Les ratissages avaient encore lieu dans la ville de Nara hier dimanche à 9h. Les habitants qui préparaient le traditionnel marché hebdomadaire du lundi ayant aperçu des "individus étrangers au Cercle" en avaient avisé le chef du camp militaire. Aussitôt des soldats se transportèrent sur les lieux, arrêtèrent les suspects après quelques tirs de sommation. Il n'en fallait pas plus pour recréer, -mais cette fois-ci vite vaincue- la terrible psychose de la journée du samedi où les résidents se sont terrés chez eux jusqu'en début d'après-midi.
Ce samedi matin c'est vers cinq heures qu'ont crépité les premiers coups de feu dans plusieurs endroits de la ville avant de se concentrer sur une direction qui était celle du camp militaire. Nara venait d'être attaqué. Par qui? Samedi on ne le savait pas. Les rares témoins du spectacle des assaillants en train d'avancer dans les rues conduisant à la mosquée ont certes entendu des cris de ralliement propres au jihadistes ( Allahou Akbar, Lahilahi Allahou).
Des portraits-robot ont été certes dressés ( suggérant une alliance touareg, arabes peuls et autres "teints noirs"). Et des sources assurent avoir entendu les assaillants parler qui tamasheq qui peul qui bamanan. Mais c'est dimanche que le site Saharamedia généralement sollicité par les jihadistes du Nord malien a attribué l'attaque de Nara a Ansardine d'Iyad Ag Ali rejoint par des combattants peul. Le site ne précise toutefois pas s'il s'agit des proches de Hamadoun Kouffa jihadiste très connu de la région de Mopti et vers Namapala qui serait le fondateur du "Mouvement pour la renaissance du Macina".
Bilan et hypothèses
Au bout de près de cinq heures d'affrontement, Nara a retrouvé son calme vers 15h. Le bilan varie. Et les assaillants n'ont pas donné le leur. Ce qui est sûr c'est qu'ils se sont repliés. Repli tactique ou fuite, la retraite des assaillants a été bien accueillie. Le bilan gouvernemental fait état de neuf morts chez les assaillants et trois dans l'armée. " j'ai compté quatre corps au camp militaire, un au camp de garde et un autre près de la maison de Dioncounda Traoré.
Tous étaient de peau claire" déclare une source qui ajoute que la résidence de l'ancien président de la transition malienne avait été encerclée un moment avant d'être partiellement vandalisée. " Il y des impacts de balle partout sur les murs de cette résidence".
L'ancien président qui avait en son temps obtenu l'intervention française n'était pas dans sa ville natale ce samedi. Par pur hasard car il y est fréquent. D'où sont venus les assaillants? Il y a peu de doute selon les habitants de Nara qu'ils sont venus de la forêt du Wagadou. Leurs mouvements avaient été signalés à l'armée avant précisent certaines sources et ceci expliquerait que les " femmes et les enfants avaient quitté le camp vendredi".
Une semaine après la signature de l'accord du 15 mai par la rébellion politique, les jihadistes par l'attaque de Nara viennent rappeler le chemin à parcourir pour que la paix prévale. C'était samedi et le lendemain dimanche, dans la région de Sikasso, l'attaque de Kolondieba confirme le défi. Il est vrai que cet assaut qui n'a pas provoqué de pertes humaines n'est ni revendiqué ni attribué pour l'instant.
Adam Thiam