1°) Mise en place d’un mécanisme opérationnel de patrouilles mixtes 2°) Cantonnement, désarmement et intégration des ex combattants 3°) Mise en place d’une commission technique de sécurité (CTS) 4°) Redéploiement des FAMA et création de polices territoriales 5°) Adoption par l’assemblée d’une nouvelle loi électorale.
Tous les observateurs les plus nantis s’accordent à dire que les enjeux majeurs du processus de paix au Mali reposent essentiellement sur la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu des pourparlers d’Alger. Au moment où le parachèvement de la signature par toutes les parties vient d’être effectif, il convient d’ouvrir le débat sur ce que l’on pourrait désormais appeler de compte à rebours pour la mise en œuvre des dispositions intérimaires dudit accord.
Mais avant, rappelons que les membres de la CMA ont pu se rendre à Bamako pour la signature grâce à la levée des sanctions par le gouvernement. Une initiative que d’aucuns pourront justifier par la particularité du processus de paix et que certains seront en droit de considérer comme une violation de l’accord, lui-même, qui prévoit aucune immunité contre les violations graves des droits de l’homme. Et qui du reste, pesaient sur certains leaders de la coordination. Un débat judicieux qui perd toute sa quintessence dès lors qu’on se place dans une logique de réconciliation et de quête d’une paix définitive et durable au Mali.
Le document étant signé par toutes les parties, la question qui taraude les esprits reste cependant ce qui reste à faire. Il va sans dire que les attentes des populations deviendront de plus en plus immenses et le crédit de présomption dont bénéficiait le président IBK auprès de ses électeurs, quant à ses promesses de campagne, a commencé de courir. La communication gouvernementale et le discours institutionnel ont été orientés de telle sorte, à faire croire au citoyen lambda que tout ira à merveille une fois que l’accord sera signé.
Et l’accord étant signé, il deviendra très difficile de faire gober un autre discours aux populations pour justifier l’inaptitude de certains ministres à trouver des réponses idoines aux préoccupations des Maliens. Une situation qui devient plus complexes quand on sait l’acuité de la nouvelle étape qui vient de s’ouvrir. Cette étape, d’une durée de 24 mois, dite intérimaire s’ouvre sous de mauvais auspices qu’il conviendrait de réajuster au risque de ne compromettre les acquis fragiles du processus et de ne donner une opportunité aux personnes de mauvais augure de remettre en cause le processus.
La période intérimaire, prenant effet à partir de la signature définitive de l’accord, a pour objectifs entre autres de : garantir l’adoption de textes réglementaires, législatifs et constitutionnels permettant la mise en place et le fonctionnement du nouveau cadre institutionnel, politique, sécuritaire et de développement économique, social et culturel ; réviser la loi électorale de manière à assurer la tenue aux niveaux local, régional et national au cours de la période intérimaire, d’élections en vue de la mise en place des organes prévus par l’accord ; l’adoption au plus tard dans les douze mois d’une nouvelle loi électorale par l’assemblée nationale… etc. Autant de reformes qui, au regard de la lourdeur administrative qui caractérise nos institutions, pourraient connaitre de nombreux retards.
Aussi, il est prévu dans les 60 jours suivants la signature de l’accord, l’institution d’un mécanisme opérationnel de coordination et des patrouilles mixtes qui sera chargé de planifier et coordonner les patrouilles mixtes incluant toutes les parties signataires. Egalement dans les 30 jours suivants la signature de l’accord, la commission technique de sécurité est sensée finaliser l’identification et la validation des sites de cantonnement et de démobilisation. Des sites qui devront être aménagés par la Minusma et livrés dans les 120 jours. Toujours dans les 30 jours suivants la signature, il est attendu des mouvements armés la soumission à la commission technique de sécurité d’une liste définitive et certifiée de leurs combattants et armements sur la base des principes définis dans le mode opératoire du 18 février 2014.
La mise en place d’une commission d’intégration des ex-combattants (dans les 90 jours) et d’une commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (dans les 60 jours) est prévue. Sans oublier le redéploiement des forces armées de défense et de sécurité (dans les 60 jours), la mise en place de police territoriale (dans les 12 mois) et des comités consultatifs locaux de sécurité (dans les 60 jours) dans les différentes régions du Nord.
Autant de dispositions qui nous permettent non seulement de cerner la complexité de la phase de mise en œuvre, mais par ailleurs de poser la récurrente problématique du respect rationnel du chronogramme de mise en œuvre de l’accord. L’on serait, pour des raisons aussi objectives que subjectives, tenter de dire que la mise en œuvre de l’accord se retrouve confronter à des impératifs de logique et de réajustements qui devraient être signalés le plus rapidement possible pour éviter toute interprétation de nature subversive par ceux qui, au fil du temps, ont fini par donner l’impression d’être de véritables caméléons.
Drissa KANTAO