9 000 civils et ex-combattants, dont plus de 200 éléments avec le grade de Colonel, vont intégrer l’Administration et les Forces armées et de sécurité
En vue de sa signature le 20 juin prochain : Le MNLA en campagne en faveur de l’accord de paix dans un camp en MauritanieA la suite de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, les ex-mouvements armés seraient en train de dresser la liste de leurs éléments civils et ex-combattants en vue de leur intégration » dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des Forces armées et de sécurité « . Cela conformément au point II de l’Annexe 2 relatif à l’intégration des ex-combattants et à l’article 16 dudit accord à travers lequel l’Etat s’engage » à rendre plus attrayante la Fonction publique des collectivités territoriales, prioritairement dans les régions au Nord du Mali et à favoriser le recrutement dans ladite fonction publique, dont les effectifs seront majoritairement réservés aux ressortissants des régions du Nord « .
Si les Maliens, suite aux effets de la crise économique dans laquelle ils végètent depuis le sinistre coup d’Etat du 22 mars 2012, ont accueilli avec soulagement la signature de l’accord susmentionné, force est cependant de reconnaître que leur inquiétude est loin d’avoir été dissipée. Loin s’en faut. Même les différents signataires du document ont tous reconnu que » maintenant, c’est le plus dur qui va commencer « . Se fondant pour cela sur les clauses notamment de l’annexe 2 relatif aux « mesures sécuritaires intermédiaires » qui prévoit, entre autres, » l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des Forces armées et de sécurité « .
Pour cela, il sera créé une » commission d’intégration » qui comprendra des représentants des Forces armées et de sécurité, de la Coordination et de la Plateforme. Un décret du président de la République en définira la composition, les missions et le mode de fonctionnement. Une personnalité » compétente et consensuelle » désignée par le chef de l’Etat en assumera la présidence.
Il reviendra ensuite à cette commission d’intégration d’établir les critères, les quotas et des modalités de l’intégration des ex-combattants et cela dans un délai maximum de 90 jours suivant la signature de l’Accord. De même qu’il appartiendra également à ladite commission de formuler « des propositions sur les modalités d’attribution des grades et reclassement« .
Toutefois, il est à souligner que les « membres des mouvements anciennement officiers des Forces armées et de sécurité maliennes seront réintégrés au moins aux mêmes grades« . Ceux qui ne remplissent pas les conditions et ceux qui choisiront de ne pas être intégrés « pourront bénéficier d’une pension de retraite, d’une pension proportionnelle ou d’une pension d’invalidité ou tout autre arrangement suivant le cas ».
La boîte de Pandore
Voilà, avant même que l’encre ayant servi à la signature de l’accord de paix ne sèche, que les différents mouvements ont commencé le recensement de leurs éléments devant être intégrés » dans les différents corps de l’Etat « .
C’est ainsi qu’il nous est revenu que ceux-ci seraient quelque 9 000 civils et ex-combattants, dont 200 avec le grade de Colonel et 400 avec celui de Commandant, de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) principalement et de la Plateforme, à vouloir figurer sur les prochaines listes à soumettre au gouvernement qui devra, » dans un délai qui n’excédera pas six mois, procéder à leur intégration dans les différents corps de l’Etat « .
Du côté de la CMA, tous les ex-combattants devraient, selon notre source, être logés uniquement dans les grades d’officiers et de sous-officiers. C’est dire qu’aucun homme de rang ne viendrait de ses
rangs.
Si dans le principe, il n’y a rien à redire, par contre le nombre de civils et de soi-disant ex-combattants à intégrer dans l’administration publique et dans les forces de défense et de sécurité semble beaucoup exagéré.Surtout au vu des maigres ressources d’un Etat encore convalescent s’il n’est toujours pas alité.
En tous les cas, selon l’article 16 dudit accord » L’Etat s’engage à rendre plus attrayante la fonction publique des collectivités territoriales, prioritairement dans les régions au Nord du Mali et à favoriser le recrutement dans la fonction publique des collectivités territoriales, dont les effectifs seront majoritairement réservés aux ressortissants des régions du Nord « . Avec le gonflement attendu de l’effectif, il est à parier que les autorités des collectivités territoriales éprouveraient d’énormes difficultés avec ces nouveaux arrivants. Où prendre l’argent pour payer tout ce beau monde? Telle est, en tout cas, la question qui vient tout de suite à l’esprit.
Mamadou FOFANA