Le 20 juin à Bamako, Sidi Ibrahim Ould Sidatti signait au nom de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) l’accord de paix et de réconciliation d'Alger avec le gouvernement malien. Celui qui est par ailleurs secrétaire général du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) a rencontré "Jeune Afrique" dans sa suite de l’hôtel Radisson, où il tient de nombreuses consultations, pour évoquer l'avenir. Interview.
Jeune Afrique : Après la signature de l’accord d’Alger à Bamako, le 20 juin, la confiance est-elle de retour entre les parties ?
Sidi Brahim Ould Sidati : Notre problème majeur, c’est le manque de confiance les uns envers les autres. Or les séquelles de tous les accords passés sont telles qu’il n’y a plus de confiance. Les acteurs doivent désormais rassurer la population en respectant toutes les closes de l’accord.
Certains de vos membres, sur le terrain et en Europe, ont manifesté leur opposition à la signature de l’accord…
Normal ! L’accord en tant que tel ne prend pas en compte toute nos revendications. Mais je pense qu’il y a un compromis intéressant, surtout au sujet des derniers amendements signés [qui concernent les « arrangements sécuritaires », avec notamment le retrait du Gatia de Menaka, NDLR]. Il y a eu des efforts de part et d’autre afin que cet accord soit acceptable par tous. S’il est appliqué à la lettre, je suis convaincu que ceux qui y sont opposés aujourd’hui nous rejoindront.
Et si l’accord n’est pas « appliqué à la lettre » ?…
Dans ce cas, les rangs des contestataires vont certainement s’étoffer et cela peut même compromettre l’application de l’accord. Par exemple, il ressort des arrangements sécuritaires que la sécurisation de la ville de Ménaka revient à l’ONU. Mais les Équipes mixtes d’observation et de vérification (Emov) qui étaient censées aller vérifier ce qui se passe là-bas ne sont toujours pas parties. Il faut rapidement trouver une solution.
À Bamako, des rumeurs font état d’un éventuel remaniement ministériel ouvert à la CMA…
C’est prévu par l’accord, notamment dans les arrangements sécuritaires signés à Alger. Nous tenons à ce que les choses soient transparentes, dans le cadre d’un partage réel du pouvoir et cela à tous les niveaux. Nous voulons des portefeuilles-clés comme celui de la Sécurité intérieure, de la Défense, ou encore des Finances et des Affaires étrangères. Nous attendons aussi l’ouverture de postes au sein des services nationaux et régionaux ou encore des représentations diplomatiques à l’étranger.
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