Le bouillant député de Yélimané s’est une fois de plus illustré lors de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre, Modibo Kéïta. Comme à son habitude, dans un français-bambana, il a porté des récriminations sur la gestion du pouvoir actuel.
Diaby Gassama
Honorable Diaby Gassama
À l’entame de ses propos, il a fustigé la censure à lui faite. «Ce que je regrette un peu, c’est de n’être pouvoir aller jusqu’au bout de mes idées, car, comme vous-même vous avez été témoins, ce qui vient de se passer n’est plus ni moins qu’une forme de censure. Je voulais intervenir sur des points cruciaux. Mais, le président de l’Assemblée nationale et certains députés ont voulu m’en empêcher», a-t-il lancé.
L’homme fort de Yélimané a tout de même pu dénoncer le nouveau document dit «Arrangement sécuritaire pour la cessation des hostilités» qui a été signé récemment à Alger. «Nous nous sommes mis d’accord pour signer, car nous voulions la fin des hostilités. Le président de la République, le Premier ministre et même le ministre des Affaires étrangères avaient pourtant dit qu’il n’y aurait aucune autre forme de négociation, ni un nouvel accord et je constate avec stupéfaction que le gouvernement a signé un nouveau document avec la Cma le 5 juin dernier. Pour moi, c’est un accord bis qui a été signé ce 5 juin à Alger, sans que nous ne soyons consultés», a-t-il martelé. Gassama considère cela comme une forme de trahison. «Comment la Minusma peut-elle demander au Gatia de quitter Ménaka avant 72 heures ? Au nom de quelle autorité ? Pourquoi on n’a pas demandé à la Cma de faire de même à Kidal?», s’est-il interrogé.
Le second volet de son intervention a porté sur la corruption. Il a fait savoir que bon nombre d’investisseurs maliens ont mis leurs capitaux à l’étranger. Car, ils craignent que l’opération de lutte engagée par le régime d’IBK contre la corruption ne tourne à la chasse aux sorcières. «Les autorités sont elles-mêmes au cœur des malversations. Parce qu’au cours des 2 dernières années, nous avons assisté à des détournements pour acheter des avions, des surfacturations et des ministres incriminés, sans qu’ils ne soient sanctionnés. On n’a vu aucune mesure concrète pour lutter contre ce fléau et il a même fallu que le Fmi tape du point sur la table pour que les choses bougent un peu», a-t-il déclaré.
Il a également abordé le problème des cartes NINA. Le tonitruant député de Yélimané a révélé qu’il s’est avéré qu’il y a près de 900.000 cartes NINA fictives qui ont été découvertes par le Vérificateur général. «Quelles mesures le gouvernement compte-t-il prendre pour que les élections à venir ne soient pas entachées d’irrégularités ? Comment ces 900.000 personnes vont-elles pouvoir voter ?», s’est-il demandé.
Autre point abordé par Gassama, c’est le voyage que le président de la République a effectué en Chine, au cours duquel nous avions appris que la coopération chinoise va investir plus de 5 500 milliards de Fcfa au Mali. «Tout le Mali était content de cette nouvelle. Tout le monde était sorti pour applaudir IBK. Mais jusqu’à présent, on ne voit rien. Nous voulons savoir où sont passés ces milliards de Fcfa ? J’ai constaté que le Premier ministre, lors de sa Déclaration de politique générale, n’y a même pas fait allusion. Pourquoi ?», a-t-il lâché. Il a aussi reproché au Premier ministre le fait de n’avoir pas fait mention, ni même présenté des condoléances aux 500 et quelques Maliens qui se sont noyés dans la mer Méditerranée ces derniers mois en tentant de gagner l’Europe.
S’agissant du monde rural, il a regretté la hausse importante des prix d’aliments bétail qui ont, selon lui, atteint des proportions jamais égalées depuis l’indépendance de notre pays à nos jours. Par ailleurs, il a vigoureusement protesté contre l’arrivée des engrais frelatés pour la présente campagne agricole. Il a demandé au Premier ministre de démasquer les auteurs de cette fraude qui risque d’être préjudiciable à cette campagne.
Concernant sa localité, Yélimané, Gassama est étonné que jusqu’à présent ce cercle, dont les récoltes ont été dévastées par des oiseaux migrants, n’ait reçu aucune aide du gouvernement, malgré la mission du ministre Tréta qui avait pourtant constaté les dégâts.
Cependant, il a salué l’effort du gouvernement qui a décidé de créer des unités agro-industrielles de transformation du manioc, de tomate et d’huile.
STT