Après l'attaque de Misséni il y a deux semaines et celle perpétrée il y a trois jours contre le village de Fakola par des groupes armés jihadistes se réclamant d'un certain Moussa Sanogo de la secte Dawa, la région de Sikasso baigne dans une situation de psychose généralisée. C'est le moins qu'on puisse retenir du climat qui caractérise la 3e région administrative du Mali.
En effet, au moment de l’attaque de Fakola, la dernière cible des groupes Djihadistes de la région de Sikasso, la population n’a trouvé mieux que de vider le village.
La même frayeur s’empare des habitants des localités de Kadiana, Kolondiéba, et de Toussékéla, tous annoncées être dans le viseur des Djihadistes. A travers un message distillé lors de l’attaque du samedi dernier contre la ville de Fakola, les Djihadistes annoncent une razzia dans les quatre premières localités citées. Une menace que les habitants de ces localités prennent avec le plus grand sérieux. Car les précédentes attaques perpétrées ont toutes été d’abord annoncées et exécutées en toute impunité.
Le vivendi operandi de ces bandits laisse à croire qu’ils sont de la zone pour avoir réussi à commettre leur forfait et disparaître ensuite dans la nature sans se faire repérer. En d’autres termes, les bandits armés sont connaisseurs de la zone et de la forêt (Sama Koungo) où ils trouvent refuge.
Les chasseurs vers lesquels tous les regards sont tournés pour laver ce que l’on peut considérer comme un affront aux Forces armées ne sont pas pour l’heure dans des dispositions de coopération. Selon un habitant de Kolondiéba, « les Donzons (chasseurs traditionnels) qui connaissent mieux le Sama Koungo sont en froid avec les autorités avec lesquelles ils avaient eu maille à partir suite à une affaire d’agression contre un juge ».
A qui se fier donc pour aider l’armée nationale à mettre aux pas ces forces de nuisance ?
Cette question demeure sans réponse quand on sait que la population civile qui doit aussi coopérer se terre derrière une peur bleue de se faire dénoncer plus tard.
« On ne sait pas qui est qui, surtout qu’il se murmure que les bandits détiennent d’informateurs au sein de la population », renchérit toujours cet habitant de Kolondiéba sous couvert de l’anonymat. De constants d’habitants, ces jihadistes font les yeux doux aux populations des zones cibles : « Une fois dans une foire, ils achètent les denrées aux prix proposés et repartent en brousse. Mieux, ils rappellent à tous qu’ils n’ont rien à voir avec les populations civiles ». Cette fausse sympathie semble conquérir parmi la population. Pourtant, à en juger par la terreur semée au moment de l’occupation du nord par les séparatistes du MNLA/HCUA et leurs alliés terroristes, on comprend que cette main supposée amicale tendue peut subitement se muer en une main de fer surtout lorsque de nouveaux éléments exogènes viendront s’en mêler.
Pour l’heure, l’armée ne devra pas compter pour autant sur une collaboration des populations qui cèdent depuis les premières attaques dans la zone à la panique. Les FAMa devront comprendre que la situation actuelle exige une stratégie militaire pour démanteler les fomentations des bandits et la connexion qu’ils pourraient tenter de développer dans le lot des jeunes désœuvrés de la zone avec l’argent facile comme appât.
L’urgence de la riposte de l’armée n’est plus à démontrer quand on sait que les attaques sporadiques dans ces zones de production agricole par excellence constituent une réelle menace pour la campagne agricole en cours dont les prévisions céréalières sont chiffrées à plus de 8 millions de tonnes.
Bréhima Sogoba