Honorable Yaya Sangaré, Groupe parlementaire Adema-Asma-cfp (Majorité)
«J’invite le PM et son Gouvernement à faire bouger les lignes, si nécessaire, à tenter de faire déplacer les montagnes»
Cette Déclaration de Politique Générale du PM Keita s'articule autour de trois axes fondamentaux visant à : assurer la sécurité des personnes et la protection de leurs biens dans un environnement de paix ; améliorer les conditions de vie et d’existence des populations et promouvoir la justice et l’équité. Et pour moi personne ne peut contester la pertinence de ces axes prioritaires, à tous points de vue, pour le mieux-être des maliens. Mais, je vous m’interroge sur certains sujets qui fâchent qui pourtant méritent un traitement particulier et une explication claire et nette. J’invite le PM et son Gouvernement à faire bouger les lignes, si nécessaire, à tenter de faire déplacer les montagnes.
La sécurité des maliens et la protection de leurs biens passe nécessairement aujourd'hui par la résolution définitive, juste et transparente de la crise du nord de notre pays. Donc une bonne compréhension et une bonne application de l'accord pour la paix et la réconciliation nationale et ses arrangements sécuritaires. Les maliens aspirent à la paix, à une paix durable, au nord comme au sud.
Le PM a annoncé la réforme constitutionnelle. À quand cette réforme majeure ? Quel est son contenu réel et l'objectif recherché?
J’invite également le Gouvernement à préparer psychologiquement, moralement et sur le plan logistique nos forces armées de défense et de sécurité nationales pour le rétablissement et la sauvegarde de la paix. Surtout pour la défense de l'intégrité du territoire national. Que notre armée nationale reste républicaine, qu’aucune discrimination n’y soit possible tant dans le mode de recrutement que dans le fonctionnement.
La lutte contre la corruption et la délinquance financière nécessite des actions vigoureuses et concrètes. Pas seulement des annonces. La corruption conduit inévitablement à l’affaiblissement de l’Etat, elle est liée à des circuits du crime organisé connu de tous et doit être combattue sévèrement. Des suites favorables doivent être données aux rapports du BVG. Nos milliards détournés doivent retourner au bon endroit et les coupables punis.
Le désenclavement du cercle de Yanfolila reste une préoccupation quand on sait toute la richesse qu'apporte cette zone au pays, à travers le barrage de Selingué, les différentes sociétés minières, ses fruits, les forêts classées.
Mody N’Diaye, Président du Groupe VRD (Opposition)
«La découverte récente d’environ 900 000 cartes NINA fictives par le BVG est une nouvelle insulte citoyenne et républicaine»
Le mois dernier, la Méditerranée a impitoyablement englouti, une fois de plus, des milliers d’Africains, dont tant de jeunes dans la fleur de l'âge. Parmi eux, des centaines de nos compatriotes maliens qui refusent que la pauvreté soit une fatalité, et que la faim, la misère et les agressions violentes soient leur lot quotidien. Ils ont cru aux promesses d'un avenir meilleur sur d’autres rives parce que notre pays, et plus que jamais son actuel gouvernement, n'ont pu leur offrir la moindre perspective d'un avenir simplement décent.
En effet, vous annoncez que le Gouvernement va procéder à la révision constitutionnelle, une question qu'il ne peut pas porter car ne relevant pas de sa compétence selon la loi fondamentale.
La démocratie, c'est d'abord (mais pas seulement) des élections libres et transparentes. Vous n’indiquez aucune mesure pour l’amélioration des consultations électorales dans notre pays. La découverte récente d’environ 900 000 cartes NINA fictives par le BVG est une nouvelle insulte citoyenne et républicaine. Cette coupable révélation indique l’ampleur du chantier d’assainissement du fichier électoral pour lequel vous n'annoncez aucune réforme.
Votre déclaration ne s'engage nulle part à bâtir une administration moderne, impartiale et proche des citoyens.
La corruption florissante, au contraire de l’emploi qui s’assèche, a atteint des proportions inquiétantes et dans tous les domaines et les atteintes graves au droit du travailleur sont devenues monnaie courante avec des relèves de cadres et d’agents dans tous les secteurs pour seul motif politique. Cette cruelle réalité ne fait malheureusement pas l’objet de dispositions vigoureuses et rigoureuses à mettre en œuvre par le Gouvernement pour éradiquer ce fléau.
Vous conviendrez avec moi que le changement attendu par notre peuple n’est manifestement pas la priorité pour le Gouvernement. C’est pourquoi le groupe Vigilance Républicaine et Démocratique n’a pas accordé sa confiance à la présente déclaration de politique générale.
Nanko Amadou Mariko, député Sadi (Non-inscrit)
«Malgré que nous ayons voté OUI, nous estimons que la DPG ne tient pas compte des enjeux de la situation actuelle»
Le collectif des députés Non-inscrits Sadi a suivi avec beaucoup d’intérêts la DPG et nous apprécions les efforts du Gouvernement dans la mise en œuvre du programme du Président de la République. Malgré que nous ayons voté OUI, nous estimons que la DPG ne tient pas compte des enjeux de la situation actuelle. Et pour cause, le pays est occupé militairement, mis sous tutelle sur le plan institutionnel et même dans sa gestion administrative. Et, une réforme institutionnelle administrative vient de lui être imposée et qui va inéluctablement poser les bases de son démantèlement et son émiettement en plusieurs régions autonomes si nous n’y prenons garde.
Peut-t-on croire que l’Accord de Paix de Bamako va ouvrir un avenir meilleur pour les maliens s’il occulte l’essentiel ? Pour nous, la DPG devait donner un début de réponse à cette question ou donner quelques éclairages qui permettent d’orienter nos luttes collectives vers cette finalité de construction d’un Etat de type nouveau, assaini et restructuré qui met fin entre autres à l’impunité, à l’oppression politique et administrative. Le pays est fragile, sa cohésion est menacée. Ce qui exige de nous des sacrifices énormes, le respect des citoyens des biens publics. Nous rappelons à la majorité à la quelle nous appartenons, au Chef du Gouvernement, que notre Peuple nous regarde et nous jugera. Certes, nous avons hérité d’un pays en ruine. Ceci exige de nous de donner des réponses significatives aux enjeux et défis qui se posent à la Nation.
Par Dieudonné Tembely