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Achat de l’avion présidentiel : IBK en cause dans l’affaire Tomi ?
Publié le vendredi 26 juin 2015  |  Le Républicain
Arrivée
© AFP par SIA KAMBOU
Arrivée à Abidjan du nouveau Président malien, Ibrahim Boubacar Kéita
Vendredi 30 août 2013. Abidjan (Aéroport Félix Houphouët-Boigny). Le nouveau Président malien, Ibrahim Boubacar KEITA, Ibrahim Boubacar Kéita est en visite à Abidjan où il a été accueilli par son homologue ivoirien, Alassane Ouattara.




Marc Gaffajoli, directeur d’Afrijet, la société de location d’avions au Gabon appartenant à Michel Tomi, a été entendu en début de semaine à Nanterre, en région parisienne. Les policiers cherchent à savoir dans quelle mesure il a participé à l’achat du Boeing présidentiel d’IBK.

On peut tout dire d’IBK, sauf qu’il n’est pas un homme d’épreuves, car il en a tellement affronté depuis le 4 septembre. Au-delà des épreuves à relent de scandale, il est au centre de nombreuses turbulences liées aux marchés douteux, de corruption, de marché de gré à gré, coûtant des milliards de Fcfa au contribuable malien. Mais aussi de la mafia corse, de liens avec le parrain des parrains, Michel Tomi.

Si le Mali a tendance à renouer avec l’orthodoxie budgétaire, grâce aux efforts du jeune locataire de l’hôtel des Finances, Mamadou Igor Diarra, les faits liés aux relations avec la mafia corse ont la vie dure. L’utilisation frauduleuse des fonds de l’Etat a pu être réparée. Les cadres trempés dans les marchés d’achat d’armes et de fournitures de matériels militaires, ainsi que du Boeing 737 présidentiel, ont été frappés de sanctions administratives et écartés de la gestion des affaires publiques, des ministres aux directeurs généraux. Mais les entorses à la loi restent impunies.

Les marchés d’achat de l’avion présidentiel et autres marchés de l’Etat ont-ils profité à la mafia corse ? Le président IBK s’est-il servi des biens de l’Etat pour récompenser son frère Michel Tomi de ses bienfaits en faveur de sa candidature à l’élection présidentielle de 2013? La justice française semble vouloir en savoir plus sur le rôle joué par le parrain des parrains et son entourage dans l’achat de l’avion du président malien. Ce qui fait dire à notre confrère l’Aube : « Décidément le sort n’en finit pas de s’abattre sur Ibrahim Boubacar Kéïta. Le président de la République a-t-il à peine fini de savourer «sa» victoire pour la signature par la CMA de l’Accord d’Alger, que son nom, son image et sa notoriété, sont à nouveau, mis à mal outre-mer dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel ».

On sait de l’histoire que le ministre signataire du contrat d’achat du Boeing 737 a avoué, selon le BVG, que l’avion n’est pas propriété du Mali malgré les décaissements effectués à hauteur de 19 milliards de francs CFA. Le 737 a été immatriculé sur le registre de l’aviation civile de l’île d’Aruba (Antilles néerlandaises) située au large du Vénézuela au nom de la société » Mali BBJ Limited ».

Cette Société a été constituée le 7 mars 2014 à Anguilla (un territoire britannique d’outre mer situé dans les petites Antilles) selon un mandat donné, le 5 mars, à un avocat d’affaires par le Gouvernement du Mali aux fins de constituer une société pour immatriculer l’avion et l’exploiter. Pour l’exploitation du Boeing, le Gouvernement d’Aruba a attribué une licence radio avec des fréquences à une société dénommée « Jet Magic Limited » située à St-Julian sur l’île de Malte! En vue de l’utilisation de l’avion par le Président du Mali, un contrat-bail a été signé entre le ministère de la Défense du Mali et la société « Mali BJJ Ltd » (une société créée par le Gouvernement du Mali).

« Mali BJJ Ltd » étant une société créée par le Mali, les redevances générées par l’exploitation de l’avion devraient être payées au Mali. Ainsi donc, l’histoire du Boeing 737 malien n’est rien d’autre que l’histoire d’une » ingénierie » financière diabolique d’essence mafieuse mêlant sociétés-écrans et paradis fiscaux, le tout, au détriment du trésor et du contribuable maliens.
Rebondissement

Marc Gaffajoli, directeur d’Afrijet, la société de location d’avions au Gabon appartenant à Michel Tomi, a, en effet, été entendu en début de semaine à Nanterre, en région parisienne. Les policiers cherchent à savoir dans quelle mesure il a participé à l’achat du Boeing présidentiel d’IBK.

La révélation est faite par le magazine Jeune Afrique (avec AFP), dans sa parution du mardi 23 juin : un proche de l’homme d’affaires français Michel Tomi a été auditionné, lundi, dans le cadre de l’enquête pour corruption.

Même si aucune charge n’a été retenue contre lui, ni aucune mise en examen prononcée pour le moment, l’hebdomadaire révèle que les policiers cherchent à savoir dans quelle mesure Marc Gaffajoli (directeur d’Afrijet, la société de location d’avions au Gabon appartenant à Michel Tomi) a participé à l’achat du Boeing présidentiel malien, estimé à 20 milliards de FCFA (environ 30,5 millions d’euros). L’ancien ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, avait été également auditionné par les enquêteurs français en charge du dossier Tomi. En plus de Gaffajoli, un autre intermédiaire de Michel Tomi, un résident gabonais, a aussi été placé en garde à vue le 22 juin. Il s’agit du directeur financier de Kabi qui contrôle Afrijet.

Pour certains milieux politiques et judiciaires français, le nom d’IBK semble désormais intimement lié à celui de « son ami et frère » Tomi, un poids lourd du monde des jeux en Afrique de l’Ouest avec son groupe Kabi (casinos, Pmu) et qui avait été mis en examen en juin 2014, notamment pour corruption d’agent public étranger, faux et usage de faux, abus de confiance, recel d’abus de bien social, complicité d’obtention indue d’un document administratif et travail dissimulé. Les magistrats du pôle financier de Paris s’intéressent fondamentalement aux liens entre l’homme d’affaires et le président IBK. Au cours des investigations, des conversations téléphoniques d’Ibrahim Boubacar Keïta et d’Ali Bongo Ondimba du Gabon, avec Michel Tomi, dont le site Mediapart a publié des extraits récemment, ont notamment été interceptées.

Elles révèlent que le parrain des parrains corse a rendu de multiples services à Ibrahim Boubacar Keïta, allant du paiement et de réservations de chambres d’hôtels dans des palaces français jusqu’à la prise de rendez-vous médicaux en France etc. « Jusqu’où ce nouveau rebondissement nous mènera-t-il ? », s’interroge l’Aube. Aussi, y a-t-il jamais fumée sans feu ? Jusqu’où IBK pourra –t-il se prévaloir du bénéfice du doute ?

B. Daou
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