Lyon - Bien souvent, elles ne profitent pas d'un contexte politique national favorable. Et pourtant, du Canada au Mali, des collectivités font avancer la cause du climat. Elles ont présenté leurs initiatives lors du sommet climat et territoires qui s'achève ce jeudi à Lyon (sud-est de la France).
- En Australie, éolien contre charbon -
En Australie, grande productrice de charbon, le gouvernement conservateur ne veut pas entendre parler de mesures en faveur du climat.
Dans ce pays, l'action pour le climat est toujours venue des régions, explique à l'AFP le Premier ministre travailliste d'Australie méridionale, Jay Weatherill.
L'élu énumère les leviers dont les collectivités disposent là-bas: services publics de l'énergie, transports, urbanisme...
Depuis 2002, son Etat régional développe le solaire et l'éolien, aujourd'hui sources de 40% de son électricité (50% visé en 2025).
Parfois des réticences s'expriment dans l'opinion, comme lors d'une récente fermeture de centrale à charbon, avec 440 emplois à la clé.
Nous sentons chez nos concitoyens une angoisse croissante à l'égard du changement climatique. Mais il reste à la transformer en volonté d'agir, dit M. Weatherill. C'est le rôle du politique, qui comprend qu'il faut se saisir (de la question) du climat car plus vous le faites tôt, plus le coût sera limité et les opportunités économiques significatives.
- Moins de voitures en Californie? -
Sacramento, capitale de la Californie, et Lyon auront connu cette semaine la même température caniculaire, constate Matthew Rodriquez, secrétaire à l'Environnement d'une Californie frappée par une sécheresse historique.
Nous faisons tout pour lutter contre le dérèglement climatique, dit-il à l'AFP.
L'Etat prévoit de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40% d'ici 2030 (par rapport à 1990) et de 80% d'ici 2050. La 7e économie mondiale veut d'ici 2030 arriver à 50% d'électricité renouvelable, doubler l'efficacité énergétique des bâtiments et réduire l'usage du pétrole de 50%.
Nous voulons montrer au monde que nous pouvons réduire notre usage de la voiture, dit M. Rodriquez. Nous investissons dans des communes +durables+ qui encouragent le trafic piéton, les transports en commun et nous favorisons les véhicules propres.
En 2012, Sacramento a imposé un marché de quotas carbone aux industries, qui paient un droit d'émettre. Il rapportera plus de 2 milliards de dollars l'an prochain.
Le climat c'est ce qui fait en partie la Californie: son agriculture, son tourisme..., reprend le responsable. Ici les programmes environnementaux sont très bien reçus, y compris des deux camps politiques.
Ce qui n'est pas le cas à Washington. Ce serait bien d'avoir plus de soutien au niveau fédéral. Le président Obama fait ce qu'il peut, vu le Congrès (républicain, ndlr) qu'il a. Mais nous ne pouvons attendre, alors on prend l'initiative.
- Au Mali, le climat pour la paix -
Chaque année la sécheresse semble gagner du terrain, raconte le président de la Région de Tombouctou, qui a dû multiplier les mesures d'adaptation.
Comme changer de semences, reboiser avec des eucalyptus, dont la croissance permet une exploitation régulière et limite la pression sur la brousse, passer d'un élevage extensif à intensif.
C'est bien pour l'environnement, c'est bien pour la sécurité: les hommes perdent moins leurs animaux, ils ne sont plus des proies faciles pour les djihadistes, explique à l'AFP Mohamed Ibrahim Cissé.
Aujourd'hui, une centrale solaire est à l'étude.
Mais si nous nous adaptons et que rien ne change (pour le climat), nous devrons éternellement nous adapter!, relève-t-il. Bientôt nous n'aurons plus de territoires (cultivables), c'est d'ailleurs ce qui augmente la pression à émigrer. Au-delà des financements, les pays du Nord doivent stabiliser le climat!
- Québec: les provinces devant Ottawa -
Le Québec ne veut pas qu'on réduise la politique climat du Canada à son gouvernement central, qui a décidé en 2011 de ne plus appliquer le protocole de Kyoto.
Malgré l'inaction ou la lenteur des actions fédérales, il y a un mouvement concret des provinces, explique à l'AFP David Heurtel, ministre de l'Environnement, pour qui celles-ci doivent être reconnues égales des Etats dans l'action climatique mondiale.
Au Québec, la pierre angulaire, c'est le marché du carbone, imposé en 2013 aux industries, et lié au californien en 2014, explique-t-il. Le but: réduire les GES de 20% d'ici 2020. Sept ventes aux enchères de crédits carbone ont aussi rapporté 550 millions de dollars canadiens, à réinvestir dans des programmes verts.
(©AFP / 02 juillet 2015 13h25)