Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
NTIC
Article
NTIC

Transition vers la télévision numérique : le Mali relèvera-t-il le défi ?
Publié le lundi 22 juin 2015  |  Infosept




L’heure du numérique a sonné au Mali. Mais d’un son tellement bas que la transition de l’analogique, système de réception classique basé sur la transmission de fréquence radio ou hertzienne au numérique beaucoup plus adapté aux avancées technologiques du 21ème siècle est passée presqu’inaperçue. Pour rappel, le 17 juin dernier cette transition commença au Mali et dans bon nombre de pays africains. Mais contrairement aux pays voisins comme le Sénégal, le Niger et la Côte d’Ivoire où le passage a été marqué par des cérémonies officielles, les autorités maliennes semblent reléguer au second plan un tel évènement. En quoi consiste-t-elle concrètement ? Le Mali saura-t-il passer à l’ère du numérique alors que d’autres priorités semblent plus urgentes ? Quels sont surtout les atouts de la télévision numérique par rapport à la télévision analogique ? Analyse d’un changement qui est appelé à bouleverser le paysage audiovisuel dans notre pays.

C’est l’accord de Genève 2006 (GE06) de l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui fait obligation aux Etats de passer de l’analogique au numérique pour la télévision à partir de mi-juin 2015. La date du 17 juin avait été fixée pour les pays de la zone UEMOA. Mais force est de constater que bon nombre de pays ouest-africains ne seront pas prêts pour la transition avant 2020 date butoir. Tout d’abord, il est bon de savoir qu’elle consiste dans la pratique à se procurer de décodeurs numériques et d’abandonner les antennes TV5 utilisées dans la plupart des ménages au Mali. Pas besoin de changer de téléviseur comme cela a été distillé un moment. Un vieux téléviseur peut très bien faire l’affaire si au lieu de brancher la vieille antenne, l’on branche le décodeur numérique. Mais pour que la transition au numérique soit une réussite, il faut la conjonction de deux éléments essentiels : la communication et une offre qui peut satisfaire la demande. Pour le premier élément, le constat général dressé est que l’Etat qui veille à la bonne mise en œuvre de cette transition a fait preuve de très peu de communication sur le sujet. Quelques spots publicitaires sont bel et bien passés dans les médias nationaux mais elles ont été insuffisantes et l’expertise a manqué pour bien éclairer la lanterne des Maliens. Le domaine est bien trop complexe et il faut une campagne de communication claire, précise et agressive pour que le malien lambda, assez peu instruit puisse comprendre exactement de quoi il s’agit. Dans les jours à venir, les autorités sont appelés à rectifier le tir et d’expliquer le plus pédagogiquement possible la transition de l’analogique au numérique. Faire une opération porte à porte dans certaines grandes villes du Mali comme ce fut le cas dans d’autres pays, notamment occidentaux qui ont réussi le passage, est un bon exemple à suivre.
Le second élément a trait à la disponibilité des décodeurs. Autrement dit, pas de décodeur, pas de transition numérique. En effet, le nombre de décodeur disponible est largement inférieur à la demande correspondant au nombre de ménages. Un pays voisin, le Sénégal en avance sur le nôtre dans le domaine du numérique, ne dispose que de 5000 décodeurs pour plus d’un million de ménages. C’est dire l’ampleur du défi qu’attend nos autorités même si des chiffres quant au nombre de décodeurs disponibles sont méconnus pour l’heure.

La télévision numérique terrestre : du tout bon
En réalité, la transition numérique n’est que la concrétisation de l’évolution technologique en cours depuis plus de 100 ans. Elle est comparable à l’évolution que le monde a connu lors du passage de la cassette VHS au Compact Disc ensuite au DVD et maintenant au DVD blu ray ou encore du passage de la disquette à la clé USB ou de la photo argentique à la photo numérique. La télévision analogique terrestre (TAT) est le réseau actuellement en vigueur au Mali. Ce réseau classique est composé d’ondes hertziennes, d'émetteurs (pilotes) et de réémetteurs locaux.
Quant à la TNT, elle est une évolution technique en matière de télédiffusion fondée sur la diffusion de signaux de télévision numérique par un réseau de réémetteurs hertziens terrestres. Son utilisation permet d’obtenir une meilleure qualité d'image, ainsi que de réduire les coûts d'exploitation pour la diffusion et la transmission une fois les coûts de mise à niveau amortis. La principale différence avec la TAT est l'utilisation d'émetteurs multiplex permettant la transmission de plusieurs programmes sur le même canal.

Les 4 grands atouts de la télévision numérique
La télévision numérique présente 4 grands atouts. Premier atout, libérer les fréquences sachant que la diffusion analogique consomme environ six fois plus de fréquences que la diffusion numérique. Deuxième atout, une meilleure réception des chaînes en qualité d’images et de son. Troisième, grâce à la libéralisation des fréquences de nouvelles chaines de télévision pourront ainsi voir le jour plus facilement. La mise en place de services en lien avec le web sera également facilitée. Dernier atout, c’est la réduction de la fracture sociale numérique en ce sens que seuls, jusqu’à présent, les ménages jouissant d’un pouvoir d’achat conséquent pouvait s’octroyer un décodeur auprès d’opérateurs privés avec un abonnement qu’il faut renouveler tous les mois. Les ménages à faible revenus, qui n’avaient pas de décodeurs à la maison n’avaient droit qu’à 4 chaines : ORTM, TM2, TV5 et AFRICABLE. Avec la télévision numérique, ils auront droit, sans abonnement mensuel, à une kyrielle de chaines gratuites.
Le pouvoir IBK perd là une grosse occasion de communication gouvernementale qui aurait pu redorer le blason de sa gouvernance pour un temps. La signature de l’Accord de Bamako le 20 juin n’aurait pas dû occulter un si grand bon technologique. Accord ou pas Accord, le Mali doit continuer d’avancer.
Mais pour autant, peut-on dire que le Mali a raté le train de la TNT ? Non, on peut se consoler parce que durant toute une année, la télévision numérique et analogique cohabiteront mieux le délai incompressible est de 5 ans. Ce qui nous donne jusqu’à 2020 pour nous rattraper. La transition se fera de manière progressive au rythme de la disponibilité des décodeurs et de la campagne de communication pour l’évènement. Comme la France, qui a adopté le numérique en 2011, la mise en place d’un Groupement d’intérêt économique pourrait bien faciliter la tâche du gouvernement malien. Une autre proposition, la redynamisation du comité de pilotage de la télévision numérique déjà installé à la Primature avec des budgets faramineux mis à sa disposition par l’UIT. Le Mali serait bien inspiré de prendre exemple sur le Sénégal qui, même si on y a constaté des problèmes de pénurie de décodeurs, semble avoir bien amorcé la transition vers le TNT.
Pour conclure, la télévision numérique n’a que du bon pour nos populations. Reste à voir si le coût de son décodeur sera à la portée du citoyen malien lambda. Le marché noir ne devra pas s’immiscer dans la vente de ce décodeur au risque de faire grimper son prix comme c’est le cas au Sénégal. Le prix du décodeur y a été fixé officiellement par l’Etat à la modique somme de 10 000 F CFA. En Afrique, seuls la Tanzanie, l’île Maurice et le Rwanda ont totalement réussi leur examen de passage à la Télévision Numérique terrestre. Le Mali de Bamako 2000 et de Bamako 2002 qui a été le président du groupe africain et des comités préparatoires pour le sommet mondial sur la société de l’information devra honorer la double présidence de son compatriote Hamadoun Touré, ancien Secrétaire général de l’UIT.

Ahmed M. Thiam
Commentaires