Bamako - Les groupes armés progouvernementaux du nord du Mali ont quitté vendredi la ville de Ménaka, prise fin avril à la rébellion, respectant leur promesse à la veille de la signature par les rebelles de l’accord de paix dans le pays, selon un de leurs responsables.
"Nos troupes se sont retirées de Ménaka depuis ce (vendredi) matin, comme nous l’avons promis. On a passé le contrôle de la ville à l’armée (malienne) et à la Minusma", la Mission de l’ONU au Mali, a déclaré à l’AFP Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia).
Le Gatia est l’une des formations armées soutenant le gouvernement, regroupées au sein d’une coalition dite "Plateforme", ayant pris le 27 avril Ménaka (nord-est) à la rébellion rassemblée au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). La prise de cette ville proche de la frontière nigérienne a été le point de départ d’une série d’affrontements qui ont fragilisé le cessez-le-feu.
Selon un "arrangement sécuritaire" obtenu par la médiation algérienne le 5 juin, les forces pro-Bamako devaient quitter Ménaka, et la CMA exigeait l’application de cette décision pour signer l’accord de paix déjà entériné le 15 mai par le gouvernement malien, ses alliés et la médiation. La cérémonie de signature par la rébellion est prévue samedi à Bamako.
Dans un premier temps, la Plateforme avait refusé de quitter Ménaka, mais "on a subi des pressions de part et d’autre" pour le faire, a précisé Fahad Ag Almahmoud, joint par téléphone depuis Bamako.
Selon lui, l’armée malienne a "promis d’envoyer des renforts" dans la ville, où ses troupes présentes sont insuffisantes pour la sécurisation. "On a fait tout ça pour la paix et pour encourager la CMA à signer l’accord de paix", a-t-il soutenu.
Dans une déclaration datée de jeudi consultée par l’AFP, la Plateforme a indiqué avoir décidé de quitter Ménaka à partir de ce vendredi "après avoir reçu toutes les garanties de sécurisation des populations (de la ville) et de leurs biens par le gouvernement du Mali, la médiation internationale et la Minusma".
"Toutefois, la Plate-forme reste vigilante et se tient prête à agir en cas d’atteinte à l’intégrité physique et aux biens" des populations de Ménaka, selon le texte signé de son porte-parole, Me Harouna Toureh.
- ’Signes clairs et rassurants’ -
Dans un communiqué, la Minusma a salué la décision des groupes pro-Bamako "de se désengager de Ménaka".
"Ce développement positif et le parachèvement imminent de la signature de l’accord de paix" par la CMA "sont des signes clairs et rassurants, aussi bien pour la population malienne que pour la communauté internationale", a estimé le chef de la Minusma, Mongi Hamdi.
La signature de l’accord par la rébellion est "un pas nécessaire et très attendu parce que ça va permettre de clarifier la situation sur le terrain", a affirmé l’éditorialiste malien Souleymane Drabo dans un entretien avec l’AFP à Bamako.
"Les violences se sont accrues ces derniers mois (dans le Nord). La situation est intenable pour tout le monde. (...) Donc, cette signature va permettre" de distinguer les parties prenantes de l’accord "des bandes incontrôlées, jihadistes, narcotrafiquants qui continuent les violences sur le terrain. Au plan de la sécurité, c’est le premier avantage que l’on attend", a
expliqué M. Drabo.
Mais, a-t-il prévenu, c’est "une simple étape" dans un long processus, elle ne signifie pas "le rétablissement (immédiat) de la sécurité".
A Bamako, l’imminence de la signature par les rebelles suscitait chez des habitants l’espoir de tourner définitivement la page de la profonde crise politico-militaire que traverse le pays depuis 2012.
"Cet accord va apporter la paix pour les Maliens, je suis très content", a dit à l’AFP Bandjougou Cissé.
Hamada Touré, lui, espère qu’après la signature, il n’entendra plus: "+Il y a attaque d’une part ou d’une autre+, sinon (elle) n’a pas vraiment de valeur", a-t-il indiqué.
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