Champion des beaux discours et des belles promesses, le président Ibrahim Boubacar Keïta, l’est assurément. Les Maliens gardent encore en mémoire ce passage de son adresse à la nation, à l’occasion du nouvel an 2014 : «…au risque d’en faire une rengaine, j’insiste sur la gestion rigoureuse de nos deniers, ceux que l’Etat génère auprès du contribuable malien, bien sûr, mais aussi l’aide que la communauté internationale met à notre disposition, grâce aux sacrifices de ses propres contribuables. La gestion rigoureuse de nos ressources passe par le contrôle de la corruption par deux fronts : la lutte contre l’impunité et les réformes systémiques… Oui, je dis et redis que l’argent des Maliens est sacré et qu’il faut désormais l’utiliser à bon escient… ».
Ce beau discours n’a de sens que s’il est suivi d’actes concrets. Malheureusement, c’est loin d’être le cas, sous le régime d’IBK. Un régime abonné désormais aux scandales, les uns plus retentissants que les autres.
Les sulfureuses affaires de l’achat de l’avion présidentiel, du contrat d’armement et d’équipements militaires, continuent encore d’alimenter la chronique à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Récemment, deux proches de Michel Tomi, le parrain Corse, ont été auditionnés à Paris. Aussi, une ONG de droit français dénommée « Les Générations libres », basée à Paris et à Bamako, a décidé de porter plainte contre X dans le cadre des deux affaires. Mais le pire est à venir. Les Maliens ne sont pas encore au bout de leur peine.
Un autre scandale vient d’éclabousser la République. Il s’agit du scandale des engrais frelatés. Tout comme les deux précédentes affaires (achat de l’avion et contrat d’équipements militaires) la présente est une atteinte grave aux deniers publics. Au-delà, l’affaire des engrais peut conduire à un drame humanitaire dans les zones où ces engrais toxiques sont utilisés.
Des sanctions contre les auteurs? Il n’y aura guère. Car derrière les beaux discours, la gouvernance actuelle se caractérise par l’impunité à la fois pour le clan, les sous clans et les affidés du régime.
Les beaux discours ne peuvent nullement maquiller cette triste réalité d’une mauvaise gouvernance.
C.H. Sylla