Le ministre Mamadou Igor Diarra et les experts du FMI animant une conférence de presse lors de la dernière mission du Fonds à BamakoLe Conseil d’administration du Fonds vient d’approuver un décaissement sans convocation de réunion de 5,6 millions de dollars soit 3,1 milliards de Fcfa
Les experts économiques constatent que l’année 2015 s’annonce prospère pour notre pays. Elle enclenche véritablement les divers chantiers de relance, de reconstruction et de réconciliation, suite à la signature de l’accord de paix et de réconciliation et au retour annoncé des grands investisseurs privés. Le Mali en cette période de l’année ne pouvait souhaiter mieux que ce décaissement sans convocation de réunion par le Fonds monétaire international (FMI) d’un montant de 4 millions de DTS (environ 5,6 millions de dollars ou 3,3 milliards de Fcfa). Il porte le montant total des décaissements au titre de l’accord FEC à 18 millions de DTS (environ 25,3 millions de dollars, plus de 15 milliards de Fcfa). Cet appui ouvre la voie à d’autres décaissements en faveur de notre pays.
Cette opération marque la normalisation et le soutien des Institutions de Breton-Woods et particulièrement du Fonds monétaire international à la relance du développement du Mali. Le Fonds monétaire international (FMI) engage également une nouvelle forme de coopération plus dynamique avec le Mali. Ce nouveau partenariat est plus harmonisé et plus efficace. Il est basé sur la consolidation des réformes nécessaires au maintien d’un cadre macroéconomique stable et sain, au renforcement de la gouvernance et au financement de programmes structurants et régionaux. Ce programme de nature intégratrice et de portée significative intègre les objectifs de croissance et de développement du Mali. Dans un environnement sécuritaire encore fragile, la reprise économique gagne en vigueur, constate le FMI. En 2014, précise le communiqué, «l’activité a été impulsée par un retour à la normale de la production céréalière et par une solide croissance du secteur manufacturier. Les perspectives à moyen terme se présentent sous un jour favorable grâce au regain de confiance des entreprises suite au retour des bailleurs de fonds, et à l’amélioration de la gouvernance. Cependant, les aléas climatiques, des revers dans la réconciliation nationale ou une inversion soudaine du récent repli des cours du pétrole pourraient compromettre la reprise».
augmentation des recettes fiscales. Le communiqué note que « les résultats enregistrés à la fin décembre 2014 dans le cadre du programme étaient contrastés, encore qu’ils se soient améliorés au premier trimestre 2015. Malgré la mise en œuvre des mesures destinées à renforcer la gestion des finances publiques durant le dernier trimestre 2014, les critères de réalisation relatifs aux recettes fiscales brutes et au financement de l’État par le secteur bancaire et les marchés financiers n’ont pas été tenus en raison de faiblesses administratives des douanes et d’un conflit avec les importateurs». Cependant, souligne le Fonds, « les mesures adoptées par les autorités pour accroître la fiscalité des produits pétroliers et assurer une meilleure gestion au sein de l’administration fiscalodouanière ont permis de remettre les recettes fiscales sur la bonne voie à fin mars 2015». Aussi, ajoute le communiqué, «le projet de loi de finances rectificative de 2015 constitue une solution temporaire à des problèmes urgents sur le plan des dépenses, y compris la hausse des dépenses militaires et les paiements reportés d’exercices précédents. En ce qui concerne les recettes, le projet vise une augmentation des recettes fiscales de 1,8 % du PIB, grâce à un relèvement des taxes sur certains produits (pétrole, télécommunications, transactions financières, alcool et tabac) et à des réformes dans l’administration fiscalodouanière visant à élargir l’assiette de l’impôt. Quant aux dépenses, leur composition traduit les priorités des stratégies d’accélération de la croissance et de lutte contre la pauvreté, y compris le rétablissement de la paix et de la sécurité, ainsi que le règlement des arriérés». Il est nécessaire, juge le FMI, «d’exécuter résolument les réformes pour renforcer davantage la gestion des finances publiques et d’accélérer les réformes de la politique et de l’administration fiscales pour rehausser le rendement de l’impôt. Une simplification des procédures administratives fiscales et douanières contribuera à améliorer le climat global des affaires». Le Fonds préconise maintenant d’utiliser «les résultats prometteurs obtenus grâce au renforcement de la coopération et du partage de l’information entre les administrations de l’impôt, des douanes et des marchés publics afin d’améliorer les contrôles fiscaux. Une maîtrise plus rigoureuse des dépenses, appuyée par une amélioration de la gestion de la trésorerie, contribuera à éviter une accumulation d’arriérés. Le règlement de l’encours des arriérés intérieurs permettra d’accompagner la reprise ».
