Jeudi 2 juillet, six Casques bleus ont été tués dans une embuscade au nord du Mali. Mal préparés et peu motivés, les soldats de l’ONU sont dans une situation fragile
C’est l’attaque la plus meurtrière subie par les soldats des Nations unis (Minusma) depuis neuf mois, au Mali. Jeudi 2 juillet, six Casques bleus ont été tués dans une embuscade tendue par le groupe Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Cinq autres, blessés.
SUR LA ROUTE DE TOMBOUCTOU
L’attaque a eu lieu à 9 heures, entre Goundam et Tombouctou, à 45 kilomètres au sud-ouest de Tombouctou, dans le nord du Mali. Les soldats du bataillon burkinabé Badenya « rentraient à la base lorsqu’ils sont tombés dans l’embuscade », a expliqué une source au sein du contingent burkinabé jointe par l’AFP.
Le contingent Burkinabé a pris le relais des Français à Tombouctou en mai 2013. Malgré sa présence, Aqmi a repris position dans cette région, multipliant les attaques contre la force internationale et les Maliens soupçonnés de collaborer avec elle.
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FAIBLESSE DES CASQUES BLEUS
« Les Casques bleus sont une proie facile pour les djihadistes », confiait à La Croix, un soldat de haut rang de la force Barkhane, il y a quelques semaines. « Ils commettent de nombreuses imprudences, ils sont mal préparés, mal équipés et peu motivés », regrettait-il.
Depuis son déploiement au Mali en juillet 2013, l’ONU a perdu 35 militaires dans des attaques (attentats-suicides, mines, embuscades, tirs de mortier et roquettes). Même le général danois Michael Lollesgaard, commandant de la force militaire de la Minusma, a réchappé à une récente attaque revendiquée par Aqmi. Le 17 juin, il a déploré devant le Conseil de sécurité, les graves lacunes de ses troupes en termes d’entraînement, de logistique et de capacité de renseignement, qui les rendent « extrêmement vulnérables ». Depuis la Somalie dans les années 1990, le Mali est l’opération de maintien de la paix la plus coûteuse en vies humaines pour l’ONU.
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LA GROGNE MONTE CONTRE LES CASQUES BLEUS
Si la Minusma peine à démontrer son efficacité pour restaurer la sécurité au Mali, elle a aussi commis des fautes graves contre les populations. En premier lieu à Gao où elle a tiré à balles réelles, le 27 janvier 2015, sur des manifestants, tuant plusieurs personnes.
Par ailleurs, la présence des 12 500 personnels de la Minusma n’est pas sans conséquence sur la vie quotidienne des Maliens. Là où les Casques bleus sont déployés, la prostitution et le coût de la vie augmentent significativement.
Enfin, la Minusma est soupçonnée de protéger les Touaregs du MNLA, le mouvement indépendantiste à l’origine de la guerre civile au Mali en janvier 2012. Plus le temps passe, plus la Minusma est accusée de mille maux, à tort ou à raison, par la rumeur populaire.
LAURENT LARCHER