Les ministres du Développement rural (MDR), Bocary Tréta, et celui de la Sécurité et de la Protection civile (MSPC), Sada Samaké, interpellés hier à l’Assemblée, respectivement sur l’affaire d’engrais frelaté, l’accaparement de terres des paysans, etc. et l’insécurité, la pénurie de passeports et de cartes d’identité, l’affaire des élèves commissaires etc., n’ont pas pu convaincre leur interpellateur Oumar Mariko.
Dans son rôle de contrôle de l’action gouvernementale, le député Sadi élu à Kolondiéba, Dr. Oumar Mariko, a interpellé hier les ministres Bocary Tréta du Développement rural et Sada Samaké en charge de la Sécurité, qui sont sans doute les plus « critiqués » du gouvernement Kéita ces derniers temps.
Ces ministres n’étaient pas à leur première interpellation par le député sur les mêmes sujets. Encore une fois, aucun d’eux n’a développé des arguments convaincants ni proposé des solutions correctives aux scandales qui relèvent de leurs responsabilités.
Le ministre du Développement rural fut le premier ce jeudi à comparaître devant la représentation nationale. L’interpellateur Oumar Mariko voulait des précisions sur la problématique de l’accaparement des terres agricoles des populations de Sanamandougou, Saou, Zemesso et de Niono, sur la mise en place des structures de l’UN-SCPC et sur la mise en place de GIE-UN-SCPC/CMDT/OHVN, sur l’affaire de l’engrais frelaté et le marché gré à gré de plus 4,2 milliards de F CFA attribué à la société Stone pour 17 000 tonnes de chaux agricole.
En réponse, le ministre Tréta a reconnu que des paysans des zones indiquées ont été spoliés de leurs terres. Selon lui, il y a un conflit d’intérêt entre le choix de l’agro bisness et les petits exploitants qui se pose à Saou et à Sanamandougou à la suite de la mise en œuvre des instruments juridiques de la gestion des terres agricoles, ce qui explique la dépossession de ces populations de leurs terres cultivables. Il a affirmé que le dossier est instruit à la justice afin de trancher entre les protagonistes.
Le ministre du Développement rural a poursuivi « qu’on a diminué les petit exploitants au profit d’un industriel », le PDG du Grand distributeur céréalier du Mali (GDCM), Modibo Kéita. Le ministre a reconnu que 20 000 hectares ont été octroyés à ce denier à la suite d’une convention avec des autorités. L’industriel a déjà aménagé 7400 ha.
Il s’est engagé à aménager 1000 ha pour ses victimes selon Tréta et affirmé qu’il a déjà aménagé 100 ha pour eux, une information qu’Oumar Mariko a démentie en signalant comme preuve le rapport d’une mission de la Primature sur le terrain. Le député a déploré que 34 villages dans ces zones de l’Office du Niger soient dépossédés de leurs superficies agricoles sans leur montrer où ils vont pratiquer leurs activités de survie. Aucune solution n’a été proposée par le ministre pour soulager les sinistrés.
La réponse du berger à la bergère
Se prononçant sur l’affaire dite engrais frelaté, le ministre du Développement rural a affirmé qu’une quantité importante d’intrants est hors normes. Il a précisé que sur la totalité des engrais (209 000 tonnes) seulement 10 000 tonnes ont été analysés et qu’il est avéré que 4200 tonnes, soit 37 %, sont hors normes.
L’honorable Mariko, voulant en savoir sur les effets des engrais sur la production agricole et sur la vie humaine n’a pas satisfaction. Tréta l’a affirmé que les analyses consistaient seulement à vérifier les normes des engrais alors que le député parlait des métaux lourds dans les engrais qui pourront affecter la santé humaine.
Après une heure de discussions, l’honorable Mariko s’est dit insatisfait des réponses du ministre qui, selon lui, n’a proposé aucune solution pour éradiquer les problèmes qui l’incriminent personnellement.
Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile est comparu pour la troisième fois ce jeudi devant l’Assemblée nationale à l’invitation d’Oumar Mariko. Il l’interpellait sur l’éventuelle pénurie de passeports et cartes d’identité, l’insécurité grandissante dans le pays, le refus d’exécution d’une décision de justice relative au maintien des élèves commissaires dans les rangs des forces de l’ordre et surtout l’exclusion abusive des certains syndicalistes de la police nationale.
Encore une fois, le ministre du Sada Samaké a affirmé qu’il n’y a pas de pénurie de passeports et de cartes d’identité au Mali. Selon lui, il y a suffisamment de cartes d’identité et passeports disponibles et que la distribution se passe bien. Il a qualifié l’élu national « d’agitateur ».
Mariko a encore une démenti les allégations du MSPC en soutenant que les Maliens dorment toutes les nuit devant les commissariats, à la police des frontières et aux ambassades pour se procurer de ces pièces sans succès. Il a ajouté que s’il n’y a vraiment pas de pénurie à ces niveaux, que le ministre lui-même entretient un réseau mafieux autour de l’attribution desdites pièces pour s’enrichir. Comme une réponse du berger à la bergère, il a traité le ministre ne lui « d’agitateur professionnel ». Cette réponse d’Oumar Mariko n’a pas plu au président de l’institution qui a suspendu les débats avant la fin de l’heure.
Mariko a promis au ministre que la commission parlementaire sera mise en place ce jeudi pour démanteler son réseau mafieux.
Sur les autres points, les deux hommes ne sont pas entendus. Le général Sada Samaké au lieu de répondre aux questions s’est permis de dire que sa « présence au gouvernement dérange l’honorable Oumar Mariko ». Comme pour dire que les débats ont par moments frôlé les pâquerettes naines.
Maliki Diallo