Parler d'une seule voix en fustigeant les propos du secrétaire général de l'ONU et de Romano Prodi sur l'inopportunité d'une intervention militaire au nord du Mali. Tel est l'objectif du meeting en préparation des groupements politiques maliens, dont les contours seront définis ce mercredi après-midi. La classe politique malienne est très fâchée contre les récentes déclarations du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, et du représentant spécial de l'ONU pour le Sahel, l'Italien Romano Prodi. Au moment où tous les efforts de la communauté ouest-africaine, précisément de la Cédéao, de l'Union africaine ainsi que de puissances étrangères dont la France (malgré les menaces qui pèsent sur l'exécution de ses ressortissants pris en otages par les groupes islamistes) sont tournés vers une solution militaire, ces deux personnalités tentent de remettre en cause cette action qui apparaît désormais la voie la plus appropriée pour mettre hors d'état de nuire les bandits armés qui occupent le Nord du Mali.
Pour marquer son désaccord avec la perception de MM. Ki-moon et Prodi, la classe politique malienne organisera un grand meeting unitaire dans les jours à venir. C'est ainsi que deux représentants de tous les groupements des partis politiques et associations de la société civile se retrouvent aujourd'hui mercredi 5 décembre dans l'après-midi au Carrefour des jeunes pour préparer cette grande manifestation.
Selon les organisateurs du meeting, il s'agira de démontrer, par une grande mobilisation des masses, à l'opinion internationale que sur l'intégrité territoriale et la laïcité de leur pays, les Maliens n'entendent point se soumettre au diktat d'une autorité étrangère quelle qu'elle soit, encore moins à celui du secrétaire général de l'ONU et de Romani Prodi, ceux-là qui, de l'avis de présidents de partis politiques, devraient tout mettre en œuvre afin que l'ONU donne rapidement son feu vert pour un déploiement de la force internationale.
Si ce grand meeting parvenait à se tenir et a drainé de foules, ce serait une première victoire de la classe politique malienne qui aurait pour une fois parler et agit utilement. La décision de tenir un tel meeting a été prise samedi dernier au cours de la table ronde sur une sortie de crise organisée par l'Alliance des démocrates patriotes pour une sortie de crise (ADPS). La décision avait enchanté tous les regroupements politiques, en dehors de la Copam et du MP-22 qui n'y étaient pas. Mais tout porte à croire que le mouvement d'Oumar Mariko et celui de Younouss H. Dicko sont disposés à emboîter le pas aux autres groupements.
Pour le secrétaire général de l'ONU, une guerre au nord du Mali serait inopportune en raison des conséquences qu'elles pourraient avoir dans la sous-région. En parlant en ces termes, Ban Ki-Moon ne fait que répéter ce que disent des pays voisins du Mali comme l'Algérie. Or cet Etat, comme tous les autres pays du champ (Mauritanie, Niger) ont tout intérêt que les groupes islamistes soient anéantis dans le Nord du Mali.
"S'ils sont décidés à coopérer en surveillant et en sécurisant leurs frontières, en ne laissant aucun islamiste les franchir à l'heure des offensives dans le Nord du Mali, c'est certain que les groupes islamistes seront étouffés pour de bon", a suggéré un chef de parti politique.