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Débat parlementaire sur l’affaire de l’engrais de mauvaise qualité : Des groupements de paysans dénoncent les « contre-vérités » du ministre Treta
Publié le mardi 23 juin 2015  |  L’Indépendant
Exercice
© aBamako.com par Androuicha
Exercice de questions orales à l`Assemblée Nationale
Bamako, le 18 juin 2015. Le ministre du Développement Rural, Dr Bocary TRETA et celui de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Mamadou Hachim KOUMARE ont été soumis à l`exercice des questions orales des honorables députés de l`hémicycle. (photo Dr Bocary Tréta, Ministre du Développement Rural)




Pour certaines coopératives de paysans, le ministre du Développement rural, Bokary Treta, a essayé maladroitement, le jeudi dernier à l'Assemblée nationale, de noyer le poisson dans l'eau sur le scandale des engrais frelatés.

L’affaire des engrais de mauvaise qualité continue de défrayer la chronique. Après s’être transporté le jeudi 18 juin 2015 à l’Assemblée nationale où le député de l’ADEMA-PASJ de Koutiala, Bakary Koné, a interpellé le ministre du Développement rural, l’affaire fait encore grand bruit dans le monde rural malien. Des groupements de paysans de Koutiala et d’autres localités viennent de tenir une assemblée générale pour dénoncer les « contre-vérités « du ministre. Ils expliquent qu’après des questions précises de l’honorable Koné, le ministre a contesté un rapport d’analyse en révélant que c’est un » fournisseur d’engrais mécontent qui a fait des déballages non fondés « .

Mais finalement, indiquent-ils, le ministre Bocary Treta a reconnu que, selon des analyses qu’il a demandées lui-même, il existe bel et bien des engrais hors normes sur le marché national : » L’autre prélèvement pour le premier tour n’a porté que sur moins de 10 000 tonnes. Et sur ces 10 000, ce ne sont finalement 4 000 tonnes d’engrais qui ont été vraiment épinglées et jugées comme qualité non conforme à la norme « , expliquent-ils.

Il faut rappeler que le député Bakary Koné est revenu à la charge, après ces propos, en parlant de magouilles, de perte de 27 milliards de francs CFA pour les paysans à cause de cette affaire d’engrais périmés. Et il a mis directement le ministre en cause : » Je dirais que tous ceux qui importent ces engrais de mauvaise qualité, vous êtes complices de ces gens « .

Certains députés de la commission Développement rural signalent qu’avant son intervention, le ministre Treta avait distribué aux députés un document intitulé « Liste des fournisseurs dont les engrais sont hors normes ». Dans ce document, il est dit qu’un fournisseur bien connu à Bamako avait livré 475 tonnes d’urée hors normes. Or, l’urée n’était pas concernée par les investigations et ce produit, explique les experts, n’est fabriquée par aucun des 20 fournisseurs. « Tout le monde importe l’urée en l’état. Sauf à fournir d’autres choses à la place de l’urée, on ne peut pas tricher sur sa qualité « , a affirmé un député.

Le ministre a également lu une lettre que lui avait envoyée, déjà en janvier, son homologue de la Côte-d’Ivoire. Et sa conclusion avait été que c’est la preuve que » tous étaient coupables « . Cependant, les importateurs réfutent cette thèse. Selon eux, le plus simple était au moins d’enquêter pour savoir ceux qui ont importé en ce moment via la Côte-d’Ivoire. « Ils le savent d’ailleurs, et savent aussi que ce n’est pas tout le monde « , affirme-t-on du côté des interpellateurs.

Ce que le ministre a dit et que les autres ont trouvé très grave, c’est qu’il a fallu trois mois pour les résultats des analyses en laboratoire, là où, localement, on peut l’avoir en une heure, ou même trois jours en l’envoyant à l’autre bout du monde. Ensuite, de ses propres aveux, les analyses n’ont porté que sur 10 000 tonnes, alors que lui-même dit qu’il y a eu 209 000 tonnes commandées.

« L’autre incongruité dans ses déclarations, c’est que le ministre Tréta affirme que les analyses, qui n’ont porté que sur une partie infime, ont pris trois mois, entre l’envoi des échantillons aux laboratoires et l’obtention des résultats. Or, il faut une heure pour faire une analyse au Mali, et trois jours pour avoir les résultats, quel que soit le laboratoire au monde « , dénoncent certains parlementaires issus du monde paysan.

Pour ces députés, le monde rural au Mali, c’est 80% des populations actives. Et, au moment où le gouvernement prône une politique de développement rural, où le Mali tend à être » une puissance agricole régionale « , tout est fait pour tuer l’agriculture et l’agro-industrie. Pour le moment, estiment les paysans de Koutiala et d’ailleurs, une chose est sûre, la lumière n’a pas encore été totalement faite sur le scandale des engrais hors norme qui sont déjà sur le terrain.

Bruno D SEGBEDJI
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