L'Accord pour la paix et la réconciliation nationale est entrée en vigueur depuis le dimanche 21 juin 2015 après le parachèvement de sa signature par la CMA (Coordination des Mouvements de l'Azawad).
CMA-signatureAujourd’hui, le Mali fait face aux différents défis de sa mise en œuvre avec l’accompagnement de la Communauté internationale sous la direction de la Médiation algérienne, président du comité de suivi. Cela nécessite la confiance réciproque et de dialogue sans violence entre les différentes parties.
Les groupes rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ont signé samedi 20 juin l’accord de paix, déjà accepté il y a un mois par le gouvernement malien et par les groupes armés loyalistes. Une signature qui met fin à plus de trois ans et demi de conflit, et à près d’un an de négociations. Et qui ouvre une nouvelle période sans doute pas moins compliquée, tant les défis à relever sont nombreux pour mettre en place cet accord.
Pour la mise en œuvre de cet accord, le Ministre français de la Défense, M. Jean Yves Le Drian a séjourné au Mali du lundi 22 au mardi 23 juin dernier. Au cours de cette visite, il a rencontré les plus hautes autorités du Mali, entre autres, le Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Kéïta, le Premier ministre, M. Modibo Kéïta et son homologue malien chargé de la défense et des Anciens combattants, M. Tiéman Hubert Coulibaly.
Désormais, la priorité, c’est sa mise en œuvre. A l’issue de la signature du texte par les groupes rebelles, un comité de suivi a été mis en place et dirigé par le chef de file de la Médiation, le Ministre d’Etat Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République populaire Démocratique Algérienne, SE. M Ramtane Lamamra. Quatre commissions thématiques pour décider des prochaines échéances ont été installées pour la circonstance.
Parmi les « travaux d’Hercule » à engager désormais figurent, entre autres, l’épineux problème du désarmement, la reconstruction ou encore la formation de la nouvelle armée nationale, notamment au nord avec une cohabitation entre soldats gouvernementaux et » ex-rebelles « , comme il convient de les appeler désormais.
Le comité a d’ailleurs tenu sa première réunion le dimanche 21 juin 2015 à Bamako pour » organiser les modalités de mise en œuvre » de l’accord.
De sources concordantes, cette réunion devrait s’attendre concrètement sur le terrain à un » normalisation progressive « , avec une cessation des hostilités. Le plus important selon notre source, c’est de » s’assurer qu’aujourd’hui, tous ces groupes qui se regardaient en chien de faïence, puissent regarder dans la même direction et pour l’intérêt du Mali ».
Au sein du comité de suivi siègeront plusieurs groupes et forces, dont la partie gouvernementale, les anciens rebelles et plusieurs médiateurs, notamment l’Algérie, qui a pris quelque peu de force la direction de l’instance. Aussi, les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU auront également leur place dans le comité.
« Mesures de confiance » entre les parties
Aujourd’hui, tout le poids incombe sur le gouvernement malien qui doit travailler d’arrache-pied de telle sorte que le document puisse être pris en charge réellement par la partie malienne.
Concernant la région de Kidal, très prochainement, le processus sera engagé afin que l’armée puisse se déployer sur l’ensemble du territoire national et de façon progressive. Aussi, des groupes thématiques se mettront en place pour regarder le processus de désarmement et de démobilisation. Dans ce sens, une stratégie de développement sera élaborée. Aussi, dans quelques semaines, sera tenue à Bamako une conférence des donateurs pour pouvoir mobiliser toutes les ressources nécessaires par rapport à l’application de l’accord « , révèle notre source.
Du côté de la CMA, le plus vite possible, il faut les mesures de confiance entre le gouvernement et les mouvements armés. » Nous attendons la libération des détenus, les problèmes de sécurité, et puis l’aide d’urgence, parce que nous sommes dans une période si dure. Il faut d’urgence apporter une aide aux populations dans le nord », a déclaré M. Sidi Ibrahim Ag Sidati, le signataire de l’accord le 20 juin à Bamako.
« Dialogue exigeant », « mais sans violence »
Dans son discours, le chef de la mission des Nations unies au Mali, Mongi Hamdi, a prévenu que la mise en œuvre de l’accord de paix nécessitera du courage et de la persévérance. Des difficultés dont semble être conscient Mahamadou Djeri Maïga, vice-président de la CMA, qui a évoqué dans son discours un » dialogue exigeant » mais » sans violences « .
Selon lui, l’accord » n’est certes pas parfait « , mais il » constitue une base de travail pour entamer un processus complémentaire sur la base d’un dialogue direct, objectif mais sans violences. Un dialogue exigeant mais sur la base des dispositions consensuellement arrêtées et mutuellement respectées ; et un dialogue qui nous conduira ensemble à trouver enfin une solution satisfaisante pour tous quant à la problématique de l’Azawad ».
Youssouf Sangaré