Suite à leur étude sur: «Les impacts socio-économiques du secteur minier dans la région de Kayes», l’Agence de développement territoriale de la région de Kayes (Atdrk), le Groupe d’Etude et de recherche en sociologie et droit appliqué (Gersda) et International Alert, ont organisé le 29 juin 2015 à l’Hôtel Mandé de Bamako, à l’intention des élus de la commission des Mines de l’Assemblée nationale, des maires (Kéniéba et Bafoulabé), des représentants des services techniques de l’Etat, des Ong, des partenaires et des communautés de la région, une conférence de dissémination sur les résultats acquis. Soutenue par la coopération allemande du Mali (la GIZ), l’étude entre dans le cadre de son programme d’appui à la gouvernance des industries extractives. Il s’agit de contribuer à la réflexion sur la problématique minière au Mali.
Drame sur une mine d’orLes travaux ont été ouverts par le secrétaire général du ministère des Mines, Mamadou Traoré, représentant le ministre de tutelle. Selon le coordinateur du Gersda, Pr Amadou Kéita, le rapport fait la synthèse des principaux résultats, et présente des recommandations pour tous les acteurs impliqués. Pour bien saisir l’impact de l’activité minière, accentue-t-il, les dimensions économiques, projet de développement communautaire relevant de la Responsabilité sociale des entreprises (Rse), la cohésion sociale, environnementale et conflits, ont été abordées. Concernant la dimension économique, indique Amadou Kéita, les entreprises opérant sur les sept sites miniers de la région emploient en 2015 7.692 personnes (dont 7.375 nationaux, soit 95%), paient 2.113.787.753 FCFA de taxes aux collectivités locales, et achètent plus de 300 milliards aux fournisseurs et sous traitants «locaux». Par rapport à l’impact des projets communautaires, appuie Amadou Kéita, les efforts de la part des compagnies aurifères se traduisent par des montants annuels alloués au développement communautaire pour chacune oscillant entre 40 millions de FCFA à 468 millions de FCFA. Aux dires d’Amadou Kéita, l’activité minière a entrainé des bouleversements sociaux liés à la surpopulation, l’abandon scolaire, la hausse généralisée des prix et la dégradation de mœurs, l’abandon des terres par les jeunes qui a baissé la production agricole. Par ailleurs, souligne l’orateur, il est perçu que l’activité minière industrielle et artisanale entraine une destruction de l’environnement dont souffrent les populations et qui se manifeste par la disparition de la flore, la dégradation des routes, l’affectation de la nappe souterraine, la stagnation du bassin à boue contenant des eaux toxiques, l’utilisation des produits toxiques, et la pollution de l’aire. Le coordinateur a révélé que des dysfonctionnements au sein de l’appareil étatique, ainsi que les faiblesses de la décentralisation lorsque cette dernière n’est pas accompagnée de transfert de compétence et de capacités pour appliquer les différentes dispositions du code minier sont les causes des maux indiqués plus haut. «Dans la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 juin, le gouvernement s’est fixé comme ambition de favoriser le développement communautaire et d’améliorer la gouvernance économique dans les industries extractives. Cette ambition intervient dans un contexte où la question de l’impact socio économique de l’activité minière est sujet de première importance», précise Mamadou Traoré. Le Mali, martèle Mamadou Traoré, est devenu aujourd’hui un pays minier par excellence avec une production d’environ 50 tonnes d’or/an, 10 sociétés minières en exploitation, 248 milliards de FCFA de contribution aux recettes budgétaires, 70% des exploitations du pays, 28% des recettes fiscales et 8% de contribution au produit intérieur brut. Il a salué l’initiative qui contribuera à renforcer la réflexion sur la problématique minière au Mali. Au terme des échanges, des recommandations ont été formulées par les participants pour améliorer le rapport.
Hadama B. Fofana