En prélude au lancement de la campagne agricole 2015-2016 en zone Office du Niger, une délégation du Ministère du Développement rural, conduite par son secrétaire général, s’est rendue sur le chantier du casier hydraulique de Touraba, situé dans la commune rurale de Sokolo, zone de Kouroumari. Le chantier accuse un retard criard imputable en grande partie à l’entreprise Sesg.
Le casier hydraulique de Touraba est un projet agricole sous-régional financé, à l’initiative de l’Etat malien, par l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), à hauteur de 11.529.583.700 milliards FCFA. Il a pour objectif de contribuer à la satisfaction des besoins alimentaires des populations et au développement économique et social des Etats membres de la zone Uemoa. C’est dans cette perspective que les travaux de ce vaste chantier ont démarré le 20 janvier 2011 pour un délai d’exécution initial de 24 mois, ramenés à 33 mois à cause de la crise sociopolitique qui a secoué notre pays entre 2012 et 2013. A cela, il faut ajouter la mauvaise organisation de l’entreprise en charge de l’exécution des travaux qui n’est autre que la Société d’exploitation de sable et de gravier (Sesg) qui traîne les pieds. Selon un responsable du bureau du contrôle, le chantier rencontre plusieurs difficultés à cause essentiellement des faibles moyens logistiques déployés par l’entreprise sur le terrain d’une part et le refus des paysans à accepter l’enlèvement des tuyaux qui entravent la poursuite de la réalisation des canaux d’irrigation et la longue procédure de signature d’un avenant qui a pris un an pour être conclu entre l’Uemoa et l’Agetipe, d’autre part. Tous ces facteurs ont sérieusement impacté les délais de livraison du chantier.
A noter qu’à l’arrêt des travaux en août 2014, l’Etat d’avancement était de 48,2% pour 92,6% de délai consommé. Au vu des difficultés rencontrées pouvant perturber la campagne et les objectifs du projet, il a été décidé de terminer en régie dans un délai de six mois à compter de mars 2015. A cela, il faut ajouter que l’entreprise a été indemnisée pour ses réclamations relatives aux préjudices liés aux événements de l’attaque de Diabaly en janvier 2013. Malgré toutes ces flexibilités du bailleur (Uemoa), le chantier avance à pas de tortue. D’où les mises en garde de l’envoyé du Ministre aux responsables de l’entreprise Sesg. Lors du passage du chargé du projet à l’Uemoa, Hervé Ouédraogo, le 20 mars 2015, il avait été convenu entre les parties de terminer les travaux essentiels en juillet prochain. Force est de constater aujourd’hui que l’avancement cumulé des travaux réalisés à la date du 31 mai 2015, fait ressortir un taux de réalisation global par rapport au montant dû (état de décaissement près de 8 milliards F CFA sur les 11 milliards) est de 55,9% pour un délai consommé de 27 mois soit 81,8% du délai contractuel réajusté avec la régie à 33 mois soit 27 plus 6 mois.
Pour palier ces difficultés, qui retardent le bon déroulement des travaux, certaines solutions ont été proposées à la délégation ministérielle, notamment le déplacement des villages de l’emprise des travaux principalement le village de Kouramébougou ; le siphonage au niveau du distributeur avec la suspension des travaux de revêtement au droit des zones siphonnées, surcoût lié à la reprise ; aussi le dédoublement des équipes et un renforcement du parc roulant entre autres solutions. M. Kéléma n’est pas allé avec le dos de la cuillère, il a exigé à ce que le casier soit livré dans les délais afin que son exploitation puisse démarrer au cours de cette campagne. La délégation a quitté cette zone avec un sentiment très mitigé et a promis de gérer les problèmes avant la fin de ce mois avec les villageois à travers une réunion pour mettre les points sur les i.
A noter que dans le cadre de la mise en œuvre du projet régional de mise en valeur des terres à l’Office du Niger, l’Uemoa a conclu une convention de financement avec le gouvernement pour l’aménagement de 11.288 hectares dans la zone de production de Kouroumari. Sur cette superficie, 9.114 hectares appartiennent au casier de Kandiourou et 2174 à celui de Touraba, dont seulement 500 hectares devraient être livrés cette campagne.
Dans le cadre de cette convention, 10% des terres aménagées seront attribuées aux populations autochtones soit 4 à 5 ha par paysan et 90% aux ressortissants des Etats de l’Uemoa soit 10 à 20 ha par exploitant privé et les grands investisseurs 30 à 60 ha, qui en feront la demande. Ces derniers rembourseront les coûts d’aménagement (réseaux secondaires, tertiaires et parcelles). Une convention de délégation de gestion à travers des baux emphytéotiques sera conclue entre l’Office du Niger et l’Uemoa pour les ressortissants de l’espace communautaire.
La convention de financement prévoit aussi la réinstallation des populations déplacées du fait des aménagements. Cette réinstallation comprend la construction de maisons, la viabilisation de sites et l’indemnisation de biens perdus. Si les travaux pour les sites de recasement avancent normalement, tel n’est pas le cas pour le chantier d’aménagement de 500 hectares de Touraba. Il faut, par ailleurs, préciser que les travaux de Kandiourou n’ont pas démarré, faute de financement.
ABD