réalisation relatifs aux recettes fiscales brutes et au financement de l’État par le secteur bancaire et les marchés financiers n’ont pas été tenus en raison de faiblesses administratives des douanes et d’un conflit avec les importateurs. Les mesures adoptées par les autorités pour accroître la fiscalité des produits pétroliers et assurer une meilleure gestion au sein de l’administration fiscalo-douanière ont permis de remettre les recettes fiscales sur la bonne voie à fin mars 2015.
Le projet de loi de finances rectificative de 2015 constitue une solution temporaire à des problèmes urgents sur le plan des dépenses, y compris la hausse des dépenses militaires et les paiements reportés d’exercices précédents. En ce qui concerne les recettes, le projet vise une augmentation des recettes fiscales de 1,8 % du PIB, grâce à un relèvement des taxes sur certains produits (pétrole, télécommunications, transactions financières, alcool et tabac) et à des réformes dans l’administration fiscalo-douanière visant à élargir l’assiette de l’impôt. Quant aux dépenses, leur composition traduit les priorités des stratégies d’accélération de la croissance et de lutte contre la pauvreté, y compris le rétablissement de la paix et de la sécurité, ainsi que le règlement des arriérés.
Il est nécessaire d’exécuter résolument les réformes pour renforcer davantage la gestion des finances publiques et d’accélérer les réformes de la politique et de l’administration fiscales pour rehausser le rendement de l’impôt. Une simplification des procédures administratives fiscales et douanières contribuera à améliorer le climat des affaires global. Il faudrait maintenant utiliser les résultats prometteurs obtenus grâce au renforcement de la coopération et du partage de l’information entre les administrations de l’impôt, des douanes et des marchés publics afin d’améliorer les contrôles fiscaux. Une maîtrise plus rigoureuse des dépenses, appuyée par une amélioration de la gestion de la trésorerie, contribuera à éviter une accumulation d’arriérés. Le règlement de l’encours des arriérés intérieurs permettra d’accompagner la reprise.
Il est essentiel d’opérer les réformes visant à améliorer le climat des affaires pour rehausser les perspectives de croissance à moyen terme du Mali. Le programme des autorités est ambitieux et cible des domaines où les déficiences sont bien établies. Il est fondamental de continuer de renforcer le système financier, d’alléger la charge administrative des contribuables, d’assainir les finances de la compagnie d’électricité et de renforcer la gouvernance pour rehausser durablement les perspectives en matière de croissance et d’emploi.
Le Conseil d’administration a approuvé l’accord au titre de la FEC en faveur du Mali le 18 décembre 2013 pour un montant de 30 millions de DTS (environ 42,2 millions de dollars ou 32 % de la quote-part) (voir communiqué de presse 13/524).
1 Le Conseil d’administration prend des décisions sans réunion lorsqu’il est convenu qu’une proposition peut être examinée sans programmer de débats formels.