Abus de confiance aggravé de faux et usage de faux, telles sont les accusations portées contre Me Mountaga Tall dans la plainte devant le Procureur général par Me Boubacar Soumaré du Cabinet Soumaré et Fané, agissant au nom de son client, Foutanga Babani Sissoko. L’affaire avait valu, en son temps, la demande de levée de l’immunité parlementaire de Me Mountaga Tall. Il est à signaler que Monsieur Doroh Berthé, DG de l’EDM-sa, est cité dans le dossier, alors qu’il était directeur de la clientèle de la société d’électricité.
Babani Sissoko
Babani Sissoko
Ce contentieux entre Me Mountaga Tall et Foutanga Babani Sissoko fait suite à la vente de l’hôtel Mariétou Palace à 3 milliards Fcfa. Babani avait mis à la disposition de Me Tall la somme de 700 millions Fcfa pour désintéresser divers créanciers, sur la base d’un mandat spécial établi sous forme d’autorisation de paiement datée du 27 novembre 2006 et authentifiée par Me Tidiane Dème, notaire à Bamako.
Les 700 millions de Fcfa ont été versés par quatre chèques Bsic en date du 19 janvier 2007 (respectivement 100 millions Fcfa, 200 millions Fcfa, 100 millions Fcfa et 300 millions Fcfa) émis par Me Amadou Diop, notaire instrumentaire de la vente de l’hôtel Mariétou Palace, sur le prix duquel les fonds ont été directement prélevés, comme le confirme la quittance en date du 23 janvier 2007.
Mais le sieur Babani Sissoko reprochera plus tard à Me Tall d’avoir manqué à ses obligations, surtout lorsque M. Boubacar Djigué, créancier hypothécaire de Babani, qui devait être traité en priorité, a initié une procédure d’expulsion de Babani Sissoko. Un des éléments parmi tant d’autres qui ont amené l’avocat de Babani Sissoko à dire que Me Tall n’a donc pas réglé les sommes dues par son client à son créancier hypothécaire, alors que 300 millions Fcfa, sur les 700 millions qui étaient confiés à Me Tall, étaient affectés à ce règlement.
Le Bâtonnier de l’ordre des avocats a été saisi aux fins d’une mission de bons offices auprès de Me Tall pour obtenir le compte-rendu de la gestion des fonds confiés à ce dernier. En s’exécutant, Me Tall avait fait parvenir au Bâtonnier la copie des courriers échangés entre lui et Me Amadou Sow, l’avocat du sieur Djigué, un tableau récapitulatif des paiements qu’il avait eu à effectuer à divers créanciers de Babani Sissoko, ainsi que la copie des pièces justificatives des paiements et des remboursements de prêts. Ce qui devait, normalement, mettre fin à cette brouille.
Eh bien non ! Babani conteste la situation qui lui a été présentée, jugeant que certains éléments de preuves seraient dépourvus de sincérité. En d’autres termes, il y aurait eu faux et usage de faux, comme stipulé par la plainte déposée par Me Soumaré du Cabinet Soumaré et Fané.
Parmi ces pièces contestées, comme nous le révélions, il y en a une qui concerne l’Energie du Mali (Edm-sa). Il s’agit d’un reçu de paiement d’arriérés de consommation d’électricité, délivré par un certain Doroh Berthé, en tant que directeur filière clientèle à Edm-sa, comme il l’indique lui-même sur le reçu figurant dans la liasse de documents annexée à la plainte. De reçu, il s’agit en fait d’un manuscrit sur papier simple, sans cachet ni sceau d’Edm-sa ni aucun autre signe d’authentification de l’origine de ce papier.
Pour le paiement d’une somme de 45 millions Fcfa représentant des impayés de Babani sur un compteur enregistré au nom de Balla Sissoko, la société Edm-sa pouvait quand même trouver mieux qu’un reçu écrit à la main avec désinvolture sur une simple feuille blanche, sans entête ni aucun sceau de l’entreprise. Et d’ailleurs, pourquoi un tel montant n’a-t-il pas été réglé par chèque comme l’exige la loi pour éviter le quiproquo qui s’en est suivi ?
Il se trouve justement que l’actuel DG de l’Edm-sa, Doroh Berthé, est le présumé auteur de ce bout de papier délivré en guise de quittance contestée et consignée parmi les pièces qui ont accompagné la plainte déposée devant le Procureur général par l’avocat des plaignants.
C’est dire qu’il a eu entre temps de la promotion pour se retrouver à la tête de l’Edm-sa. Reste maintenant à savoir comment il pourrait exiger la rigueur dans la gestion, avec ce fait qui reste d’ailleurs pendant devant la justice et risque de le rattraper.
Nous rappelions en son temps que pour Daniel Tessougué, qui bénéficie de préjugés favorables des justiciables, et qui venait d’être nommé Procureur général, ce dossier constituait un véritable test sérieux. Raison pour laquelle tout le monde avait les oreilles tendues vers son bureau, pour savoir quelle suite sera réservée à ce dossier dont la suite est toujours attendue.
Ibrahim M.GUEYE