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Le PARENA parle d’engrais frelate : "IBK fait partie des protagonistes du scandale"
Publié le mardi 30 juin 2015  |  L’Indicateur Renouveau
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de pose de la première pierre de l`hôtel Sheraton Bamako
Bamako, le 25 juin 2015. Le président Ibrahim Boubacar Keita a procédé à la pose de la première pierre de l`hôtel Sheraton Bamako du Groupe KOIRA HOTEL Investment.




La guerre qui oppose les magnats de l’engrais n’a pas fini de livrer tous les secrets de cet univers dont l’opacité est une des caractéristiques principales. Dans une autopsie sans concession publiée lundi, le Parena a livré le fond de sa pensée pour édifier les citoyens sur les enjeux économiques d’une affaire plus grave que tous les autres scandales que nous avons connus jusqu’ici de la gouvernance d’IBK et propose la démission du MDR, Bocary Tréta, de Bakary Togola et la dissolution du GIE que dirige ces responsables.
Le Parti pour la renaissance nationale (Parena) estime que l’affaire dite engrains frelaté est le résultat de l’impunité encourageant à la morale publique. Dans un mémorandum publié lundi, le comité directeur du parti, présidé par Tiébilé Dramé a fait savoir que l’affaire dite de "l’engrais frelaté" est plus grave que tous les autres scandales que nous avons connus jusqu’ici qui affecte la production agricole du pays et l’environnement et met en évidence un mécanisme éhonté d’exploitation, de paupérisation et d’enchainement du paysan malien dont le sang et la sueur sont bus par des opérateurs économiques véreux disposant d’un large réseau de complicités au sein du pouvoir d’Etat.
Selon le parti Parena, le marché de l’engrais et des pesticides est la poule aux œufs d’or au Mali. C’est bon an, mal an, des dizaines de milliards de francs CFA. Pour la campagne agricole 2015-16, c’est plus de 60 milliards de F CFA pour les engrais et 20 milliards pour les pesticides.
"Outre les facilités douanières et fiscales accordées aux importateurs, l’Etat subventionne l’engrais à hauteur de 35 milliards de francs CFA pour la campagne en cours, qui encore vendue par les fournisseurs maliens plus chère au Mali qu’au Burkina et en Côte d’Ivoire", souligne le document, ajoutant que 16 opérateurs ont partagé le marché de l’engrais cette année.
"Les protagonistes du scandale en cours sont les deux fournisseurs, le président du syndicat des producteurs de coton, le GIE qu’il préside, le ministre du Développement rural et le président de la République. Les victimes sont : le paysan, le contribuable, le consommateur et l’Etat maliens.
La morale publique ne sort pas grandie de ce nouveau scandale de l’ère IBK".
Bakary Togola, le GIE et les commandes 2015-2016 !
Depuis la restructuration du secteur coton en 2006, le marché des engrais est géré par un groupement d’intérêt économique présidé par le président de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UNSCPC) connue sous le nom de syndicat des cotonniers. C’est ce GIE qui se réunit chaque année pour attribuer aux fournisseurs soumissionnaires les parts de marchés et les milliards correspondants. Car l’engrais, c’est une affaire de milliards. La campagne est financée par les banques et par l’Etat qui subventionne le prix de l’engrais à hauteur de 35 milliards. La récolte étant collectée et vendue par la CMDT, les paysans reçoivent leur dû après remboursement des prêts bancaires.
Son président, Bakary Togola, est devenu, au fil des ans, un des hommes les plus importants du pays. Cet homme préside également Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam). La présidence du GIE est liée à celle de l’Union des sociétés coopératives des producteurs de coton qui connaît une profonde crise de gouvernance.
Pour la campagne agricole 2015-2016, plus de 60 milliards de F CFA seront déboursés par les producteurs de coton et l’Etat maliens au titre des engrais et 20 milliards pour les pesticides. "Le 4 octobre 2014, le GIE de Bakary Togola, a délibéré et attribué les marchés d’importation de l’engrais de la campagne 16 opérateurs pour les 210 000 tonnes du secteur coton et 8 opérateurs pour les 37 000 tonnes destinées au secteur céréales pour des prix unitaires oscillant entre 317 000 F CFA et 245 000 F CFA la tonne... ".
