M. Attaye ag Mohamed est le Chargé des questions de droit de l’homme de la CMA. Il s’est confié à « La Sirène » au sortir de la salle de signature de l’accord de paix et de réconciliation le samedi 20 juin dernier ai CICB. Interview !
La sirène : Quel est le sentiment qui vous anime après cette signature ?
Attaye: Bon comme on l’a dit nous pensons que c’est un pas très important, la signature c’est un engagement, la mise en œuvre c’est la paix donc la paix viendra après la mise en œuvre. Maintenant elle va se construire sur le respect des dispositions des accords c’est pourquoi nous avons parlé de l’engagement des parties, de la bonne interprétation de l’accord de son contenu mais aussi de comprendre que la paix c’est dans les actes, la paix c’est dans ce que nous ferons après ce grand acte que nous avons posé aujourd’hui qui est celui de tracer le chemin à travers lequel nous voulons instaurer un climat de paix d’égalité et de justice sur toute l’étendue du territoire au Mali en général et dans l’azawad en particulier.
La CMA a décidé d’apposer sa signature sur le document est ce que cela peut expliquer la fin de la crise sociopolitique au Mali ?
Nous l’espérons beaucoup, la fin c’est dans les actes, la mise en œuvre il n’aura pas de fin si on s’arrête seulement aux gros mots, aux gros discours politiques, au populisme et à la mobilisation générale. Ici c’est une scène où il y’a une télé, des chaises, le peuple qui souffre ne sait même pas encore si on a signé. Il est dans la brousse, il n’as pas accès à internet, il n’a pas de télé, il n’ya pas de radio, il suit. Il faut répondre aux besoins de ce peuple pour qu’il y’ait l paix. Donc pour que ce peuple puisse sentir la paix il faut aller vers du concret.
Est-ce que cette signature explique que les armes vont se taire?
Espérons-le beaucoup, nous n’avons jamais voulu prendre les armes, mais nous n’avions pas le choix. On nous a obligés, on nous a exigé de prendre les armes pour nous faire entendre. Espérons et prions que les armes ne sonnent plus sur ce territoire. Prions pour ça.
A compter de la signature, une nouvelle page va s’ouvrir dans l’histoire du Mali c’est-à-dire la paix et la réconciliation nationale qu’en dites vous?
C’est ce que tout le monde dit, si on parle de nouvelle page c’est que l’ancienne était vraiment grattée, il y’avait des erreurs et il faut qu’on les corrige. Tout le monde parle d’espoir et l’espoir se renaît quand on reconnaît qu’il y’a eu des erreurs dans le respect des droits de l’homme, dans le respect de la dignité, dans l’égalité de tous les maliens et aujourd’hui il faut aller vers cela et on verra si on pourra faire la paix ou pas.
Après que toutes les parties aient signé l’accord, est ce que vous rassurez le peuple que vous respectez vos engagements?
Nous n’avons jamais violé nos engagements mais c’est plutôt au peuple de comprendre qu’il faut exiger de son gouvernement et de toutes les parties le respect de leurs engagements. Il faut que le peuple cherche l’information, il n’ya pas que l’Etat qui communique, nous communiquons et tous ce que nous avons dénoncé est vrai. Nous l’avons dénoncé et le monde est venu témoigner parce que c’est vrai et tant que nous nous ne mettons pas devant la réalité, tant que nous n’acceptons pas qu’il y ait un changement, il n’y aura pas de changement. Vous avez bien vu qu’on change de mot du jour au lendemain, tantôt on nous qualifie de rebelles tantôt de bandits, tantôt de narcotrafiquants, rebelles, maliens ou frères parce que quelque part le discours politique veut cacher la vérité sur le terrain. Aujourd’hui les maliens pour avoir la paix doivent comprendre qu’il y’a une vérité qu’il faut découvrir, qu’il faut dénoncer, qu’il faut corriger et ainsi nous vivrons ensemble comme nous l’avons fait toujours.
Réalisée par Mohamed Salaha