Une forte délégation du Comité exécutif de l'Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) conduite par le nouveau président du parti, Pr Tiémoko Sangaré, s'est rendue, le vendredi 18 juin, au siège de l'Union pour la République et la démocratie (URD) pour y rencontrer son directoire, avec à sa tête, son président, l'honorable Soumaïla Cissé.
Les responsables de ces deux formations politiques ont échangé sur des sujets majeurs comme l’invasion de la sphère politique par ce que certains cadres ont appelé le » péril religieux « . Ils se sont alors engagés à œuvrer en sorte que le religieux ne s’immisce pas sur le terrain politique. Ce qui pourrait conduire, a souligné Pr Tiémoko Sangaré, au » dévoiement du système politique » malien.
Dialogue au sein de la classe politique, échanges d’idées entre partis politiques de l’opposition et ceux de la majorité, concertation entre acteurs politiques. Ce sont là les concepts en l’honneur, le vendredi dernier, au siège de l’URD (opposition) à Badalabougou au cours de discussions avec une délégation du nouveau bureau de l’ADEMA-PASJ (majorité) après le récent congrès de ce parti.
La délégation du Comité exécutif du parti de l’abeille était composée du président, Pr Tiémoko Sangaré, du Secrétaire général adjoint, Pr Makan Moussa Sissoko, du Secrétaire chargé des questions électorales, l’ex-député Ibrahima Lancéni Coulibaly, du président du groupe parlementaire ADEMA, l’honorable Issa Togo, des cadres comme Lazare Tembely et N’Tji Diawara. Alors que du côté du bureau exécutif national de l’URD, on notait la présence du président du parti, non moins chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, les vice-présidents Pr Salikou Sanogo, Lassana Koné, Mamadou Diawara, le Secrétaire général Madani Traoré et des cadres du parti comme Sidiki Haïdara, Timothée Dotégué Daou, Mmes Wadidié Salimata Dagnoko, Inna Koïta…
Echanges autour des sujets d’intérêt national
Dans son introduction, le président de l’ADEMA-PASJ a déclaré qu’au sortir du 5ème congrès ordinaire, le parti a décidé de rendre une série de visites de courtoisie à différentes formations politiques afin d’échanger avec elles sur les grands sujets qui préoccupent la nation. Des sujets relatifs au Mali sur lesquels, a-t-il souligné, il n’est pas question de voir qui est de la majorité ou de l’opposition.
C’est dans ce sens, a-t-il poursuivi, qu’une délégation du parti a déjà rencontré le parti SADI, le RDS, l’APM-Maliko avant l’URD. Il a précisé que la direction de l’ADEMA-PASJ a adressé des correspondances à différents partis pour solliciter ces rencontres d’échanges. Avec les partis qui répondent favorablement, un agenda est arrêté et ainsi la visite a lieu.
A propos des points sur lesquels les discussions ont porté, Pr Tiémoko Sangaré parlera » d’un certain nombre de défis auxquels la nation fait face « . Il s’agit notamment de l’accord de paix d’Alger, dont la signature par les rebelles était attendue (NDLR : ce qui a été fait le samedi 20 juin), le renforcement de la démocratie à travers l’enracinement du fait partisan, l’irruption dangereuse du fait religieux sur la scène politique. A cet effet, il dira : « Si l’on n’y prend pas garde, il y a des risques que notre système politique soit dévoyé. Il est donc du devoir de l’ensemble de la classe politique de faire en sorte que ce phénomène ne prospère pas « .
Des actions conjointes entre l’ADEMA et l’URD
Il n’a pas manqué de rappeler qu’avant le congrès de l’ADEMA-PASJ, l’on avait prédit l’éclatement du parti, mais que malgré les difficultés, des discussions sans tabou ont eu lieu au cours de ces assises et le parti a surmonté ces épreuves.
Pour sa part, l’honorable Soumaïla Cissé s’est félicité de cette rencontre qui, à le croire, s’est déroulée dans une bonne ambiance. « Vous savez, on ne peut pas parler de politique sans parler de l’ADEMA. C’est dans ce sens que nous sommes heureux d’échanger sur des sujets de préoccupation nationale avec ce parti « , a-t-il déclaré.
Avant d’expliquer que quelles que soient les positions politiques, la question du Nord avec l’Accord d’Alger ne laisse aucun parti indifférent. Qu’après l’euphorie de la signature, il y aura certainement de grandes difficultés pour la mise en œuvre du document pour la paix réelle. Et d’ajouter que la question de la levée des mandats d’arrêt des rebelles a été abordée par les deux délégations. Que l’amateurisme avec lequel cette question a été traitée par le gouvernement a aussi préoccupé les deux partis.
Le président de l’URD a, en outre, mis l’accent sur « l’insécurité qui touche aujourd’hui presque tout le territoire, sauf la région de Kayes « et qu’il faut un engagement sincère de la CMA pour qu’après la signature définitive par elle du document, la paix se construise et se consolide dans le pays.
Il a lui aussi évoqué « le péril religieux « qui menace la démocratie malienne, contre lequel des mesures vigoureuses doivent être prises. Il n’a pas manqué d’évoquer d’autres sujets sur lesquels les deux délégations ont échangé, comme le problème lancinant de l’emploi des jeunes, la nécessaire promotion des femmes.
Enfin, Soumaïla Cissé a indiqué qu’il y a eu une grande convergence de vues sur les sujets discutés et que, dans l’avenir, l’URD et l’ADEMA pourraient mener des actions conjointes, notamment des séminaires communs en vue de contribuer au renforcement de la démocratie.
Bruno D SEGBEDJI