Le Parena ajoute que Toguna, créée en 2008, s’est imposée très vite comme un opérateur majeur du marché des engrais. "Adjudicataire à l’issue du dépouillement du 4 octobre 2014, de 136 .000 tonnes sur les 247.000 tonnes, Toguna a saisi officiellement le gouvernement, en novembre 2014, de la qualité douteuse des engrais fournis par la société Somadeco, le principal fournisseur. Après plusieurs semaines d’atermoiements, les autorités ont fini par ordonner des analyses en laboratoire. Pour vérifier la qualité des engrais livrés, des échantillons ont été prélevés chez tous les fournisseurs sur un total de 9000 tonnes livrées. Les résultats provisoires, communiqués, le 8 avril, par la direction nationale de l’agriculture, ont démontré que 37 % des 9000 tonnes ne correspondent pas aux normes de la Cédéao, car déficitaires en phosphate, azote, potasse et autres éléments nutritifs…".
Selon le document, les développements inattendus de ce que tout le pays appelle désormais le scandale de "l’engrais frelaté" ont forcé le ministre du Développement rural à venir répondre à l’interpellation des députés. "Lors de son passage à l’Assemblée nationale, le ministre Bocary Tréta n’a pas répondu aux questions posées par les députés. Avec aplomb, le ministre a dit, aux députés, aux paysans et au pays tout entier qui le suivaient à la radio et à la télé qu’il n’était mêlé ni de près ni de loin à la passation des marchés d’engrais. A l’écouter, la question de l’engrais est laissée à la seule discrétion du GIE présidé par Bakary Togola. Ainsi donc, le gouvernement se désintéresserait de l’achat de l’engrais dans lequel l’Etat apporte une subvention de 35 milliards de F CFA.
La responsabilité du chef de l’Etat
Lors du conseil supérieur de l’agriculture tenu le 26 mai 2015, le président de la République a dénoncé le scandale de l’engrais frelaté. "Et pourtant, rien ne permet de penser que le président de la République n’était pas au courant de cette ténébreuse affaire connue de plusieurs ministres et du Premier ministre depuis les débuts. Le président a reçu le 2 mars 2015 au Palais de Koulouba le Collectif des producteurs de coton pour la défense de la bonne gouvernance qui l’a longuement entretenu du fonctionnement non démocratique de l’Union des coopératives, de la fin du mandat de Bakary Togola depuis 2013, de la violation des textes régissant les sociétés coopératives et de la mauvaise gouvernance des organisations paysannes. Le président avait promis aux cotonniers rencontrés qu’il allait s’occuper de l’affaire… Le Collectif attend toujours".
Or, ajoute-il, plusieurs mois auparavant, samedi 4 octobre 2014, IBK a reçu à Sébéninkoro, le président du GIE venu lui soumettre les résultats de l’attribution des marchés d’engrais. Après s’être rassuré que les heureux bénéficiaires des contrats de milliards sont des opérateurs économiques amis, le chef de l’Etat a validé les résultats du dépouillement fait par l’équipe Bakary Togola. Ces mêmes résultats qui avaient été préalablement approuvés par le ministre du Développement rural.
Aux anges, Bakary Togola quitta la résidence de Sébéninkoro, escorté par deux motards de la sécurité présidentielle qui l’ont conduit à son bureau.
"La guerre qui oppose les magnats de l’engrais n’a pas fini de livrer tous les secrets de cet univers dont l’opacité est une des caractéristiques principales. L’opinion et les producteurs de coton savent désormais que des opérateurs économiques véreux préfèrent faire du chiffre au détriment du paysan, du pays, des rendements agricoles et de la qualité des sols. La paupérisation du producteur en est une conséquence. A la fin de la campagne, celui-ci doit en effet rembourser les dettes contractées au titre de l’engrais et des pesticides. Déjà, dans plusieurs régions cotonnières, les producteurs sont formels, le rendement varie entre 700 et 800 kilogrammes par hectare à cause du mauvais engrais (‘nôgôjugu’)", souligne le document.
Pour le Parena, l’interpellation du ministre en charge de l’agriculture n’a pas permis d’éclairer l’opinion sur les enjeux et les dessous de la guerre que se livrent des opérateurs économiques du secteur sur fond d’utilisation opaque de dizaines de milliards de F CFA au vu et au su des pouvoirs publics. Au contraire, le ministre a entouré d’un épais brouillard le sujet.
L’autre paume de discorde est qu’IBK n’ignore rien de l’affaire de l’engrais et de la situation au sein des producteurs de coton. Le Parena recommande la démission de Bocary Tréta, la démission de Bakary Togola et la dissolution du GIE que dirige Togola.
Bréhima Sogoba
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