Alger - Le président français François Hollande a salué lundi, en Algérie, le "combat commun" mené par Paris et Alger contre la menace jihadiste, quelques heures après l’annonce par la Libye de la mort du chef Mokhtar Belmokhtar.
La lutte contre le terrorisme, les crises en Libye et au Mali ont été au centre d’un entretien lundi soir entre M. Hollande et son homologue Abdelaziz Bouteflika qui l’avait invité pour cette visite d’une journée.
"Nous avons abordé toutes les questions internationales" parmi lesquelles "le Sahel, la lutte contre le terrorisme avec ce qui vient de se passer au Tchad (théâtre d’un double attentat meurtrier, ndlr), le Mali, la Libye", a déclaré M. Hollande à la suite de cette rencontre qui a duré plus d’une heure.
A son arrivée en début d’après-midi à l’aéroport d’Alger, M. Hollande a d’emblée souligné "le combat commun" mené par l’Algérie et la France "contre cet ennemi terrible implacable auquel nous avons porté des coups et encore récemment, ces dernières heures", en référence au raid américain en Libye où aurait été tué Mokhtar Belmolhtar, l’un d’un des plus anciens jihadistes dans le Sahel.
M. Hollande a également exprimé sa "gratitude" au gouvernement algérien "qui a tout fait pour trouver les coupables et les restes d’Hervé Gourdel", le randonneur français décapité après avoir été enlevé en septembre par le groupe Jund al-Khilafa (les soldats du califat) qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI).
Avant ses entretiens avec M. Bouteflika et le Premier ministre Abdelmalek Sellal, il a marqué une pause au sanctuaire du martyr sur les hauteurs d’Alger, symbolisant les victimes algériennes de la guerre d’indépendance (1954/62) contre la puissance coloniale française.
"Ne rien oublier de l’Histoire et en même temps nous tourner vers l’avenir" est, selon M. Hollande, l’un des engagements pris avec son homologue, un vétéran de cette guerre.
La question de la repentance française pour son passé colonial reste présente dans la presse et les déclarations de l’opposition, mais elle n’est plus évoquée par les dirigeants algériens.
- ’Une relation d’extrême confiance’ -
"Avec le président Bouteflika, nous avons établi une relation d’extrême confiance", a affirmé M. Hollande, le regard porté sur le port ou la Casbah, la vieille ville d’Alger où il avait effectué un stage d’étudiant.
"Il est très important que cette relation personnelle que j’ai pu établir avec le président Bouteflika puisse permettre "de renforcer (les) liens (entre nos deux pays) sur le plan économique, culturel, humain" et de "porter les mêmes propositions pour dénouer des crises et assurer la paix", a-t-il encore déclaré après son entretien avec M. Bouteflika dans sa résidence de Zeralda, à l’ouest d’Alger.
L’Algérie s’est fortement impliquée dans le dossier malien en accueillant les pourparlers ayant mené aux accords pour la paix et la réconciliation conclus le 15 mai. C’est à Alger que la rébellion malienne à dominante touareg s’est engagée le 5 juin à les signer.
Sur le dossier de la Libye, un pays en plein chaos et gangrené par la progression du groupe Etat islamiste, les Algériens "sont pragmatiques et centrés sur les questions de stabilité et de sécurité", se félicite Paris.
"La Libye est un pays ami qui mérite nettement mieux qu’une simple expédition militaire", a estimé M. Sellal dans un entretien au Parisien.
Evoquant les liens bilatéraux, M. Hollande a qualifié d’"exceptionnelle" la relation entre la France et l’Algérie, "qui est celle d’une amitié exigeante mais d’une amitié réelle et fraternelle".
Selon lui, "la France est le premier partenaire économique de l’Algérie" et "entend le rester et même entend encore développer sa présence" après "l’installation de très importantes entreprises comme Renault, Sanofi, Alstom et bientôt Peugeot".
Environ 7.000 entreprises françaises exportent dans ce pays et 450 y sont installées, dont quelques grands groupes comme Alstom, Lafarge, Danone ou encore Renault et Suez, mais également des PME.
Des journaux algériens et des opposants se sont demandé si la visite de M. Hollande ne porterait pas sur la question de la succession de M. Bouteflika qui, âgé de 78 ans, est physiquement affaibli à la suite d’un AVC en 2013.
"Non, ça c’est sûr", a répondu M. Hollande interrogé sur ce sujet.
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