La commission d’organisation du pèlerinage de la filière privée a procédé hier au lancement officiel de sa campagne. C’était dans la salle de conférence du gouvernorat de Bamako. La cérémonie était présidée par Thierno Oumar Hass Diallo, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, en présence de Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, son homologue de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Les représentants de toutes les agences de voyage opérant dans cette activité étaient présents. Comme à l’accoutumée, la cérémonie a débuté par la lecture de la sourate de la Fatiha.
Ce rituel du lancement revêt un caractère spécial pour les agences de voyage, a indiqué Mme Cissé Fatima Kouyaté, coordinatrice de la commission d’organisation du pèlerinage de la filière privée et présidente de l’Association malienne des agences de voyage (AMAVT). Il marque le point de départ des préparatifs d’une activité à laquelle participent environ 80% de nos agences de voyage.
« Le lancement du Hadj est un tremplin nous permettant d’informer, sensibiliser et orienter notre clientèle sur le modus opérandi de notre activité, bref pour communier avec l’opinion nationale pour une bonne préparation du Hadj », a-t-elle ajouté. La présidente de l’AMAVT a saisi l’occasion pour rappeler les difficultés que vivent ses mandants. Depuis 2008, le monde du tourisme est plongé dans les affres de l’insécurité annihilant toutes les possibilités de relance d’une activité première génératrice de revenus et d’emplois dans le monde.
La seconde activité des agences de voyages représentée par la vente de billets d’avion est, elle aussi, à la veille de l’application de la double fréquence des paiements par l’Association internationale des voyagistes (IATA), amenuisant les recettes du ticketing et augmentant les risques de fermeture de ces agences. La seule activité du secteur qui donne de l’espoir à ses exploitants demeure le pèlerinage.
Mais force est de reconnaître que cette composante aussi risque de connaître des lendemains qui déchantent si des mesures d’apaisement et de restructuration ne sont pas prises, a souligné Mme Cissé Fatima Kouyaté. Les agences de voyage sont, en effet, restées sur leur faim sur la question du supplément de quota que les autorités saoudiennes devaient octroyer à notre pays.
La portion congrue dont la filière privée a bénéficié cette année diminuera indubitablement ses marges et affaiblira considérablement les capacités d’action des agences de voyages, a estimé la porte-parole de la filière privée. Pour l’édition de 2016, les agences comptent sur l’intervention du ministère des Affaires religieuses et du Culte pour une augmentation subséquente du quota alloué à notre pays et partant à leur filière. Mme Cissé a aussi réitéré la doléance des agences de voyage de voir la composante commerciale du Hadj dédiée aux seuls organisateurs privés.
Le rôle de l’Etat devrait, de son point de vue, être l’administration de régulation, de censure et d’arbitrage de l’activité, comme c’est le cas dans le reste de la sous-région. Les agences de voyage de notre pays ont tenu leur promesse de professionnaliser leurs activités dans la prise en charge des pèlerins, a souligné le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme.
Son département reste à la disposition des agences dans le but d’une meilleure collaboration, a assuré Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo. Le fait de passer de 1000 à 1500 pèlerins cette année n’est pas un problème, selon le ministre Thierno O. H. Diallo. Pour lui l’Etat ne saurait faire de la concurrence aux privés, même s’il demeure la puissance publique.
La filière gouvernementale avait eu des difficultés en 2013, c’est pour cette raison que son département a décidé de réduire sa part. Mais, en 2014 certaines agences de la filière privée ont également buté sur des écueils dans le rapatriement de leurs pèlerins. C’est pour cette raison, explique-t-il, qu’il a décidé d’augmenter à nouveau le quota de la filière gouvernementale.
Pour lui, il faut nécessairement que les agences de voyage fassent le tri en leur sein afin d’éliminer les brebis galeuses. Le secrétaire général de la coordination, Hamidou Maïga, a détaillé les nouvelles exigences du Hadj 2015. Il a d’abord rappelé que le prix du Hadj pour leur filière est fixé cette année à la somme de 2,8 millions de Fcfa.
Le royaume d’Arabie Saoudite est dans une dynamique de modernisation de l’organisation du Hadj, a-t-il indiqué. Celle-ci se traduit par des mesures comme : la généralisation du système électronique introduit l’an dernier ; la signature obligatoire de contrats de restauration à Médine et à la Mecque pour au moins un repas ; l’ouverture de compte bancaire en Arabie Saoudite pour tous les organisateurs en vue d’effectuer des paiements électroniques ; l’enregistrement et la répartition des pèlerins dans les chambres en vue de l’obtention des stickers pour le visa et la finalisation de toutes les formalités liées au Hadj au plus tard le 10è jour du mois de Ramadan.
Y. DOUMBIA