L’image semblait plus destiner aux caméramans et aux photographes, que guidée par la sincérité. Cette image, c’est celle du président Ibrahim Boubacar Keïta, en compagnie de Dioncounda Traoré et de l’ancien dictateur Moussa Traoré. Les trois hommes sont restés quelques instants, mains dans les mains, et chuchotant, sous le regard de l’assistance du Cicb, après la fin de la cérémonie de signature de l’accord, le samedi dernier.
Mais beaucoup d’observateurs et surtout des citoyens maliens ont compris qu’il s’agit là d’une mise en scène, déroulée pour la circonstance, et dont l’objectif est de faire croire à l’union sacrée et à l’entente parfaite entre un chef d’Etat (IBK) et deux anciens présidents (Dioncounda et Moussa Traoré). Dans un Etat qui se respecte et qui respecte ses citoyens, l’on s’abstient de faire semblant au sommet. Or, c’est là l’un des problèmes de la gouvernance actuelle…
IBK et ses nouveaux amis ? Nombreux sont les Maliens à se poser des questions: qu’est ce qui peut bien rapprocher ces trois hommes ? Que partagent-ils en commun, si ce n’est d’occuper le fauteuil présidentiel ? Dioncounda Traoré a été certes son compagnon à l’Adema, mais il participa aussi à l’éjection d’IBK de ce parti, en 2001. Et Dioncounda Traoré, président de l’Adema et de l’Assemblée nationale, était parmi ceux qui arpentaient (presque quotidiennement) les couloirs du palais de Koulouba, sous ATT. De même pour IBK…
Dioncounda, tout comme IBK, a été un des grands bénéficiaires du coup d’Etat de Sanogo, en mars 2012. Si le second a condamné du bout des lèvres le putsch, le premier n’a jamais émis la moindre condamnation au sujet du renversement du pouvoir, alors qu’il était au perchoir. Et pendant toute la transition, les deux, à cause de leurs rapports respectifs avec la junte de Kati, ont certainement établi des rapports ignorés à présent des Maliens.
Et Moussa Traoré, renversé en 1991 par un soulèvement populaire? Il est devenu le « grand républicain » et jouit, à cet effet, des honneurs et privilèges dus à son rang. Ainsi va le Mali.
La Rédaction