Améliorer le climat des affaires. Il est essentiel, note encore le Fonds, «d’opérer les réformes visant à améliorer le climat des affaires pour rehausser les perspectives de croissance à moyen terme du Mali. Le programme des autorités est ambitieux et cible des domaines où les déficiences sont bien établies. Il est fondamental de continuer de renforcer le système financier, d’alléger la charge administrative des contribuables, d’assainir les finances de la compagnie d’électricité et de renforcer la gouvernance pour rehausser durablement les perspectives en matière de croissance et d’emploi». Le communiqué rappelle que le conseil d’administration avait approuvé l’accord au titre de la FEC en faveur du Mali le 18 décembre 2013 pour un montant de 30 millions de DTS (environ 42,2 millions de dollars ou 32 % de la quotepart, ou plus de 25 milliards de Fcfa).
Au département de l’Economie et des finances, ce décaissement par le Conseil d’administration du Fonds monétaire international, sans convocation de réunion en faveur de notre pays, est la preuve de la confiance mutuelle rétablie entre notre pays et les instituions de Breton-Woods.
De l’analyse d’un économiste averti de notre pays, cette forme de décaissement sans convocation de réunion du conseil d’administration du FMI est une grande marque de confiance. «Une confiance rétablie et même consolidée entre notre pays et cette institution de Breton-Woods depuis les désaccords nés à la suite à l’achat d’un nouvel avion présidentiel et de l’attribution du contrat de fournitures des armes et munitions. Ainsi les garanties et les mesures mises en œuvre par l’Etat, notamment, la régulation de l’achat de l’avion dans le projet de loi de finances rectificative 2014, sans détérioration des soldes budgétaires du cadrage arrêté lors de la mission de revue de mars 2014 ni changement des planchers de dépenses prioritaires, ainsi que la mesure phare qu’est l’audit par le Bureau du vérificateur général (BVG) de la conformité des procédures budgétaires et passation de marchés utilisés, semblent avoir convaincu cet incontournable partenaire», a développé le spécialiste.
Il soutient que «notre coopération avec cette institution financière Internationale s’avère primordiale pour notre pays en ce sens qu’elle lui permet de profiter de leurs expertises multiformes, et de donner un signal fort aux autres partenaires des efforts faits par le gouvernement dans le cadre de la gestion des finances publiques et de la lutte contre la pauvreté. Les analyses des institutions de Bretton Woods ont surtout un impact de catalyseur sur les institutions financières internationales et les partenariats multilatéraux. Mieux, les fonds qu’ils nous allouent permettent de financer beaucoup de projets et de programmes de développement et procurent à notre économie des devises, ce qui augmente les réserves de changes et facilite les échanges commerciaux extérieurs», développe notre interlocuteur, qui se réjouit de ce décaissement.
«Dans le cas présent, le plus important ce n’est pas le montant décaissé mais la manière dont le montant a été mis à la disposition de notre pays. D’habitude, c’est la réunion du conseil d’administration qui décide du décaissement ou pas. Cette fois-ci, c’est le conseil d’administration qui a décaissé sans convocation de réunion comme le précise le communiqué. Mieux, l’institution encourage notre pays à poursuivre les reformes engagés notamment la renforcement de notre système financier et la gouvernance pour rehausser durablement les perspectives en matière de croissance et d’emploi»,
a-t-il relevé.
