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Accord de paix: Jusqu’où les surenchères ?
Publié le jeudi 2 juillet 2015  |  L’aube
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako




Moins de 10 jours après la signature de l’accord dit de paix, le chantage, sur fonds de surenchères et de menaces voilées, a commencé du côté de la CMA qui veut visiblement acculer les autorités maliennes jusque dans leurs derniers retranchements.

Cette coordination vient en effet de rendre public un communiqué dans lequel elle accuse, d’une part, ouvertement la partie gouvernementale de violer l’accord signé le 20 juin dernier. D’autre part, elle informe qu’elle ne tolère plus être la « victime de respect unilatéral d’engagements qu’elle est la seule à respecter ». Quelle sera l’attitude des autorités maliennes face à cette nouvelle situation ? Bamako cèdera-t-il encore au chantage ?

Les bandits de Kidal, regroupés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma,) continuent de se jouer de la République. Une République qu’ils savent, sans doute, à cause de l’amateurisme de ses dirigeants et des maladresses de son chef de l’Etat, notamment sa malencontreuse décision d’écarter la Cedeao au profit de l’Algérie dans la médiation avec les groupes rebelles. Ainsi, ceux-ci, fort de soutiens occultes, ont renoué avec ce qu’ils savent faire de mieux : les surenchères.

La preuve ? 9 jours seulement après la signature de l’accord, ils viennent de monter une nouvelle stratégie. Laquelle ? Faire croire à la communauté internationale qu’ils sont les seuls à respecter les clauses de l’accord signé le 20 juin dernier à Bamako. Dans un communiqué publié à cet effet le lundi 29 juin dernier, la commission communication de la Cma charge le gouvernement. Celui-ci est accusé de n’avoir honoré aucun de leurs engagements concernant la mise en œuvre du document intitulé ‘’arrangements sécuritaires pour une cessation des hostilités’’.

« …la partie gouvernementale, loin d’honorer ses engagements pris dans le cadre des arrangements sécuritaires les a plutôt flagramment violé en déployant son armée dans la ville de Ménaka où elle patrouille dans la ville et dans ses alentours au moments ou les milices qui lui sont affiliées ont progressé de plus de cent (100) km à l’ouest de Ménaka. Elles ont plutôt intensifié leurs attaques contres les populations qui leur sont hostiles par des actes d’exécution sommaires, vandalisme, braquages et tortures. »

La Cma va plus loin, en incriminant les milices pro-gouvernementales qui d’ailleurs ne pouvaient être épargnées par campagne diffamatoire, quant on sait le Gatia reste l’ennemi juré des bandits de Kidal. Selon le communiqué, la Cma se serait « abstenue, depuis la signature de ces arrangements sécuritaires de répondre à toutes les agressions et provocations des milices contre plusieurs de ses positions et aux attaques et agressions répétées contre les populations civiles ».

Dans cette histoire, le gouvernement et les groupes armés favorables au Mali sont les méchants. La Cma, elle, demeure l’éternelle victime qui, depuis le 20 juin 2015, « continue à remplir ses obligations et respecter toutes les clauses à sa charge dans le seul espoir de voir la sécurité et la paix réalisées dans l’Azawad, au Mali et dans la sous-région ». Ridicule !

Bamako cèdera-t-il au chantage ?
L’objectif affiché par la Cma à travers ce communiqué est clair. Il s’agit de maintenir la pression sur le gouvernement afin d’obtenir plus, d’une part. Et d’autre part, gaver la communauté internationale d’alibis pouvant servir de justificatif à d’éventuels agissements de leur part. D’où cette précision : « la Cma tout en déplorant ces agissements…, informe qu’elle ne tolère plus être la victime de respect unilatéral d’engagements qu’elle est la seule respecter…la Cma exige du gouvernement malien qu’il concrétise par les actes sa volonté d’aller à la paix en dépassant les déclarations d’intention et les paroles jamais respectées.»

La chanson est connue!
Pour en revenir à la pression sur les autorités maliennes, les leaders rebelles l’exerceront, comme toujours, à travers la communauté internationale. Celle-ci est exhortée à imposer ses règles (si ce n’est les vœux de la Cma) au gouvernement, en ces termes : « les Nations-Unies, la médiation internationale, et l’ensemble des pays de la communauté internationale, garants de la signature de l’accord du 20 juin 2015 et de l’accord sur les ‘’arrangements sécuritaires’’ du 05 juin 2015 d’Alger, sont interpellés afin d’imposer aux forces armées maliennes et aux milices qui lui sont affiliées le retour à leur positions initiales telles que stipulé dans les engagements pris, en attendant le démarrage de la mise en œuvre de l’accord ». Les dessous de ce communiqué étant connus, reste à savoir si le gouvernement, qui a déjà montré sa faiblesse en acceptant un accord au forceps, va céder?

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Sidi Ibrahim Ould Sidatti, signataire de l’accord au nom de la Cma et non moins secrétaire général du Maa, lève le voile sur les nouvelles ambitions des rebelles: « nous tenons à ce que les choses soient transparentes, dans le cadre d’un partage réel du pouvoir et cela à tous les niveaux. Nous voulons des portefeuilles-clés au sein du gouvernement, comme celui de la Sécurité intérieure, de la Défense, ou encore des Finances et des Affaires étrangères.

Nous attendons aussi l’ouverture de postes au sein des services nationaux et régionaux ou encore des représentations diplomatiques à l’étranger ».
Les autorités maliennes, précisément le président de la République, se laissera-t-il encore trimbalé par les rebelles de Kidal ? A quand la fin de cette prise en otage de la République ? Autant de questions qui sont posées.

IB Dembélé
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