Membre fondateur du Rassemblement Pour le Mali (RPM) et de l’ADEMA-PASJ, Ministre de l’élevage et de la Pêche sous Amadou Toumani Touré et du Développement Rural sous IBK, longtemps pressenti à la Primature après la signature de l’accord de paix et de réconciliation le 20 juin par la CMA, Bocary Tréta puisque c’est de lui qu’il s’agit, est dans l’œil du cyclone. Embourbé dans une rocambolesque affaire dite des engrais frelatés, le puissant Secrétaire Général du parti majoritaire, quelque soit l’issue de cette affaire, ne sortira pas indemne de ce combat à l’allure politico judiciaire. Cette affaire va-t-elle sonnera-t-elle la fin prématurée de sa carrière politique ? IBK a-t-il finalement fait son choix entre Abdoulaye Idrissa Maiga et Bocary Tréta en sacrifiant le second pour faire émerger politiquement le premier? Pourquoi M. Tréta crie-t-il à l’acharnement politique de ses camarades ? Quelques questions qui méritent d’être posées au regard de la tournure que prend cette affaire.
Le ministre du Développement Rural Bocary Tréta, le président de l’Assemblée Permanente de la Chambre d’Agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola et le PDG de la Compagnie Malienne du Développement des Textiles (CMDT), Kalifa Sanogo sont solidairement incriminées dans l’affaire dite des engrais frelatés. Cette information a défrayé la chronique des médias nationaux et internationaux jusqu’aux élus de la Nation qui s’en sont saisis pour en faire une question d’intérêt national. Le jeudi 18 Juin 2015 que le ministre du développement Rural était à l’Assemblée pour répondre aux questions orales de deux députés RPM à savoir l’honorable Bafotigui Diallo, élu en commune VI du District de Bamako et Bakary Koné, élu à Koutiala en troisième région. Cette interpellation qui avait été annoncée depuis plus d’une semaine était attendue par bon nombre de maliens sur une question qui a fait et qui continue encore de faire couler beaucoup d’encre et de salives. La question à laquelle, le ministre était censé éclairer la lanterne des Maliens était simple : les engrais importés pour la campagne 2015-2016 sont-ils de bonne qualité ? Face à une question toute simple, M. Tréta a crée la confusion et le doute même chez ses partisans comme en atteste la mine des observateurs venus nombreux assistés à ce grand oral. Il a, dans un mépris et une incompétence notoire, évacué d’un revers de main toutes les questions posées par l’honorable Koné et s’en est pris aux députés interpellateurs qu’il pense être à la solde des opérateurs économiques dont les dossiers n’ont pas été retenus. M. Tréta a pointé un doigt accusateur sur un opérateur en particulier qui lui a adressé une correspondance dans laquelle il dit avoir fait analyser des échantillons de l’engrais en cause. Et qu’il ressort des conclusions de ces analyses que l’engrais n’est pas de bonne qualité. En réponse à cette lettre et devant les élus de la Nation le ministre du développement Rural a rejeté non seulement les conclusions de ces analyses, mais a aussi tenté d’apporter la preuve que les engrais incriminés étaient de bonne qualité donc ni frelaté ni mauvais. Le ministre du développement Rural a poussé l’outrecuidance jusqu’à dire qu’il ne répondra pas aux questions du député Koné parce qu’elles sont inspirées du seul document qu’il a qualifié de faux. Les propos et l’attitude de M. Tréta prouvent à suffisance qu’il a une grosse part de responsabilité dans cette sulfureuse affaire. Et pour n’avoir pas été capable d’apporter des arguments convaincants, il lui revient en toute honnêteté intellectuelle de rendre le tablier pour préparer sa défense en vue de son procès.
Cette sortie du ministre du développement Rural est un appel pressant adressé au président de la République IBK pour qu’il siffle la fin de la longue récréation en se débarrassant de tous les cadres véreux du gouvernement et de son entourage. Il évitera ainsi de prêter le flanc à ses détracteurs. IBK, contre toute attente, décidera-t-il de donner suite à cette affaire, toute réaction qu’il n’a pas eue dans le scandale de l’achat de l’avion présidentielle et du contrat d’armement des FAMA ? Il est temps M. le Président de la République de redorer le blason de votre gouvernance et de soigner votre image fortement écornée par des scandales à répétition depuis votre accession à la magistrature suprême. Le Kankelentigui n’a pas d’autre choix que de se racheter auprès du peuple malien.
Youssouf Sissoko