Ce spécialiste reconnaît les efforts fournis par le pays dans l’assainissement de l’environnement des affaires. «Je tiens à rappeler que malgré la crise, le gouvernement continue de mettre en œuvre les reformes structurelles en vue de favoriser un meilleur épanouissement du secteur privé à travers un environnement plus attractif des affaires. Dans ce cadre, le gouvernement déploie beaucoup d’efforts pour assurer la fourniture d’électricité d’une part, et d’autre part, il veille à éviter les accumulations d’arriérés de paiements sur la dette intérieure par la réduction des arriérés de paiement au niveau du Trésor public au profit des opérateurs économiques, le soutien à l’Energie du Mali, la subvention aux intrants agricoles. Ainsi, la redynamisation de la coopération financière avec les bailleurs de fonds va permettre à l’Etat d’avoir de l’espace budgétaire pour poursuivre les projets de développement, assurer le service de l’électricité en faveur des entreprises, soutenir la production agricole à travers la subvention aux intrants agricoles et assurer la sécurité. Tous ces éléments sont propices à la relance de la croissance économique», commente l’expert malien.
D. DJIRE
Macroéconomique : LES BONNES PERSPECTIVES MONDIALES EN 2015
L’économie mondiale a continué de progresser à un rythme modéré, estimé à 2,6 % en 2014. La reprise a été entravée par de nouveaux problèmes, dont un certain nombre de chocs inattendus, tels que l’intensification des conflits géopolitiques dans différentes régions du monde.
Dans la plupart des pays, le produit intérieur brut (PIB) a diminué sensiblement par rapport aux niveaux d’avant la crise, ce qui laisse présager une faible croissance économique à long terme. Bien que des améliorations soient prévues dans les pays développés en 2015 et 2016, des risques importants subsistent, notamment dans la zone euro et au Japon. Les taux de croissance dans les pays en développement et les pays à économie en transition ont été variables en 2014, un ralentissement sensible étant enregistré dans plusieurs grands pays émergents, notamment en Amérique latine et dans la Communauté d’États indépendants. Un certain nombre de ces pays ont été confrontés à divers problèmes, notamment des déséquilibres structurels et des tensions géopolitiques. Au cours de la période considérée, l’économie mondiale devrait enregistrer un taux de croissance légèrement plus rapide, encore que modéré, la croissance du produit mondial brut étant estimée à 3,1 % et 3,3 % en 2015 et 2016 respectivement.
Le taux d’inflation mondial cumulé demeure certes modeste, mais il peut recouvrir de nombreuses situations très différentes. Plus particulièrement, l’inflation est forte dans une douzaine de pays en développement et pays à économie en transition alors qu’un nombre croissant de pays développés d’Europe sont confrontées à un risque de déflation. Pour la période considérée, le taux d’inflation moyen dans le monde devrait demeurer proche du niveau observé au cours des deux dernières années, soit environ 3 %. Les cours internationaux des matières premières ont enregistré une tendance baissière au cours des deux dernières années, et aucune reprise tangible n’est prévue pour 2015-2016. Les prix internationaux du pétrole ont considérablement reculé au cours du second semestre de 2014 et on prévoit qu’ils continueront de fléchir en 2015-2016 du fait que la demande de pétrole devrait demeurer plus faible que l’offre. Les prix des matières premières autres que le pétrole ont eux aussi enregistré une tendance à la baisse mais ils demeurent élevés par rapport à la tendance à long terme des décennies écoulées.
La croissance des échanges commerciaux a été médiocre en raison essentiellement de la lenteur de la reprise dans les principaux pays développés et de la croissance modérée dans les pays en développement. On estime que le commerce mondial a progressé de 3,4 % en 2014, pourcentage bien inférieur aux tendances d’avant la crise. Pour la période considérée, on prévoit que les échanges commerciaux progresseront de façon modérée parallèlement à l’amélioration de la production mondiale et que le volume des importations mondiales de biens et de services s’établira à 4,7 % en 2015 et 5 % en 2016.
Cependant ces projections dépendent de plusieurs inconnues, notamment des conséquences potentiellement perturbatrices sur les flux commerciaux de toute aggravation des tensions géopolitiques dans certaines sous-régions.