Bamako - L’armée malienne ratissait mercredi les alentours de Fakola, une ville du Sud proche de la Côte d’Ivoire où trois jihadistes ont été tués durant l’opération, selon des sources sécuritaires, tandis que l’armée ivoirienne a renforcé sa présence à la frontière.
"Nous ratissons sur le territoire malien et nos frères (militaires) ivoiriens ainsi que les Casques bleus (de l’ONU en Côte d’Ivoire) sont de l’autre côté, en Côte d’Ivoire", a indiqué un responsable des troupes maliennes, joint par l’AFP à Fakola, précisant la localisation des différentes forces.
"Nos forces ont engagé des opérations de ratissage dans une forêt malienne où se cachent les terroristes, à la frontière avec la Côte d’Ivoire. Trois terroristes ont été tués", a déclaré ce responsable sous le couvert de l’anonymat.
Fakola, à environ 20 km de la frontière ivoirienne, avait été attaquée dimanche par des jihadistes présumés, qui avaient saccagé des bâtiments administratifs et de sécurité. D’après des sources sécuritaires, les assaillants se sont repliés dans la forêt de Sama, près de la frontière ivoirienne.
Le groupe jihadiste Ansar Dine, qui a revendiqué l’attaque de Fakola, ainsi que celle contre un camp militaire la veille à Nara (centre), près de la frontière mauritanienne, a menacé mardi de frapper la Mauritanie et la Côte d’Ivoire, qu’il accuse de coopérer avec "les ennemis de l’islam".
L’opération de ratissage a débuté dans la nuit de mardi à mercredi, et "nous avons reçu aujourd’hui (mercredi) un renfort en troupes venant de l’intérieur du Mali. Les opérations de ratissage se poursuivent et vont durer le temps qu’il faut", a indiqué le responsable militaire malien.
"Des mesures de renforcement ont été prises des deux côtés de la frontière.
Les choses se mettent en place pour éviter que ce qui a commencé n’aille trop loin", a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement ivoirien, Bruno Koné, à l’issue du Conseil des ministres mercredi.
La porte-parole de la Mission de l’Onu en Côte d’Ivoire (Onuci), Kadidia Ledron, a également souligné que le ratissage n’entrait pas dans son mandat, ni sur le territoire ivoirien, ni a fortiori en territoire malien.
"On poursuit notre mission d’accompagnement" de l’armée et de la gendarmerie ivoiriennes et "de protection des populations", a affirmé Mme Ledron, jointe par l’AFP à Abidjan.
"Les récents évènements" dans le sud du Mali "ont conduit à un renforcement temporaire de notre dispositif en mettant l’accent sur une plus grande mobilité tactique et sur des échanges permanents d’information avec les autorités locales", a-t-elle dit.
Le gouvernement ivoirien avait annoncé lundi l’envoi de renforts dans le Nord, frontalier du Mali, après l’attaque de Fakola.
"Des motos, des drapeaux noirs appartenant aux terroristes ainsi que des armes ont été saisis" lors des opérations de ratissage mercredi, a affirmé une source sécuritaire malienne, sans donner plus de détails.
Le drapeau noir est un des symboles d’Ansar Dine, un des groupes jihadistes qui ont contrôlé le nord du Mali de mars-avril 2012 jusqu’au lancement, en janvier 2013, d’une intervention militaire internationale à l’initiative de la France.
Un autre mouvement, dirigé par un ancien altermondialiste malien, a également revendiqué les attaques de Nara et Fakola.
L’extrême sud du Mali, près des frontières ivoiriennes et burkinabè, était épargné par les attaques islamistes jusqu’à un premier assaut de présumés jihadistes le 10 juin à Misséni, dans la région de Sikasso, au cours duquel un militaire malien avait été tué.
sd-jf-mrb/cs/sst/mba